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Revue des Arts et des lettres fondée en 1975


  Espaces No 226 Janvier- février 2000 / Sommaire


Au sommaire de ce numéro 226/2000

  • Editorial : Les espaces de rail 2000
  • Catherine Colomb : Catherine Colomb chez elle, un souvenir de Marguerite Favrod
  • Littérature étrangère : L’ours et sa fille, de Robert Stone, par Claire Julier
  • Poèmes : Poèmes d’Amalita Hess, Francine Guréghian-Salomé et Rosalie de Castro, dans une traduction de José Maria Garcia.
  • Poésie étrangère : Deux poèmes de Rosalie de Castro
  • Beaux-Arts : Daniel Fluck. / C.F. Ramuz et ses Notes du Louvre - La Poterie René Nicole à Ferney-Voltaire, par Giuseppe Patanè
  • Musique : Musique classique : Le nouveau CD est arrivé !
  • Prix littéraires
  • Le Mémento : Jane Birkin à l’Octogone et Maurice Utrillo à Payerne.


  Editorial

Les espaces de Rail 2000

Les symboles issus du rail sont nombreux. Il y a par exemple la continuité (être sur les rails), la solidité (le chemin de fer), la ponctualité (horloges), la sécurité (moyen de transport). Mais cette photo d’Alain Wicht, prise au nord de la gare de Moudon le premier septembre 1999 pour le compte du grand quotidien " La Liberté ", me plaît personnellement pour d’autres raisons encore que je vais tenter d’évoquer brièvement en ce début d’une nouvelle année qui s’annonce comme celle des grands tournants.

Premièrement, et parfaitement conscient de sa vulnérabilité, le rédacteur d’ESPACES est assis sur la voie. Derrière lui, à droite, l’un des rails est interrompu et, au premier plan, on devine un aiguillage. En effet, il a fallu faire des choix… et c’est peut-être à cause de cela que cet homme assis a posé sa main droite sur son front, une pose assez peu fréquente, il est vrai, chez ce rédacteur-documentaliste et mécanicien-électricien. Devant lui, son inséparable grosse serviette qui contient des livres, des revues, des articles en gestation pour de futurs espaces, de la correspondance en cours, autrement dit un véritable " bureau ambulant " avant l’ère de l’ordinateur portable. Non qu’il soit réfractaire à ce nouveau moyen (étant par ailleurs un utilisateur convaincu du PC et un surfeur presque quotidien sur Internet et sur le site du www.culturactif.ch en particulier), mais parce que ce " bureau ambulant ", ce sont les voyages journaliers en train durant dix-sept années qui l’ont constitué et favorisé. Cependant, il n’a jamais été plongé totalement et uniquement dans la lecture sur cette ligne secondaire de la Broye (Moudon-Palézieux-Lausanne), car, il faut le relever aussi, chaque saison nouvelle apporte aux voyageurs des paysages d’une grande et profonde beauté.

Au début d’avril, dans les ravins qui bordent le tunnel de Brivaux, les nivéoles et les tussillages nous rappellent l’œuvre attachante de Vio Martin. Puis, c’est le château de Rue sur son promontoire, dont il existe une touchante " Légende du Chevalier de Rue " pour quatuor de cuivres, composée et interprétée par Jean-François Michel et ses trompettistes, et donnée en l’église de Saint-François à Lausanne le 24 septembre 1999, ou encore la petite gare d’Ecublens-Rue (où les trains du soir attendent pour se croiser) si admirablement chantée par Gustave Roud dans " Haut-Jorat " (Payot, 1978), et enfin, en automne, les colchiques de Palézieux-Gare et les hautes angéliques (Angelica archangelica) des talus proches.

