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          | José-Flore 
            Tappy / Lunaires |   
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                      | Fidèle à la voie 
                          tracée dans ses précédents recueils, 
                          José-Flore Tappy avance, désolée, 
                          sur le sol précaire de la planète terre, 
                          répétant ses questions précises 
                          et dardant sur les êtres, les choses, un regard 
                          stupéfait. Faim, froid, pauvreté : pas 
                          moyen de s'extraire de cette étroitesse, sinon 
                          par l'exécution de quelques gestes quotidiens, 
                          solidaires, par d'humbles besognes et une opiniâtre 
                          patience. Les poèmes apparaissent dès 
                          lors, dans cette errance nocturne, comme autant de haltes 
                          haletantes face au vertige de l'immensité, courts 
                          et musicaux suspens de la conscience hallucinée, 
                          placés sous la clarté cosmique, interrogative 
                          et depuis toujours ambivalente de la lune. 
                         José-Flore Tappy, Lunaires, 
                          La Dogana, 2001. 66 p. |  |  |   
          | Giovanni 
            Raboni / Au livre de l'esprit |   
          | 
 
               
                |  | 
                     
                      | Il est temps de lire dans notre 
                          langue Giovanni Raboni, dont l'intense activité 
                          critique - en faveur d'oeuvres essentielles, mais longtemps 
                          sous-estimées, comme celles de Bertolucci et 
                          Caproni - ou encore sa traduction intégrale de 
                          la Recherche, feraient presque oublier qu'il est aussi, 
                          et d'abord, un poète. Une tonalité, une 
                          vibration, clairement reconnaissables, un humus de perceptions, 
                          d'affects et d'inquiétudes, qui impose en quelques 
                          vers un monde, un rapport de l'auteur à lui-même 
                          où dominent le doute et la lucidité, une 
                          conscience aiguë des identités mensongères 
                          et de la précarité de toute existence... [...] Rituel privé, certes, 
                          que ces sonnets, mais qui s'adresse, sur quelque impossible 
                          agora, à une communauté encore introuvable. 
                          Le sonnet selon Raboni n'est pas le blason sophistiqué 
                          qu'élabora Zanzotto, mais un simple écho 
                          de la grande forme, et ce peu de concrétion, 
                          transitoire, où l'art subsiste en des temps contraires. 
                          Philippe Jaccottet, respectant rimes et allitérations, 
                          offre la cage à peine perceptible des vers et 
                          le souffle qui la franchit, avec une grande subtilité 
                          et un parfait naturel. Ces pages sont la rencontre vraie 
                          de deux poètes. Bernard SimeoneExtrait de la préface 
                          intitulée Rituel privé
 Au livre de l'esprit, Giovanni Raboni, 
                          Traduction de Philippe Jaccottet, La Dogana 2001.   |  |  |   
          | Philippe 
            Jaccottet / Le bol du pèlerin 
            (Morandi) |   
          | 
 
               
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                      | A l'écoute de Morandi Philippe Jaccottet dit ce que 
                          lui a apporté l'oeuvre "aussi mystérieuse 
                          que l'herbe" du peintre italien, dont on connaît 
                          la patiente austérité A l'évidence la peinture 
                          de Giorgio Morandi est de celles qui auront vraiment 
                          compté pour Philippe Jaccottet. Illustré 
                          d'une douzaine de reproductions, ce livre en est le 
                          lumineux témoignage. En aucun cas, il ne s'agit 
                          ici d'une prise de parole péremptoire. D'une 
                          rencontre, plutôt, d'une écoute de "cette 
                          oeuvre aussi mystérieuse que l'herbe", dont 
                          on connaît la haute et patiente austérité. 
                          Pas un instant, le propos du poète, à 
                          la fois aigu et foisonnant, n'écrase ou ne fige 
                          son objet. A la source comme au terme du parcours qu'il 
                          propose, l'étonnement demeure.  Et l'énigme: d'où 
                          vient notre fascination devant "ces trois ou quatre 
                          bouteilles, vases, boîtes et bols sempiternels"? 
                          Au fil d'une méditation qui procède par 
                          touches vives, précises, le texte aiguise le 
                          regard et la sensibilité du lecteur, le guidant 
                          vers la lumière secrète, insaisissable 
                          de Morandi. [...].
 Philippe Jaccottet, Le Bol 
                          du pèlerin (Morandi), La Dogana 2001.
 Marion Graf
   Samedi, 17 novembre 2001.
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          | Jean 
            Starobinski / Le poème d'invitation |   
          | 
 
