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Giovanni Orelli

 


Se hai vissuto un giorno, dice l’uomo della salute,
tutto hai vissuto. Un giorno è uguale all’altro, Luna e stelle,
come le vedi che si dispongono palide sorelle
poi rilucenti, i tuoi avi già le avevano vedute

e così le vedranno i nepoti. Non avere nel fondo
della notte paure. Vivi in buona salute. Voluttà
nel buio ti perseguita? Sia allora voluttà
voluttuosa gagliarda corrente vagabonda.

E quando, vagabondi nella notte, ascoltiamo
l’acqua che simile a mano su un clavicembalo va
e il basso continuo del tuono che tamboureggia lontano,

un tumulto di nubi oltre i monti sarà
o è un branco di cervi sopra il duro terreno
di una radura dopo l’estiva siccità?

 


N’aurais-tu vécu qu’un jour unique, dit l’homme des thérapies,
tu aurais tout vécu. Un jour est comme un autre. La lune les étoiles
comme tu les vois rangées, ces sœurs pâles
puis radieuses, tes ancêtres les avaient vues ainsi

et tes petits-enfants les verront telles. Que le fond de
la nuit ne t’effraie pas. Toi, sain de corps et d’esprit. La volupté
dans les ténèbres t’obsède? Qu’elle soit alors volupté
voluptueuse gaillarde courante et vagabonde.

Et lorsque, vagabonds dans la nuit, nous écouterons courir
l’eau pareille à une main le long d’un clavecin
et la basse continue du tonnerre tambourinant au loin,

par-delà les montagnes, les nuages seront en plein délire,
ou sera-ce une harde de cerfs sur le sol pulvérin
d’une clairière que l’estivale sécheresse a fait durcir?

 

 

Mi resistano gli occhi, e un po’di vino e il desiderio
di pace. Goli occhi per fedelissimi amici
libri, vino per sopportare il nero
esilio in questa valle, pace come anticipo

del sonno della morte. E poiché un ufficio
del Destino in un sogno quasi vero
mi ha fatto disertare il sacrificio
a quotidiane idiozie per andare al cimitero

di mia madre, nel suo esilio, da oltre il muro
dove ormeggio la barca della vita solidali
come sirene di piroscafi un augurio sicuro

hanno tubato le colombe della pace ferme su ali
candide. Promisero un buon vino uve mature,
risero anche aquile dall’occhio micidiale.

 


Que les yeux, un peu de vin me perdurent
et le désir de paix. Les yeux pour les amis les plus sûrs
les livres, le vin pour supporter l'exil obscur
en ces vallées, la paix qui préfigure

le sommeil de la mort. Et puisque le Destin, office obscur,
m'incita par un songe presque vrai à déserter
le sacrifice aux quotidiennes vanités
pour aller au-delà des murs,

sur la tombe de ma mère, en son exil, où j'amarrai
ma barque de vivant, ont roucoulé leur infaillible augure
fermes sur leurs ailes blanches les colombes de paix

solidaires autant que les sirènes d'un baleinier.
Promirent du bon vin de la vigne mature,
mais des aigles riaient en même temps de leur oeil meurtrier.

 

Extrait de: Nè timo nè maggiorna (Ni thym ni marjolaine) © Editions Marcos y Marcos

Adaptation française: Monique Laederach

Page créée le: 09.10.01
Dernière mise à jour le 09.10.01

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