Mais c’est aussi dans ce train, sur ces mêmes rails, que le rédacteur d’ESPACES a vécu une partie de sa vie, où il a somnolé, où il a rencontré d’autres voyageurs, réguliers ou non, et qui sont devenus des amis. Ainsi Romain O. et Simon L., adolescents qui se rendaient à l’Elan, ou Monsieur Willy M., administrateur dans l’immobilier, Pascal S. qui lui passait 24 Heures, Sylvain M., un jeune pianiste de Curtilles, élève en classe professionnelle du Conservatoire de Lausanne, ou encore, il y a quelques années, Renée Delafontaine, avec son enthousiasme de petite fille et sa pèlerine brune, chargée de cabas à provisions, qui rentrait à Mont-Chervet, sur les hauts de Puidoux-Gare, ou encore Monsieur Georges A., cet octogénaire lucençois parfaitement au courant des difficultés économiques que rencontrent les jeunes qui souhaitent se mettre à leur compte aujourd'hui.

Oui, Rail 2000, c’est tout cela dans cette " lente vallée heureuse " (Gustave Roud). C’est la halte de Bressonnaz (où le train hélas ne s’arrête plus que pour des soldats de Valacrêt), non loin de Syens et de son église au chœur du 13ème siècle. Certes, Sion 2006 ne se fera pas, mais bien Syens 2000 ! Il y a lieu désormais d’acheminer le petit train d’ESPACES dans ce charmant village (qui possède un four à pain et un casino) pour le grand rendez-vous du samedi 21 octobre prochain. Votre équipe de rédaction est sur les rails, ainsi que Rose et Pierre Morel, nos abonnés de Syens.

André Durussel

 

  Un souvenir de Marguerite Favrod

Catherine Colomb chez elle

Quand ils s’installèrent dans cette maison en 1946, Catherine Colomb aimait à dire que son mari, Maître Reymond, et elle, choisirent d’y vivre à cause du bougeoir qui tenait à la sonnette du jardin. Ce ne doit être que la moitié de la vérité car, sans doute, Catherine Colomb avait deviné, en y entrant, que " Les Passiaux " suscitaient l’anecdote poétique. " A l’épicerie, on se rappelle le déménagement de nos prédécesseurs, raconte-t-elle. C’était la fin du siècle. Madame arriva de sa maison de Rumine, vêtue d’une amazone de velours noir et chevauchant une jument blanche ". Et certainement qu’on la descella sans délai, qu’on la fit pénétrer à l’écurie, car il y a une écurie, aux Passiaux, avec de grosses boules qui surmontent les stalles et une chambre pour le cocher. C’était justement pour éclairer le cocher que servait feu le séduisant bougeoir qui disparut, un jour, mystérieusement.

Comme vous regardez par la baie du salon les buissons de genêts et les fougères : " Voilà un jardin sauvage qui ne vous donne pas de peine, lui direz-vous, et qui vous laisse le loisir d’écrire ". Elle vous détrompera : " Ce n’est pas le jardin qui mange mon temps, c’est la maison ! La ville est éloignée, les courses sont longues. A peine au travail, je suis sollicitée par une tâche ménagère, une armoire à mettre en ordre, car j’ai beaucoup d’ordre dans mes armoires, si je n’en ai point dans mes livres ". Après un moment : " C’est du moins l’avis des autres, que mes livres sont un fouillis ". Elle n’ajoute pas qu’elle sait, elle qui remet les pages sur le métier plus que n’importe quel écrivain puisqu’il lui faut dix ans pour écrire un roman, leur solide construction. Mais, avec orgueil, elle ouvre l’armoire où est serrée, en rang de bataille, une armée de pots de confitures.

" Le livre que la Guilde du Livre voulut bien éditer, (l’auteur des Châteaux en enfance ne se doute guère qu’il lui arrive d’avoir un lecteur et que vous connaissez un titre de ses livres), ce livre ne contenait pas d’alinéa quand le jury le reçut. On ne le publia qu’à la condition que j’y ajoute des points à la ligne ! Ils avaient sûrement raison… Au fait, y a-t-il des paragraphes dans la vie ? ". Ce goût pour ce qui continue, cette demeure le manifeste : sans commencement ni fin, les tables sont presque toutes rondes. Côte à côte, dans la salle à manger, l’une se dresse pour les jours de tête à tête, et l’autre pour les jours familiaux où arrive la tribu des petits enfants. Sur le bois de l’armoire, on ne saurait faire le partage de la nature et de l’art, mariage étrange de la peinture des hommes et du dessein des troncs.

