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Petites chroniques d'arrière-printemps en Méditerranée

 

Présentation de l'auteur
Petite chronique d'arrière-printemps en Méditerranée (1)
Petite chronique d'arrière-printemps en Méditerranée (2)
Petite chronique d'arrière-printemps en Méditerranée (3)
Petite chronique d'arrière-printemps en Méditerranée (4)
Petite chronique d'arrière-printemps en Méditerranée (5)
Petite chronique d'arrière-printemps en Méditerranée (6)
Chronique de février en Méditerranée
Chronique de février en Méditerranée (2)
Chronique de février en Méditerranée (3)

Petite chronique d’arrière-printemps en Méditerranée (3)

C’est le soir. Quelqu’un dit : " Ce sont de drôles de vacances, on mange et on boit tout le temps. " C’est vraiment quelque chose d’amusant.

C’était encore une fois l’heure de l’apéritif. Puis l’on mangeait sur le balcon. On buvait du vin rosé clair.

Et la nuit est venue.

Onze heures et demie du soir au printemps. Le 2 juin. Sur le balcon. Toujours. C’est une nuit d’été. C’est normal, là si près de la mer. On ne voit pas la mer, d’ici, mais on sait qu’elle est là, juste derrière les collines et les pins, tout près. Et l’on se tient sur le balcon. Seul. On écrit. L’écriture est souvent une activité solitaire et nocturne. On entend un train qui passe, qui roule et s’enfonce dans la nuit, un train très long qui glisse très longtemps dans la nuit, un train pour Nice. Il vient de traverser Saint-Jean-du-Var. Ce n’est pas, ce n’est plus maintenant, un train qui s’en va vers un rêve, la mer, les palmiers, puisque ici même on se trouve déjà dans ce rêve de la mer, des palmiers, et des chaleurs douceurs jusque tard dans la nuit.

Ainsi l’on reste, sur le balcon. On écrit à la lumière vive d’une lampe que l’on a apportée. C’est une lumière très forte comme il en faut pour voir clairement ce que l’on tente d’écrire, illuminer l’obscur des mots.

Tout le monde dort dans l’appartement. Certains ont peur de la lumière la nuit et, surtout, des moustiques qu’attire, la nuit, la lumière. Mais on n’aura pas peur des moustiques, on y sera indifférent, on fera comme s’ils n’existaient pas. Il conviendra simplement de regarder, avant de boire, dans le verre d’eau gazeuse ou dans la tasse de thé si certains ne s’y sont pas noyés. Si l’on en trouve, on les sauvera. Peut-être.

On boit du thé. On aime boire le thé, le soir, juste avant de dormir, du thé très fort, une théière entière. Si fort et si riche en tanins, le thé devient un calmant euphorique.

On lit. On lit encore un texte de Marguerite Duras. Un texte que l’on découvre, que l’on n’a pas encore lu, un texte que l’on a déjà lu. On relit " Le Navire Night ". On relit " Césarée ", l’histoire de Bérénice. On relit " Les mains négatives ", les mains qui hurlent des cris d’amour. C’est d’une beauté jusqu’au ravissement. On tombe amoureux d’une écriture.

On en fera sourire certains avec ces propos-là. Et l’on se réjouit de les voir sourire. Il faut oser dire haut, très haut, très fort, même jusqu'à provoquer, que l’on aime et ce que l’on aime. Comme le thé, les nuits sur le balcon à onze heures et demie du soir en été, et certaines suites de mots, merveilleuses suites de mots.

© jean-pierre.cousin@bluewin.ch
ve 02/06/2000

 

Page créée le 01.08.01
Dernière mise à jour le 01.08.01

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