Extraits de presse

 


Présentation de Hymne à la Vie
à travers deux interviews données par 
Marianne Claret Rausis et Françoise Claret  à une journaliste du Nouvelliste

 

Marianne Claret Rausis 
rend hommage au voyage que l'homme 
entreprend à la lueur d'une certitude volée

Depuis près de deux ans, Françoise Claret chante ici et là avec sa guitare. L'auditoire se montre souvent ému, parfois ébranlé, mais jamais indifférent. Les textes de ses chansons ont été écrits par sa fille, Marianne Claret Rausis, que nous avons rencontrée. Ils viennent d'être publiés, aux Editions A la Carte, sous le titre "Hymne à la vie"

Lire l'ouvrage de Marianne Claret Rausis, c'est lire vingt-sept textes, vingt-sept "clins d'oeil amusés, tendres, ironiques, interrogatifs et parfois douloureux au visage que peut prendre la quête existentielle". "Hymne à la vie" se déguste "comme une boîte de chocolats. On ne sait jamais sur quoi on va tomber."

Car "Hymne à la vie" n'est pas un bête merci pour l'amour, les tulipes du jardin, la vie, et puis le beau cadeau d'anniversaire. Avant d'être merci, ce fut pourquoi, comment, au nom de qui ou de quel droit. "Hymne à la vie" creuse, explore, espère et désespère, aime et déteste, accepte et se révolte. Il dévoile une quête entreprise avec, comme boussole, un Dieu qui se décline en majuscule, la quête du bonheur.

Que représente pour vous l'écriture ?

Françoise (maman de Marianne Claret Rausis) m'a demandé il y a trois ans des textes à chanter. Et je me suis piquée au jeu ! Aujourd'hui, c'est pour moi un formidable "exutoire". Ecrire, c'est laisser émerger tout un monde enfoui de perceptions, d'émotions. C'est se nourrir de sa propre expérience, de sa propre sensibilité  pour partager, communiquer avec des lecteurs.

Pourquoi qualifiez-vous votre livre de "recueil de textes destinés à être interprétés" ?

Parce que c'est vrai ! Bien qu'ils soient imprégnés d'un certain souffle poétique et portés par une exigence littéraire, mes textes n'ont pas été conçus comme des poèmes. Ce sont des chansons à texte qui vivent lorsque Françoise les interprète. Loin de vouloir être hermétiques, ils se veulent percutants. C'était d'ailleurs pour moi une contrainte supplémentaire.

Pourquoi ce titre, "Hymne à la vie"?

Michel Bovisi, qui a illustré l'ouvrage, m'a dit un jour en riant que le titre "Hymne au doute" aurait été plus approprié. Il est exact que je n'ai pas énormément de certitudes. Toute la foi, toute l'assurance que je puis avoir s'enracinent dans des doutes surmontés.

Mais certains de vos textes sont tout de même très sombres...

Il est vrai que quelques textes traitent de sujets relativement noirs ou douloureux. comme l'anorexie ou la mort. Je crois cependant que parler de l'existence, c'est d'abord en accepter, en assumer l'ambivalence. L'homme se débat dans un quotidien parfois sombre, parfois glorieux, en vue d'atteindre le bonheur. Mais ce livre est davantage une célébration du réel. Et célébrer la vie, c'est y adhérer de toute son âme, malgré la Blessure essentielle. Je termine d'ailleurs sur une note de reconnaissance, un immense merci !

Qu'est ce que la Blessure essentielle ?

La "Blessure essentielle" est un terme de Georges Haldas, Pour moi, c'est le manque, à tous points de vue. C'est ce désir insatisfait et permanent qui nous habite et nous fait souffrir. Mais c'est lui aussi qui nous fait avancer. Il éclaire de manière  éloquente de nombreux comportements humains. Il est notre plaie et cette plaie est féconde.

Chaque souffrance comporterait donc une fenêtre ouverte sur l'espoir ?

Oui. Chaque résistance de la vie nous pousse à réagir, parfois à évoluer. Je crois en un sens derrière "l'indécence", même si parfois ce sens nous échappe et que la révolte est plus forte (par ex. la mort d'un enfant).