Le vrai souci qu’on a eu en habitant cette maison, c’est un souci de modestie. Même l’ancêtre s’y fait humble. Que ce soit l’aïeule harpiste, son mari la dessina de dos ou la tête cachée par son instrument parce qu’il ne savait pas comment s’y prendre pour le visage ; que ce soit cette bonne femme qui était aussi la tante de Juste Olivier. Même eux, ils se sont réfugiés timidement dans le vestiaire, les oiseaux empaillés, que Monsieur Reymond reçoit de sa femme pour ses anniversaires, y compris le belliqueux épervier. Catherine Colomb a un minuscule cabinet pour dévider ses laines et vaquer aux travaux de couture, dans sa chambre à coucher, un bonheur-du-jour pour classer ses comptes et ses papiers de famille, mais elle ne possède pas une table pour écrire. Alors elle écrit sur ses genoux et, quand la maison s’agite de trop de monde, il lui est arrivé de se réfugier dans les combles, parmi les panières, l’horloge empire et le lustre vénitien qui y sont relégués.

Vous finirez par lui demander comment elle a réussi à écrire alors que lui tient tant à cœur l’ordonnance de son ménage et que, tout compte fait, elle n’aspire qu’à être une bonne maîtresse de maison . Elle répondra : " Oui, mais j’aime écrire. J’ai envie de raconter la révolution des moeurs à laquelle j’ai assisté, de parler de ce temps où le franc paraissait aux vignerons de la Côte une valeur aussi stable que la mesure du mètre et d’imaginer la surprise de ma mère si elle me voyait manier la paille de fer, alors qu’elle n’avait jamais rien fait de ses dix doigts ! Quand j’ai écrit, je suis contente, il me semble que j’ai fait quelque chose de bien. Au demeurant, je me suis mise à la besogne, grâce à une amie anglaise qui, la première, me donna confiance en moi et l’idée que je pourrais faire quelque chose ".

L’amie anglaise était Lady Ottoline Morrell que fréquentaient Bertrand Russel, Aldous Huxley, Henry James, Virginia Wolf, Nijinsky à ses passages, D.H. Lawrence, tout en en disant parfois grand mal…Katherine Mansfield craignit l’attrait de son salon pour son mari. Lady Ottoline of Garsington n’aimait pas les auteurs français. Or elle reçut, durant deux mois, une petite jeune fille de la Côte qui n’avait pas vingt ans et s’en fit l’amie la plus fidèle. Nous lui devons peut-être Pile ou face, Châteaux en enfance, Les esprits de la terre, l’œuvre d’un très excellente écrivain de chez nous ?

Marguerite Favrod
(article publié initialement dans Annabelle, 1958).

 

  L'ours et sa fille par Robert Stone


Littérature étrangère : L’ours et sa fille (Bear and His Daughter), Robert Stone

Les personnages de Robert Stone appartiennent à la grande famille de ceux qui toute leur vie manquent d’amour. Leur désir de communication est perpétuellement déçu ; alors ils forcent sur l’alcool, la drogue.

Pleins d’une rage impuissante qui met les larmes aux yeux, ces jeunes à la dérive ou ces vieux adultes qui ne savent pas quitter l’adolescence sont des misfits qui marchent dans le mauvais sens. Ils se regardent être avec une grande lucidité, cherchant à construire une journée, juste une journée. Sans projets d’aucune sorte, " las de la douleur, de la colère et de la confusion ", ils sont enragés, en attente, mais ils savent que rien ne pourra combler cette attente. Chaque geste qu’ils font les englue encore plus.