               
                |  | 
                     
                      | Liminaire  [...] L'occasion est ainsi donnée 
                          à La Dogana de rendre justice à l'un des 
                          plus stimulants écrivains actuels que la manie 
                          des catégories s'obstine à considérer 
                          comme un savant de type universitaire. Depuis longtemps 
                          nous savons ici qu'il y a peu de regard plus ouvert 
                          et accueillant que celui de Jean Starobinski, à 
                          l'égard de toutes les manifestations de l'esprit 
                          humain, sans préjugés sauf l'amour inconditionnel 
                          qu'il porte à la musique de la langue française, 
                          et qu'il y a peu d'écriture plus souple et lumineuse 
                          dans la quête du secret d'une oeuvre. Il est significatif que "l'interprète" 
                          de partitions littéraires, tel que Starobinski 
                          aime à se définir lui-même, soit 
                          entouré ici de deux poètes. Tant Yves 
                          Bonnefoy que Frédéric Wandelère 
                          profitent de cette occasion pour rappeler l'importance 
                          de la part critique, de la réflexion ou de la 
                          mémoire dans cette tentative de traduction, par 
                          les mots, que constitue le poème.  |  |   
                | Ils évoquent en connaissance de cause le nécessaire 
                    travail de déchiffrement, les impératifs de 
                    mesure, les choix décisifs qui président à 
                    l'élaboration de ce moment formel, unique, qui devrait 
                    à leurs yeux refléter, en quelques vers, en 
                    quelques images exactes, toute la complexité du monde 
                    et résonner longuement aux oreilles du plus grand nombre...
 Florian Rodari Extrait de : Le poème d'invitation, 
                    Jean Starobinski, précédé d'un entretien 
                    avec Frédéric Wandelère et suivi d'un 
                    propos d'Yves Bonnefoy, Editions La Dogana, 2001.
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          | Alberto 
            Nessi / Fleurs d'Ombre |   
          | 
 
               
                | 
                     
                      |  | 
                           
                            | "Le vieux cheminait 
                                en compagnie de ses souvenirs, fasciné 
                                par la lune qui fait travailler la mémoire." 
                                Dans ce recueil de brèves nouvelles, le 
                                poète tessinois met au service de sa vision 
                                fraternelle une prose directe - faite de touches 
                                rapides, de pensées à peine suggérées, 
                                de dialogues intérieurs interrompus - qui 
                                évoque marginaux ou personnages en fins 
                                de vie, anciens idéalistes contestataires, 
                                vieilles maquillées avec excès, 
                                ouvriers à la retraite. L'existence les 
                                a souvent déçus sans qu'ils sachent 
                                vraiment pourquoi et les laissent tels des "boxeurs 
                                groggy". Parfois, ce sont des jeunes qui 
                                confient à l'avenir la réalisation 
                                de leur espoir : faire la révolution, devenir 
                                esthéticienne et épouser un homme 
                                aimant, partir à l'étranger. Qu'ils 
                                aient vécu leur vie par procuration, ou 
                                qu'ils placent leurs désirs dans un hypothétique 
                                devenir, ils tâchent d'échapper au 
                                présent. Comme la lumière qui passe 
                                au travers des branchages et projette sur les 
                                murs des fleurs d'ombre, ces personnages modestes 
                                préfèrent leurs souvenirs idéalisés 
                                ou leurs rêves à la réalité 
                                tranchante. Alberto Nessi, Fleurs d'ombre, 
                                récits Trad. de Christian Viredaz, La Dogana, 
                                2001 |  |    Page créée le 15.05.03Dernière mise à jour le 15.05.03
 
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