Croyez-vous en Dieu ?

Oui. Même si je ne me retrouve pas dans une certaine représentation judéo-chrétienne de Dieu. Pourquoi éduquer dans la hantise du péché et la peur du jugement dernier ? Je crois en l'homme relié à un monde invisible, et ce lien à la Source doit orienter son avenir, le guider... davantage que la culpabilité !

Quel est le rôle de ce manque dans la relation amoureuse ?

A travers la relation amoureuse, l'homme se retrouve confronté à ce manque et à sa quête d'absolu. La relation lui offre l'opportunité la plus merveilleuse d'évoluer et de grandir en assumant ses limites. Face à ce manque intrinsèque, l'homme peut être tenté d'attendre de l'autre qu'il le remplisse, qu'il gomme jusqu'à l'idée d'un désir. Ce n'est qu'en reconnaissant sa propre imperfection qu'il peut en faire le deuil et entrer véritablement dans une relation de partage, de don de soi...

La recette du bonheur ?

Assumer sa propre imperfection.

Carole Pellouchoud

Le Nouvelliste, Juin 1999

***

 

Françoise Claret met en musique  les mots de sa fille Marianne. 

Son premier CD révèle une voix qui rappelle Brel 
et des textes qui n'en sont pas loin...

Depuis plus d'une année, Françoise Claret (Orsières) emmène les mots de sa fille dans les salles du canton. Seule avec sa guitare, elle interprète "La prière des petits", "Enfants du rien", "L'ailleurs", "Les fous" ou encore "Entre je et tu". Des textes tirés du recueil de Marianne Claret Rausis "Hymne à la vie " publié l'an passé aux Editions à la Carte. Sur la trentaine de textes qu'il contient, treize figurent sur le CD que Françoise vient juste d'enregistrer au studio Varga. Elle y chante la vie sous toute ses coutures : la douleur de la mère crucifiée, le drame de l'anorexie, l'ironie du qu'en-dira-t-on ou encore la difficulté de vivre. Un hymne qui peut sembler ne pas en être un mais qui pourtant se veut rempli d'espoir. Un espoir qui puise sa source dans la certitude d'une dimension supérieure en chacun de nous.

Lorsque la voix de Françoise caresse les courbes de la passion, se brise sur la douleur, scande la liberté, enjambe les barrières, s'envole avec l'oiseau vers la lumière ou encore roule les r de la liberté, on ne peut s'empêcher de penser à lui... Le grand Jacques resurgit, comme ressuscité par cette voix qui ne tolère pas l'indifférence. Ceux qui l'ont entendue s'en souviennent comme d'un moment intense, dont on ne ressort pas indemne. Côte à côte, la mère et la fille livrent leurs impressions sur cette première aventure commune qui, comme le précise Marianne, ne demande pas "une totale empathie, mais une communion sûrement". La leur est belle à voir en tout cas.

Ecrire pour sa maman. Une aventure qui vous a immédiatement tentée ?

Marianne : - Oui. Je pensais qu'il y avait une aventure originale à tenter. Parce que ce qui nous lie est particulier. Je lui ai pondu une trentaine de textes et elle a choisi dans le recueil ceux qu'elle avait envie de s'approprier. Je propose... et elle dispose.

Comment avez-vous découvert ces textes ?

Françoise : - En bloc ! Dans un premier temps, la longueur des phrases m'a effrayée. Je me suis demandé comment est-ce que j'allais chanter ça. Puis, en prenant ma guitare, je me suis rendu compte qu'au contraire, ça fonctionnait plutôt bien.

Et au niveau du contenu ?

Françoise : - En général, les textes me "parlent" énormément, même si parfois ils comportent certains mots sur lesquels je bute.

Par exemple ?

Françoise : - Dans le texte "Enfants de Dieu, oui mais...", le terme "ânonner"! Choisir de chanter un texte, c'est assumer ce que Marianne a écrit.

Marianne : - Françoise ne doit interpréter que les textes qu'elle peut et veut "habiter". Un chant vrai part de l'intérieur.