" Se soûler est une insurrection, une révolution – une mauvaise révolution ", mais cela permet de passer le temps, de s’enfermer dans une boîte de folie artificielle, d’observer comme de l’extérieur une révolte qui n’arrive pas à se dire, comme s’il y avait une fatalité à rater sa vie dans l’Amérique des libertés.

A ces fantômes qui " disparaissent à jamais, presque totalement ignorants de ce qui pourrait les soutenir dans le monde des spectres ", à l’ours et sa fille, à leur amour délirant consolé par la poésie, à l’ancien vétéran du Vietnam qui sent encore l’odeur fétide de la nuit, le soir redouté, les mystères de l’obscurité, à l’orphelin dressé à réagir comme un chien, à ces buveurs anonymes privés de paroles, qui se distraient avec une machine à électrochocs, on voudrait crier : " Attention, casse-cou. Arrêtez ! Tout ça ne vaut pas la peine ". Mais on sait qu’ils n’écouteraient pas, qu’ils ne peuvent pas écouter, que la machine est lancée et que rien, ni personne ne peut l’arrêter. Autour d’eux, il n’y a que du vide, de la solitude, une vie sans rêve ; l’alcool ou la drogue en souligne encore plus les creux.

Robert Stone recrée ces vies ordinaires, les sauve de l’oubli par l’écriture. " Les gens disparaissent et leurs chansons avec eux. Ils deviennent des fantômes et leurs chansons des chants de fantômes ". Avec un peu d’amour, ils ressurgissent parfois dans un coin du cœur.

Robert Stone, L'ours et sa fille, traduit de l’américain par Anne Rabinovitch, éditions de l’Olivier, 267 pages.

Claire Julier

 

   Poèmes d' Amalita Hess et de Francine Guréghian-Salomé

La chambre basse

Dans la chasse à courre des heures qui nous piègent,
dans le clair-obscur de nos souffrances d’homme

ô

retrouver notre vieille demeure
au goût de pain d’enfance,
revoir la chambre basse,
gardienne de nos songes de feu
ouvrir la fenêtre
où se pressent encore nos juvéniles saisons

et

signer un pacte nuptial
avec le lieu béni de nos origines.

© Amalita Hess

Amalita Hess réside à Fribourg (Suisse). Ce poème se trouve sur Internet selon les coordonnées suivantes : http://www.culturactif.ch/textes/hess.htm

A Sylvie

Ces mots que tu attendais
au sortir de l’enfance
je te les donne aujourd’hui
que j’ai des rides dans les yeux
et de la sagesse un peu
aux sillons de ma bouche

les enfants et les hommes
ne nous ont pas changées
à dormir un peu moins
on rêve mieux éveillées
et nos rires retentissent
pour un non pour un oui

ces mots que tu attendais
au sortir de l’enfance
je les aurais mal dits
sans avoir construit ma route
jamais droite mais solide
qui croise la tienne aujourd’hui.

© Francine Guréghian-Salomé

La robe vive de neige

La robe vive de neige
apporte sa lumière
aux heures froides du matin
les mots s’entendent blancs
je m’endormirais là
dans le désert poreux
de ce rêve hivernal
à un battement de cil
du vide définitif
s’il n’y avait le soleil
pour dessiner les routes
effacées par la nuit.

© Francine Guréghian-Salomé

Francine Guréghian-Salomé vit en France, à F-94130 Nogent sur Marne. Les deux poèmes inédits retenus par ESPACES font partie de " ICI " (1999).

 

  Deux poèmes de Rosalie de Castro

Poésie étrangère : Deux poèmes de Rosalie de Castro

Non loin de Saint-Jacques-de-Compostelle, dans cette belle région de la Galice, au nord-ouest de l’Espagne, résidait la poétesse Rosalie de Castro (1837-1885). José Maria Garcia, galicien lui-même, a traduit pour ESPACES, avec beaucoup de sensibilité, quelques poèmes de Rosalie, extraits de " Follas novas " (Pages nouvelles)

André Durussel

IV

Diredes d’estos versos, y é verdade,
Que tên estrana insólita armonia,
Que n’eles as ideas brilan pálidas
Cal errantes muxicas
Qu’estalan por instantes
Que desparecen xiña,
Que s’asomellan â parruma incerta
Que voltexa n’o fondo d’as curtiñas,
Y ó susurro monótono d’os pinos
D’a veira-mar bravía.

