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Adieu à l'étoile rose

Poussière d'azur
Comme une goutte de soleil
Vaincue par le brasier des étoiles
J'allume les feux d'un chagrin incendiaire


I L'automne s'est couché...
II La porte nocturne
III Les ailes de plume
IV Le rêve
V L'éveil jaune

II La porte nocturne

Fou, flou, un feu glacial s'agite sous les larmes, sous les pétales du souffle dernier, qui se dilue. Je suis comme arrachée.
Ce souffle, ton souffle!

Combien de fois l'ai-je cherché, angoissée, à travers le silence, de peur qu'il ne cessât, cette odeur humide et claire, qui s'élevait avec la légerté de la sève et retombait avec la certitude du bonheur.

Oscillation immuable et magique de ta respiration!

La conscience, comme un éclair, s'attache aux rayons de lune, pour éviter la fêlure impatiente qui siffle dans ma poitrine. Les mains s'effleurent et se rassemblent. Dans la chaleur tremblante de leur impuissance, elles se résignent et dessinent les fleurs du voyage. L'âme pourpre encore estampillée de rosée se pose et se repose dans ce brasier d'effusions. Puis, peu à peu,elle s'abandonne, tachée d'illuminations mystiques.

Je veille la mort dans une couverture de neige blanche!

En palpant l'inévitable passage, une peur hagarde, prête à déverser une coulée de larmes noires, brûle en mes artères les derniers rayons de notre union. La révolte sanglante est proche. Mais devant la paix de ton regard s'éveille en moi le silence et la douceur troublante de l'attente.

A l'aube de ton absence, je ne veux que la transparence des poussières de blé et non la furie du despéré. Je ne veux que ton rire, testament de ta joie, ton sourire, immobile à jamais sur ma blessure. Et si je ne soutiens le silence proche des ténèbres, le chant des lilas nous enveloppera.

Mais la brume nocturne grandit sur ton visage et me dévoile pour la première fois le reflet de ta finitude. Tout cesse alors d'exister! Tout se mélange, dans le balancement gris de la nuit, la vie, tes yeux, mon sang, la mort!

Qui dira les peurs des prunelles, les sursauts de soleil?

Son regard fleuri des étoiles et de mes baisers se dresse encore une fois sur la plaine. Elle joue la danse verte et jaune du talus. Entre mes mains, immobile, elle n'a jamais été si vivante, traversée par la lumière d'or de cet unique automne. Mes doigts en ont gardé la couleur du miel!

Elle a la forme des hivers comme celle des étés.

Un baiser monte... L'amour a flambé!

Sa tête s'endort dans mes mains. Mon âme roule en ses songes.

© Julie Delaloye
jdelaloye@hotmail.com

 

Page créée le 23.03.00
Dernière mise à jour le 23.03.00

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