jean-pierre cousin

Comme un gant…

Il y a par le monde beaucoup de gens honnêtes. Voilà plusieurs semaines qu’un gant était suspendu à un arbre dans le pré le long du chemin. Jéronimias l’apercevait tous les jours quand il passait. Personne encore ne l’avait décroché.

Jéronimias se dit : " Après tout, pour moi qui suis manchot, ce gant m’irait fort bien, ce gant me suffirait. Mais pourvu que ce soit la main gauche. "

De sa main gauche, il attrapa le gant.

C’était un gant pour main gauche.

Génial. En plus, il était fort beau, fort doux, et paraissait bien douillet et bien chaud.

" Voyons s’il n’est point trop petit, trop étroit. "

Cela ne semblait pas.

Jéronimias eut bien un instant de remords. Ce gant devait manquer à quelqu’un et il n’existait désormais aucune chance que cette personne ne le retrouve jamais.

Dommage pour elle.

Mais, à vrai dire, elle n’en avait plus besoin.

A l’intérieur, il y avait une main.

Page créée le 23.03.00
Dernière mise à jour le 23.03.00