Eu direivos tan sô, qu’os meus cantares
Asi sân en confuso d’alma miña,
Como sai d’as profundas carballeiras
Ô comezar d’o dia,
Romor que non se sabe
S’é rebuldar d’as brisas,
Si son beixos d’as frores,
S’agrestes, misteirosas armonías
Que n’este mundo triste
O camiño d’o ceu buscan perdidas.

 

IV

Vous direz de ces vers (et c’est vrai)
Qu’ils ont une étrange et insolite harmonie,
Que les idées y brillent pâles
Comme des étincelles errantes
Qui éclatent par instants,
Puis disparaissent aussitôt,
Qu’elles semblent le feuillage incertain
Qui voltige au fond des jardins,
Et le bruissement monotone des pins,
Au bord de la mer sauvage.

Je vous dirai seulement que mes chants
Confusément sortent de mon âme,
Comme sort des profondes chênaies
Au début du jour,
Une rumeur dont on ne sait
Si c’est le badinage des brises,
Si ce sont le baiser des fleurs,
Ou les harmonies mystérieuses et agrestes
Qui, perdues en ce monde triste,
Cherchent le chemin du ciel.

 

VII

Alguns din, miña terra!
Din outros, meu cariño!
Y este, miñas lembranzas!
Y aquel, jou meus amigos!
Todos sospiran, todos,
Por algun ben perdido.
Eu sô non digo nada,
Eu sô nunca sospiro,
Qu’ó meu corpo de terra
Y ó meu cansado esprito,
A donde quer qu’eu vaya
Van conmigo.

Rosalie de Castro

 

VII

D’aucuns disent, mon pays !
D’autres disent, mes amours !
Et celui-ci, mes souvenirs !
Et celui-là, mes amis !
Tous soupirent, tous
Pour quelque bien perdu.
Seule moi je ne dis rien,
Seule jamais je ne soupire,
Car mon corps de terre
Et mon esprit fatigué,
Où que j’aille,
Sont avec moi.

Rosalie de Castro

 

  Beaux-Arts

Après l’exposition Daniel Fluck

La Côte vaudoise, en hiver, revêt un charme particulier. Les couleurs, souvent avivées et purifiées, se déploient dans une sérénité somptueuse que l’agitation " touristique " de l’été évacue trop souvent. Les arbres dénudés se dressent alors comme de grands monuments sous le ciel et dans les cours des fermes. Le Jura ou, de l’autre côté, les Alpes de la Savoie, se voilent de brumes tranquilles par-dessus les champs labourés et les vignes.

Le peintre Daniel Fluck, un ami de Michel Ciry, qui a été enseignant et qui anime la Galerie des Deux Fontaines à Bursins (près de Rolle), présentait du 19 novembre au 5 décembre 1999 ses toiles récentes. Ce fut pour l’auteur de cet article une véritable révélation. Et si j’avoue une très forte attirance pour les " Platanes du Martheray à Begnins ", que dire ici de ce " Petit hiver au Mollard ", ou de ces admirables " Femmes foraines à Burtigny ", baignées par cette même lumière douce de ce " Bel hiver à la Conriéry ", un pâturage près d’Arziers qui figurait sur les affiches de l’exposition ?

Mais voici que, par quelques signes imperceptibles, le printemps déjà se prépare. " Premier printemps à Aubonne " ouvrait ainsi nos yeux sur cette autre merveille.

André Durussel

On peut atteindre le peintre Daniel Fluck au téléphone 021/824 15 64.
Prochaine exposition : Denis Malfroy, mi-mars à mi-avril 2000.

