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Pierre Lepori

  poèmes traduits par Pierre Lepori

 

Gustave Roud - Anne Perrier - Pierre-Louis Matthey - Monique Laederach
Jean-Pierre Schlunegger - José-Flore Tappy - Edmond-Henri Crisinel
Françoise Matthey - Corinna Bille - Claire Genoux

 

  Claire Genoux

 

Come sarebbe dolce d’abitare questa terra
e sentire il pulsare delle stagioni battere alle mie tempie
e possedere un petto ansante di vigne
che s’inarca al passaggio guantato del vento

ma questo corpo imperfetto posato sull’erba davanti al lago
non si mescola a nulla
insensibile al volto del cielo chinato sulla china
alle pur minime esitazioni del suolo

e pure un giorno tornerà a vivere in questo paese
la sua veste con maniche di sabbia
si gonfierà in pieghe ripide
sarà libero
della tremenda libertà della foglia morta

 

Qu'il serait doux d'habiter cette terre
de sentir le pouls des saisons battre à mes tempes
et posséder une poitrine haletante de vignes
qui se cambre sous le passage ganté du vent

mais ce corps imparfait posé sur l'herbe devant le lac
ne se mêle à rien
insensible au visage du ciel penché sur la pente
aux plus petites hésitations du sol

un jour pourtant, il reviendra vivre dans ce pays
sa robe aux manches de sable
se gonflera de plis raides
il sera libre
de cette liberté terrible de feuille morte

 

Chi respira tra cielo e lago
con questo fiato di cristallo?
Che dicono gli alberi agli alberi
che confessa la merla alla Selvastrella
che noi non comprendiamo?

Quanti segreti d’amore cuciti alle foglie basse
quante collane di sospiri tutt’intorno ai gambi
quante parole d’ordine
e risa soffocate dentro l’alcova del bosco ceduo?

Quanti scoppi di voce
e fragili messaggi di semi
che il vendo riprende e sussurra
sui vasti prati inclinati della sera?

Che mai potremo rispondere
con le nostre bocche balbuzienti?

Qui respire entre ciel et lac
avec cette haleine de cristal ?
que disent les arbres aux arbres
que confesse le merle à la pimprenelle
que nous ne comprenons pas ?

combien de secrets d'amour agrafés aux feuilles basses
de colliers de soupirs autour des tiges
combien de mots d'ordre
de rires étouffés dans l'alcôve des taillis ?

combien d'éclats de voix
de fragiles messages de graines
que le vent reprend en fredonnant
sur les prairies inclinées du soir ?

que pourrions-nous bien répondre
de nos bouches de bègues ?

 

Ho due piedi uniti
due occhi colmi di vertigine
un viso che il sole intaglia con la sua matita
due mani graffiate dalle preghiere
una mantellina di carta per traversare le tempeste
una cintura di carezze alla vita
due scarpe senza suola
e lo scialle grigio della morte attorno al collo

J'ai deux pieds joints
deux yeux remplis de vertige
un visage que le soleil entaille avec sa plume
deux mains égratignées de prières
une pèlerine de papier pour traverser les tempêtes
une ceintures de caresses à la taille
deux souliers sans semelle
et le foulard gris de la mort autour du cou

© Claire Genoux, Saisons du corps, Empreintes, 1999.

 

Page créée le 09.10.01
Dernière mise à jour le 09.10.01

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