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Sylviane Dupuis
Géométrie de l'illimité, Editions La Dogana

Retrouvez également Sylviane Dupuis dans nos pages consacrées aux auteurs de Suisse.

  Sylviane Dupuis / Géométrie de l’illimité
 

Il est intéressant d’examiner dans la perspective développée autour d’Anne Perrier les recueils de poèmes de la rentrée. Pour l’heure, il y en a deux : Azoth de Pierrette Micheloud, et Géométrie de l’illimité de Sylviane Dupuis.

Le recueil de Sylviane Dupuis s’ouvre sur dix-sept poèmes pour une chorégraphie de Noemi Lapzeson intitulés Eléments du labyrinthe avec des allusions, bien sûr au fil d’Ariane mais aussi à ce Minotaure auquel se réfèrent tant de poètes parmi lesquels Dürrenmatt et désormais Jacques Cheesex. Les poèmes suivants sont des " tombeaux " dédiés à toute une série d’hommes célèbres : Bacon, Trakl, Delaunay, Kandinski etc. Enfin, une suite dite Musicales, comportant onze poèmes dont une " coda ".


On peut dire en effet que ces poèmes sont simples ; ils le sont parfois jusqu’à une sorte de naïveté. Tout le recueil est étroitement parsemé de citations et de dédicaces auxquelles S. Dupuis accroche sa parole, manière peut-être de hisser le "" e " d’emblée à niveau des plus grands : poètes, peintres, musiciens, des noms qui témoignent en même temps d’une relation plutôt inquiète à l’érudition, ou qui servent de refuge pour ne pas se prêter au miroir intérieur direct.

Ce qui frappe, dans la plupart de ces poèmes, c’est que les mots absorbent leur objet après l’avoir exposé, et le font disparaître :

Lame trifide dardée
de haut en bas
l’arc-en-ciel troue le lac
et s’y noie.

Disparition multiple, et de tous les domaines : le nu, le gouffre, Toi/Personne, le silence, le vide – et même ce happement trivial pour le tombeau de Bacon :

L’humaine viande
Crucifiée
Tauréée
Mise à sac
Dissoute jusqu’à plus
Couic

Dans les derniers poèmes seulement s’opère comme un revirement, ou une résurrection qui, cependant, paraît un peu forcée, et même là, la gueule du vide menace chaque vers.

Le vide pour dimension transcendantale ? Il semble que non, dans la mesure où il ne s’annonce pas comme une métaphore, mais bel et bien comme un rien. Peut-être bien, après tout, que cette poésie reste encagée par tout l’arsenal littéraire qui l’entoure. Comme si l’auteure n’avait pas le courage de se saisir de la liberté offerte, ou encore, plus gravement, comme si elle n’avait pas (assez) confiance dans ses propres mots.

Monique Laederach

25 nov. 2000

Sylviane Dupuis : Géométrie de l’illimité, La Dogana, 77 p.


Page créée le 09.10.01
Dernière mise à jour le 09.10.01

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