Charles Ferdinand Ramuz et ses " Notes du Louvre "

Dans son No 218 de septembre-octobre 1998, ESPACES avait signalé le projet d’édition, par " Plaisir de Lire ", des célèbres " Notes du Louvre " de C.F. Ramuz. Cela est maintenant chose faite. L’ouvrage est préfacé par Marianne Olivieri-Ramuz. Il devient l’un des fleurons de cette Maison d’édition qui a fêté ses 75 ans dans le cadre de la Bibliothèque municipale de Lausanne (Chauderon) avec une remarquable exposition thématique et historique ouverte du 20 décembre 1999 au 21 janvier 2000. " Plaisir de Lire " a hélas résilié son abonnement à ESPACES en 1998 et nous le déplorons.

Maurice Utrillo à Payerne en l’an 2000

Depuis des années, l’Abbatiale et le Musée de Payerne accueillent des expositions de grande envergure. Après Caillaud d’Anger, Georges Borgeaud, Michel Ciry, Le Corbusier, les Splendeurs d’Ombrie et les Tapisseries d’Aubusson, il fallait absolument que Payerne marquât d’une pierre blanche le début de l’année 2000! Cela se fera avec une grande exposition des œuvres de Maurice Utrillo (1883-1955), le peintre de Montmartre.

Voici en effet plus de trente ans qu’aucune exposition digne de ce nom n’a été organisée dans notre pays pour montrer les toiles de ce grand artiste. Nul doute que l’exposition de Payerne, riche de près d’une centaine d’œuvres, fera date dans les annales culturelles et attirera un public considérable.

Le vernissage aura lieu le samedi 8 avril 2000 dans une ambiance montmartroise. L’exposition sera ouverte du 9 avril au 18 septembre 2000, en l’Abbatiale et les salles du Musée.

Giuseppe Patanè

Contacts
Tél. 026/660 61 61
Fax : 026/660 71 26
E-mail : tourisme.payerne@mcnet.ch

Comité de l’Exposition Utrillo, p.a. Office du Tourisme, cp 301, CH-1530 Payerne.
Sur le web : www.payerne.ch - www.utrillo.com

Au Musée " ARIANA " de Genève
La Poterie René Nicole à Ferney-Voltaire (1919-1939)
(Exposition à voir jusqu’au 28 février 2000)

Le Genevois René Nicole (1885-1960) rachète en 1919 la poterie Liotard à Ferney-Voltaire (Ain). Dès le XVIIIème siècle, en raison de sa situation de ville frontière et de la présence d’argile et de bois à proximité, cette petite localité s’inscrit comme un centre actif dans le domaine de la poterie à usage domestique, une poterie richement décorée au pinceau de motifs fleuris chatoyants et surtout destinée à une clientèle de touristes en villégiature.

Au début du XXème siècle, plusieurs ateliers cherchent à renouveler cette production en rehaussant le niveau esthétique et technique d’une poterie qui se qualifie désormais d’artistique.

A la génération suivante s’illustrent deux novateurs genevois. Paul Bonifas (1893-1967), déjà présenté en ces pages (février 1998) suit la voie du purisme avec des formes sculpturales dépouillées de toute ornementation .René Nicole renouvelle plus modestement cette production avec des décors sur des formes traditionnelles.

Giuseppe Patanè

Un superbe catalogue a été publié pour cette exposition par Karin Rivollet : La poterie René Nicole à Ferney-Voltaire (1919-1939), 32 pages 16/29,7cm, 3 photos noir et blanc, 6 planches couleur. Edit. : Musée d’art et d’histoire, Genève, Frs. 17.-.

 

  Musique classique

Musique classique : Le nouveau CD est arrivé !

Les abonnés, lecteurs et amis de notre revue ESPACES qui ont partagé, en octobre 1995, l’aventure de la création de la cantate " Le Signe de Sarepta " sont désormais comblés. Un récent enregistrement professionnel de cette oeuvre par la Maison ARTLAB vient d’être en effet réalisé par l’ensemble EUTERPE, placé sous la direction de Christophe Gesseney, avec le Quatuor de cuivres de Fribourg, Anne Ramoni (soprano), Thierry Dagon (haute contre) et Michel Brodard (basse).

