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Petites chroniques d'été

 

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Chronique des géraniums en fleurs (1)
Chronique des géraniums en fleurs (2)
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Petite chronique d'un soir d'été sur un balcon au printemps
Petite chronique d'avant l'été
Petite chronique d'été (1)
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Petite chronique de l'été 2000
Petite chronique de l'été qui revient, de l'écriture, des montagnes et des anges
Dissolution


Petite chronique d’un soir d'été sur un balcon au printemps

C’étaient des jours d’extrêmes chaleurs que l’on vivait ce printemps-là. Un mois de mai torride. L’été déjà.

Vous étiez sur un balcon ce soir-là. Il était dix heures et demie du soir. Au printemps.

Vous étiez avec une femme. Vous étiez amoureux d’elle. Elle venait de se marier. Pas avec vous. Elle aussi vous aimait.

Le soir de son mariage — c’était il y a peu de semaines — quand tout le monde dansait, elle était arrivée vers vous, vous avait dit : " J’ai chaud, sortons. Les jardins ne sont que fraîcheur et la lune dans le ciel sourit. Souris-moi… ne sois pas si triste… "

Elle venait d’épouser l’autre, mais c’était vous qu’elle aimait.

Vous aussi vous l’aimiez. Vous la connaissiez de longtemps, l’aimiez depuis très peu de temps, mais elle avait épousé l’autre. Et maintenant elle revenait, elle venait encore une fois jusqu’à vous.

Que faire… Que dire…

Vous tentiez de la raisonner, vous tentiez de vous raisonner, mais c’étaient peine et combat perdus, elle vous donnait sa main, vous la preniez, vous l’enlaciez, l’embrassiez, hier soir déjà, et puis ce soir sur ce balcon à dix heures et demie dans la nuit.

Pourquoi a-t-elle épousé l’autre ? Puisqu’elle vous aime vous, qu’elle dit, puisqu’elle ne l’aime pas. Elle l’aime aussi, vous pensez, elle a pour lui aussi des sentiments qui ne se raisonnent pas. Les sentiments ne se raisonnent pas. Ils créent parfois des pièges. On ne peut s’empêcher d’aimer. On peut fuir. Quoiqu’on fasse, on détruira quelque chose et on fera souffrir, on souffrira.

Vous vivez tous les deux une drôle de double vie. Vous vous envoyez des messages, des mails sur vos ordinateurs, et sur vos téléphones portables. Vous échangez des mots, des phrases pleines de tendresse, vous convenez de rendez-vous. Une double vie n’est pas une vie, quelqu’un vous dit. De vie, vous n’en avez qu’une et vous devez la vivre, quelqu’un d’autre vous dit. Avec elle. Maintenant. Pas sans elle.

Enfin, ce soir, sur ce balcon : douceur, le soir. C’est un beau soir de juillet. En mai, déjà juillet, l’été. Les plus beaux soirs d’été sont toujours en juillet. Sauf s’ils ont lieu en mai, c’est en mai la saison des amours. On entend bien gronder l’orage. Au loin. Mais il n’arrive pas jusqu’ici, il ne viendra pas jusqu’ici.

Dans ses bras vous vous dites peut-être que vous étreignez là une belle histoire d’amour et le roman que vous rêvez d’écrire. Si vous rêvez d’écrire un roman.

Il vous faudra croire aux miracles. Un jour, vous partirez seuls les deux en voyage dans un cabriolet bleu. Vous roulerez tout un jour, toute une nuit. Pour nulle part. Ou partout. A l’amour, vous n’échappez pas. Quoi qu’on vous dise.

© jean-pierre.cousin@bluewin.ch
me 10/05 – sa 29/07/2000

 

Page créée le 01.08.01
Dernière mise à jour le 01.08.01

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