ENFANTS DU RIEN
Vous peuplez vos chimères
des rêves les plus fous.
Vous poussez des barrières.
Ne plus vivre à genoux.
Et le désir qui tremble,
à chaque coin de vous,
vous arrache des cris
qui s'arrachent à la boue
Partout les hommes flambent sous les oripeaux,
de cette hargne tendre qui me les rend si beaux.
Rugir pour travestir sa course de lambeaux.
Enfants de rien, vous êtes héritiers du
tombeau...
Vous cherchez le pouvoir
très loin des caniveaux,
un trône pour mieux asseoir
vos fesses sur vos rivaux.
Le doute qui vous assaille,
à chaque pas de trop,
affermit votre bataille
vers un peu plus d'ego.
Partout les hommes flambent sous les oripeaux,
de cette hargne tendre qui me les rend si beaux.
Rugir pour conjurer une vie de lambeaux.
Enfants de rien, vous êtes héritiers du
tombeau...
Vous partez en conquête,
quitte à froisser l'amour.
Et de fêtes en défaites
"parjurez" les toujours.
Les braises que l'on attise,
à son corps défendant,
réchauffent cette hantise
de n'être que du vent.
Partout les hommes flambent sous les oripeaux,
de cette hargne tendre qui me les rend si beaux.
Rugir pour divertir une vie de lambeaux.
Enfants de rien, vous êtes héritiers du
tombeau...
Vous suppliez la gloire
de sortir avec vous.
Et que chaque trottoir
ne parle que de vous.
Les traces que l'on laisse,
alentour, allant vers
un peu plus de noblesse
ne blessent que le parterre.
Partout les hommes flambent sous les oripeaux,
de cette hargne tendre qui me les rend si beaux.
Rugir pour éblouir tant de vies en lambeaux.
Enfants de rien, vous êtes héritiers du tombeau.
Partout les hommes redoutent que, sous les
oripeaux,
cet élan vers le beau en lambeaux ne se brise,
que le tombeau ne scelle à jamais le destin
de ces enfants du Tout, de ces enfants du Rien.
©
Marianne Claret Rausis