Ce CD contient aussi " Le Mystère du Calvaire " et s’achève par le " Tibi gloria Domine " (psaume 115), deux œuvres contemporaines de Dominique Gesseney-Rappo, compositeur. C’est Philippe Despont qui est à l’orgue de Mézières (Fribourg) où cet enregistrement a été réalisé en octobre 1999. Prise de son Joseph Rotzetter. La pochette de couverture est signée Chantal Moret (Champtauroz).

On peut commander ce disque directement chez M. Dominique Gesseney-Rappo, CH-1487 Champtauroz VD, tél. 026/666 13 92. La Rédaction d’ESPACES dispose de quelques exemplaires offerts aux abonnés au prix de souscription, soit Frs. 25.- + port. S’adresser à A. Durussel, 1513 Hermenches VD.

 

  Prix littéraires

Prix littéraires : Quelques prix prestigieux décernés en France en novembre et décembre 1999,
pour mémoire

1) Prix de l’Académie Française à Amélie Nothomb pour " Stupeur et tremblements " (aux Editions Albin Michel)

2) Prix Goncourt à Jean Echenoz pour " Je m’en vais " (aux Editions de Minuit)

3) Prix Fémina à Maryline Desbiolles pour " Anchise " (aux Editions du Seuil)

4) Prix Médicis à Christian Oster pour " Mon grand appartement " (aux Editions de Minuit)

5) Prix Renaudot pour " L’Enfant-léopard ", de Daniel Picouly, (aux Editions Grasset)

6) Prix Goncourt des Lycéens à " Première ligne " de Jean-Marie Laclaventine (aux Editions Gallimard, NRF)

Le rédacteur d’ESPACES vous recommande " Première ligne " qui, avec justesse et humour, aborde le monde parisien de l’Edition en France. L’auteur fait partie du Comité de lecture de Gallimard. Quant à " Stupeur et tremblements ", il brosse un portrait terrifiant de la vie dans une grande entreprise japonaise d’aujourd’hui.

André Durussel

Ce tableau a été dressé en collaboration avec la librairie virtuelle, le monde où vivent les livres.

Signalons aussi la rubrique littéraire proposée par Anne-Claude Borgeaud sur le site www.worldonline.ch/dev/fr/culture/index.html, où les ouvrages sont commentés. Ainsi " Violante ", par Alain Veinstein, qui relate la vie d’un galeriste à Paris sortant d’un marasme insidieux et tenace par l’arrivée de deux êtres hors du commun : Samuel Zimmer et Violante, une orpheline de dix ans. Un livre limpide et riche qui, contrairement à beaucoup d’autres, ouvre des chemins d’espérance. (Editions Mercure de France, Paris, 1999, 246p).

 

  Mémento d'Espaces


AU MÉMENTO D’ESPACES

Jane Birkin à l’Octogone à Pully

(41, avenue de Lavaux, CH-1009 Pully, tél. 021/721 36 20) : Mardi 29 février 2000 à 20h30, dans une mise en scène de Xavier Durringer, Jane Birkin interprétera aux côtés de Thierry Fortineau sa création intitulée :

Oh ! pardon, tu dormais…

L’histoire s’affirme banale : l’habitude a usé le lien physique et ronge les vestiges d’étonnement réciproque. C’est elle surtout que le fiasco rend dingo. Dressant le bilan, elle égrène souvenirs, regrets, constats, non sans mentionner son grand amour précédent, pour un certain Max. Le mari lassé rétorque, puis explose.

Jane Birkin est née à Londres en 1946. Actrice de cinéma dans " Blow-Up " d’Antonioni en 1966 et dans " Slogan " de Grimbat, puis, en 1975, dans " Je t’aime, moi non plus " de et avec Serge Gainsbourg, décédé en 1991.

