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Jean Pierre Vallotton

 


Outre le vent
plus de voix
et les jours empêtrés
dans la glu du sommeil

 


Al di là del vento
senza voce
e i giorni ingolfati
nel sonno vischioso.

 

 


Les corps sont bien las de se greffer sur le vide,
n'abriter que le poids d'étoiles embarquées
sur des vaisseaux gonflés de cargaison putride
(séminale blancheur de la route caillée)

 


I corpi son così stanchi d'attraccarsi al vuoto,
di racchiudere soltanto il peso di stelle imbarcate
sui vascelli turgidi di derrate putrefatte
(bianchezza seminale della strada cagliata).

 

 

Donc
c'était moi ces tessons
glissant sous tes pieds nus
la pointe suraiguë
d'un sourire tranchant

Moi la saveur sauvage
des braises sur ta langue
qui te liaient au chant

Et c'était mon naufrage
ivresse innée des algues
qui t'attirait au fond

 


Il coccio
ero dunque io
viscido sotto i tuoi piedi
nudi, la punta aguzza
d'un sorriso tagliente

Io quel sapore selvatico
di braci sulla tua lingua
che ti legavano al canto

Ed era il mio naufragio
la congenita ebbrezza delle alghe
che ti attirava verso il fondo.

 

 

Nous entendons (n'entendons pas) la plainte aiguë des morts aux grands champs de l'incohérence, la voix flûtée des pierres qu'aiguise le vent - à pas de loups frileux, traçons dans la neige amoindrie de blancheur le reliquaire apocryphe de nos extases anciennes.

 


Sentiamo (e non sentiamo) il lamento lancinante dei morti sulla vasta distesa dell'incoerenza, la voce di flauto delle pietre che il vento acumina - quatti quatti e timorosi, tracciamo sulla neve nel biancore spossato il reliquiario apocrifo delle nostre estasi antiche.

 

 

C'est vide. Sans fond ni forme, sans contours. Ca grince quand on approche. Gémit si l'on y touche. Immuable, se dérobe, toujours offert à d'autres métamorphoses. Cela nous nargue tout en nous ignorant (quel cas la fourmi ferait-elle d'une cathédrale de sable sous ses pattes affairées?). De part nulle et pour jamais, s'absente à nouveau lorsque se ferment les yeux.

 


E' vuoto. Senza fondo ne forma, senza contorni. Stride ad avvicinarsi. Geme se lo si tocca. Immutabile, sfugge, sempre aperto a nuove metamorfosi. Ci sfida e nel contempo ci ignora (si accorge forse la formica di una cattedrale di sabbia su cui zampetta indaffarata?). Senza parte e senza fine, di nuovo se ne va, se chiudi gli occhi.

 

Poème à cordes
© l'arbre à paroles (Amay, Belgique), 2004

Traduzione italiana di Pierre Lepori


Page créée le: 07.12.04
Dernière mise à jour le 07.06.05

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