retour à la rubrique
retour page d'accueil


Petites chroniques des chevaux

 

Présentation de l'auteur
Raconte les chevaux
Raconte les chevaux (2)
Petite chronique des chevaux au printemps (1)
Petite chronique des chevaux au printemps (2)
Petite chronique des chevaux au printemps (3)

Raconte les chevaux

Elle a dit :

— Les chevaux. Oui, comme ils sont beaux, les chevaux. Sens leur peau douce. Caresse…

Et lui :

— Crois-tu qu’ils nous aiment ?

— Oui, elle a répondu. Plus que nous les aimons, plus que nous savons. Ils savent.

— Ils savent aimer. Ils sont…

— Ils sont. Oui.

Puis il a demandé :

— Parle-moi des chevaux.

— Pour te dire quoi ? que tu voudrais savoir…

— Raconte-moi les chevaux. Dis-moi leurs noms.

— Il y a Faraona. Guapa. Et Vendaval.

— ça veut dire quoi, Vendaval ?

— Tempête de vent.

— C’est ton préféré, Vendaval.

— Oui. Ta préférée, c’est Faraona.

— Oui. Tu aimes le vent. Le vent fou dans tes cheveux fous.

— Qui soulève la crinière de Faraona.

— Oui. Elle est belle, sa crinière dans le vent, le vent de la tempête de vent.

— Sa tempête. Oui. Celle de Vendaval.

— Nous disons des bêtises, tu crois ?

— Oui.

— C’est important de se dire des bêtises ? Les chevaux s’en racontent le soir à l’écurie parfois.

— C’est une façon de rêver.

— C’est important, rêver.

— Rêver. Oui.

— Rêver l’impossible surtout.

— Comme les chevaux qui parlent.

— Ou comme Faraona et Vendaval tout près ensemble tout près de l’autre et qui se racontent des histoires avant de s’endormir.

— Et puis Guapa qui est jalouse. Guapa, c’est une autre jument. Guapa, ça veut dire " Belle ". " Jolie ". " Charmante ". Elle est jalouse de Faraona.

— Elle aimerait aussi des caresses ?

— Elle veut des caresses. Oui.

— Faraona est jalouse aussi ?

— Faraona est très jalouse. Elle veut qu’on la caresse elle seulement.

— A Vendaval, quand il regarde Guapa, elle lui dit quoi Faraona ?

— Qu’il ne doit pas regarder Guapa. Qu’il doit la regarder elle seulement.

— Il accepte ?

— Elle l’oblige. Il vient vers elle, il revient se blottir contre elle. C’est elle qu’il aime.

— Ils se disent quoi, avant de s’endormir, le soir ?

— Caresse, bisou, c’est ça qu’ils disent. On ne sait pas, on ne comprend pas toujours. Nous aussi, quand nous nous parlons, nous ne nous comprenons pas toujours.

— Mais ce que nous disons, ils comprennent.

— Ils comprennent. Oui.

— Ils comprennent parce qu’ils s’aiment.

— Ils s’aiment, oui.

— C’est impossible qu’ils s’aiment ?

— C’est impossible, oui.

— Et c’est possible aussi.

— C’est possible. Oui. Sans espoir. Ils rêvent. Rêvent de s’aimer. Rêvent qu’ils s’aiment. S’aiment. C’est beau.

— Mais on les en empêche.

— C’est interdit. C’est interdit, pour eux, s’aimer.

— Un jour, ils se révoltent. S’enfuient jusqu’à l’horizon loin où vivent les chevaux libres.

— Il faut les rattraper.

— Les suivre. Partir vers eux là-bas. C’est là-bas un très beau pays, tu sais, l’herbe y est verte, l’eau claire, c’est un très doux pays tout de tendresse immense.

— De tendresse. Oui.

— Un rêve.

© jean-pierre.cousin@bluewin.ch
lu 26/03/2001

 

Page créée le 01.08.01
Dernière mise à jour le 01.08.01

© "Le Culturactif Suisse" - "Le Service de Presse Suisse"