Comme l’écrivait Véronique Krähenbühl dans un " Fémina " de février 1999 (No 7) Jane Birkin ne change pas :
Son visage à peine marqué semble échapper au temps qui passe. Chance qu’elle doit évidemment à ses dents ou à son sourire peut-être : " Le rire enlève dix ans ! C’est le meilleur lifting, pas cher et pas raté ". A l’arrivée, la petite Anglaise débarquée en France sur la vague d’une année érotique semble prendre chaque chose avec légèreté. " Je suis ravie de donner cette impression ". Femme nature qui a le chic de se raconter en gardant l'élégance de la pudeur.

Une pièce de Francis Huster

Toujours à l’Octogone, le dimanche 26 mars 2000 à 19h00

dédiée au grand compositeur Gustav Mahler. En cinq tableaux, c’est-à-dire cinq mouvements, il évoque Mahler sous deux aspects : le génie mal compris, musicien en quête d’idéal, et l’homme persécuté par son problème d’identité. En effet, pour obtenir la direction de l’Opéra de Vienne (1897-1907), Mahler avait renié son origine juive et s’était converti.

Huster – Mahler est au pupitre. Long monologue passionné sur les exigences artistiques du génie. Francis Huster a écrit là une pièce sobre. C’est son talent d’acteur, son génie à lui, qui donne de la fulgurance à ce spectacle tendu comme une corde de violon.

Au courrier des lecteurs

Le Jour du printemps

A propos de ce dernier roman de Georges Borgeaud (Espaces No 224/1999, p. 2), nous aussi nous sommes déçus. Nous l’avions tant attendu, ce livre, promis depuis des années, et voilà cette étrange histoire qui nous met mal à l’aise…

Elisabeth et Marcel Bornoz
1257 La Croix-de-Rozon GE.

Au Lyceum-Club, groupe vaudois
Rue des Charmettes 4
CH-1003 Lausanne

  • Vendredi 11 février à 17h00 : Présentation par Hélène Zufferey, écrivaine, de son livre "Un temps si court". Ed. Monographic. Signatures. Entrée non-membres : Frs. 5.-.

  • Vendredi 18 février à 17h00 : Françoise Jaunin, historienne des Arts nous parle des entretiens qu’elle a eus avec le peintre Balthus. - Entrée non-membres : Frs. 5.-.

  • Vendredi 25 février à 17h00 : "Trois tiers Trio". Récital flûtes à bec, Marie-Claire Bettens, François Mützenberg, Marcos Volonterio. Œuvres de la Renaissance à nos jours, Busnois Brumel, Obrecht, Lassus, Marc Carteney, Mützenberg. - Entrée non-membres : Frs. 10.-. Etudiants et J.M. : Frs. 7.-

A Morges, Place Dufour et Rue de la Gare 6 (du mardi au vendredi)

3 expositions personnelles, du 15 janvier au 12 février 2000

Maria Luisa GARINI, Italie
"Au-delà de la figuration"

VADO, Vassil Dokev Jr , Bulgarie
"L’abstraction au service de l’émotion"

Agnès LARIBI-FROSSARD, Suisse
"Entre rêve et réalité"

La Galerie Pro Arte Kasper fête ses soixante ans

En 1940, Georges Kasper, directeur du Kunstmuseum de Zurich, quittait son poste pour fonder l’une des toutes premières galeries à défendre la peinture d’avant-garde, alors fort décriée en Suisse. Le succès a été au rendez-vous durant six décennies. Car depuis son décès, en 1991, son épouse Lia poursuit l’aventure avec courage et ténacité, réussissant à maintenir la galerie au beau fixe en dépit des diverses crises économiques et artistiques qui ont secoué la Suisse. Pour fêter ces soixante années de bonheur artistique, Lia Kasper a réuni les trois artistes d’exception mentionnés ci-dessus.

 

Page créée le 10.01.00
Dernière mise à jour le 09.10.01

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