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  AEditions l'amble
 

AEditions l'amble
Invité du mois du Culturactif, présentent ici un livre en cours d'élaboration, explorant le dialogue entre texte et image, selon une des lignes directrices du travail de cette petite maison d'édition.

 

  Inédit
 

Les origines du monde
A travers la répétition d'un geste toujours différent

De petits textes ramassés accompagnent aussi les lavis tout au long de leur déroulement. Voici quelques-unes des images, quelques-uns des poèmes…

Descendre plus avant
fermerait l'œil
du silence

Respire depuis toujours
resserre dans du noir
ce qui divise


Une ligne laisse voir
ce qui retient
ce n'est pas elle
 

Que l'indécidable
soit vraiment troué
surprend

 

Jusqu'à l'épaisseur s'ouvre
jusqu'à quelque chose
qui n'est pas noir



La vie se dépose
dans une image
elles bougent



Entre la parole
et le geste du temps
blanchit



Tenir écartée la paroi
voir la falaise
ouvrir les yeux


 

Elles écartèlent
lignes de lumière
elles incarnent

***

Cent lavis d'Alain Bouvier accompagnés de textes de Françoise Delorme

La césure originelle, ou considérée comme telle dans ce travail chronologique constitué de cent lavis noir et blanc, se scinde encore à l'intérieur d'elle-même, car elle bouge. Elle s'altère d'un lavis à l'autre. Elle devient quelque chose d'autre et dénie toute possibilité d'immobilité, d'unité même. ce qui en elle perdure, c'est cependant sa nature de faille. Contrairement à la dure matière - rochers, falaises - qui lui fait face et s'oppose à elle, lui donne forme peut-être, elle ne s'érode pas, elle ne disparaît pas, ne peut pas disparaître. Elle est la " permanence du changement " mise en œuvre. Le mot " œuvre " d'ailleurs renvoie aussi bien à l'acte d'ouvrir qu'à l'effet de cet acte, au mouvement et à la fixité contradictoires peut-être constitutifs l'un de l'autre…

Le motif de la faille multiplié par cent esquisse le début d'une infinité temporelle. En devenant plusieurs, le singulier devient pluriel. Les cent failles diffèrent radicalement, séparées les unes des autres : il y a aussi une faille entre chaque tableau.
Le premier vide dans lequel se détachent un ou cent lavis se retrouve en écho ou en source à l'intérieur de chaque lavis. Cet écho résonne longtemps. Mais c'est une faille, une division qui se dédouble à l'infini. Passage autant que rupture, ce qui rompt relie.

Je pense sans cesse " Tour de vent construite en rareté ". Ce vers obsédant vient, revient. Gongora l'écrivit en un siècle dans lequel les représentations et le monde étaient aussi fort perturbés, dans lequel le chaos du monde laissait chacun si perplexe. Vide et plein très déstabilisés, presque interchangeables, continuité et discontinuité… Tour de vent construite en rareté. Comment décider où souffle l'air, où pèse la pierre ? Où est le refuge ? Où est le danger ? Comment Savoir ?…

Et aussi, tenace comme un motif, deux vers de Liliane Giraudon :" Et par répétition/ je ne vois que la lumière ". Ils trouent l'obscurité, font éclater la pierre. Ils nomment cette flamme fragile qui tient bon dans la mémoire, évidemment mobile, source qu'il faut savoir contenir, dont il faut accepter le tarissement pour soi. la mort. l'éblouissement. Tâche bien difficile que celle de brûler.

Françoise Delorme

 

 

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Page créée le 28.02.03
Dernière mise à jour le 03.03.03

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