Françoise : - Oui, bien sûr. Mais certains textes me demandent plus de temps que d'autres. Je pense notamment au texte qui parle de la séparation à travers la mort. Je ne suis pas encore prête à le mettre en musique.

Votre écriture a-t-elle été influencée par la destination des textes ?

Marianne : - Dans la forme évidemment. Le texte d'une chanson doit être percutant et non pas hermétique ou trop suggestif. Il doit être perçu même intuitivement à la première écoute. Quant au fond, il révèle mes préoccupations. L'homme est toujours au centre; ce que l'être fait de ce qu'il est m'intéresse, de même que l'émergence d'un "Cri à partir d'une faille."

Comment ressentez-vous le travail de l'autre ?

Françoise : - Je me suis rendu compte qu'au-delà de l'aspect "artistique", les textes de Marianne me faisaient énormément travailler sur moi. Ils révèlent la face cachée des choses, des comportements humains. Et souvent je m'y retrouve !... même si c'est plus facile d'y reconnaître son voisin (rires) Donc je les chante et puis je me dis "et qu'est-ce que je fais avec ça maintenant?".

Marianne : - Ce que j'aime dans son interprétation, paradoxalement, c'est le silence qui va autour. J'affectionne le dépouillement, les mots "pèsent" alors davantage. Le bruit nuit à la rencontre et ne sert qu'à masquer un vide. D'ailleurs lorsqu'elle chante, il y a une sorte de silence religieux. L'auditoire est suspendu à ses lèvres. Cela me touche.

Justement, comment avez-vous fait pour préserver cette pureté sur le CD 
malgré le travail d'enregistrement ?

Françoise : - C'était une condition que j'avais posée au studio d'enregistrement. Je voulais que les preneurs de son respectent mes interprétations et que je n'aie pas à reprendre dix fois les morceaux. J'arrive vraiment à ressentir un texte lorsque je le jette, comme si c'était une première fois. On a donc très peu repris. D'autant que mes interprétations ne cessent d'évoluer, tant au niveau du jeu de guitare que de la voix parce que l'émotion change aussi d'un jour à l'autre !

Marianne : - ... mais il y a une émotion. Un élan vers l'Ailleurs ! Pour moi,  une belle chanson c'est une chanson qui te transporte. Ce peut être le texte qui t'ébranle, la musique qui te "soulève" ou l'interprétation qui te donne un frisson, peu importe. La qualité réside dans cette "émotion poétique", le terme poétique suggérant l'invisible, l'impalpable.

Vous êtes croyante ?

Marianne : - Oui. Il me semble que ça "transpire" à travers presque tous mes textes. Dieu pour moi, c'est à la fois l'expérience d'un Lien et la douleur d'un grand Silence.

Françoise : - Je suis aussi très croyante. Je crois à une énergie supérieure qui nous habite et qui est là en permanence . Mais moi j'aime ce silence. Je m'y abandonne et l'accepte en me disant "que Ta volonté soit faite".

Marianne : - Je dois être un peu plus "impatiente"! Parfois je L'appelle tellement fort, j'ai tellement de questions qu'Il va bien finir par m'apparaître ! (rires)

Et inverser les rôles ?

Marianne : - Quand j'étais toute petite et que des gens venaient à la maison, je me cachais sous la table... (rires) Je préfère le travail d'écriture, dans l'ombre !

Françoise : - Je ressens très fort ce qu'écrit Marianne, mais je crois que je serais incapable de l'écrire. Je n'ai pas les mots "pour le dire". J'avais essayé, il y a quelques années, d'écrire une chanson qui s'appelait "espoir". A ce moment-là, je la trouvais très belle... et maintenant quand je l'écoute... (rires). Mais les gens finissaient tous par pleurer ! (rires) L'émotion devait déjà être présente !

Des projets ?

Françoise et Marianne en choeur... : - On pense à un deuxième CD. Sur la trentaine de textes que contenait le recueil, dix-huit ou dix-neuf sont déjà en musique, mais on a préféré ne pas tout mettre sur ce premier CD.

Carole Pellouchoud

Le Nouvelliste, Juillet 2000

 

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