Ecrire dans l'Arc jurassien, un panorama
Ecrire dans l'arc jurassien, un panorama, Editions AENJ, 2002.

Ecrire dans l'Arc jurassien, un panorama

Impressum

Groupe de travail
Pascal Antonietti, Thomas Sandoz et Jean-Bernard Vuillème

Imprimeur
imprimerie des montagnes sa, La Chaux-de-Fonds

Conception graphique
Thierry Gogniat

Typographie et mise en page
imprimerie des montagnes sa, La Chaux-de-Fonds

Avec le soutien de
La Loterie romande, commission neuchâteloise
La Loterie romande, commission jurassienne
La Ville de la Chaux-de-Fonds
La Ville de Neuchâtel
Le Canton de Berne
Le Canton de Neuchâtel


Sauf mention particulière, les textes sont inédits.

Ce livre est gratuit

© Les auteurs (textes inédits) ou les éditeurs mentionnés

Editions AENJ (Association des écrivains neuchâtelois et jurassiens), 2002

Ecrire dans l'arc jurassien, un panorama, Editions AENJ, 2002.

 

Extraits de presse

Comment ça s'écrit, l'arc jurassien

L'Association des écrivains neuchâtelois et jurassiens publie Ecrire dans l'arc jurassien, un panorama. Gratuit et annoncé dans les bibliothèques publiques et les librairies, l'ouvrage regroupe 78 auteurs domiciliés ou liés par leur origine aux cantons de Neuchâtel, du Jura et à la partie francophone du canton de Berne. Poètes, romanciers, essayistes ou librettistes, les auteurs retenus par l'association sont présentés de manière bibliographique et biographique. Il y a là des plumes connues et des "débutants". Suivent de courts, souvent trop courts textes pour signifier l'écriture des auteurs. Un peu dommage... Mais l'outil est avant tout un témoignage du dynamisme et de la diversité de l'écriture dans cette région romande. Pour l'écrivain Jean-Bernard Vuillème, responsable de la publication, "c'est à la fois une mine de renseignements, un document de référence, une invite à la découverte et un recueil de courts textes inédits".
[...]

Ecrire dans l'arc jurassien, un panorama, Editions AENJ, 2002.

Jacques Sterchi
La Liberté
31.08.02

 

Jean-Paul Pellaton,
Tel qu'évoqué par "Ecrire dans l'Arc jurassien, un panorama"

Nouvelliste, romancier et poète né le 10 août 1920 à Porrentruy, décédé le 21 avril 2000.

Jean-Pierre chez les hommes rouges, récit pour la jeunesse, O.S.L., Zurich 1950
Cent fleurs et un adjudant, nouvelles, Ed. du Griffon, Neuchâtel 1953
Quinze jours avec Bob, récits, Labor et Fides, Genève 1955
Le courrier du roi Caraffa, récit pour la jeunesse, Le Verdonnet, Lausanne 1960
Le visiteur de brume, roman, La Baconnière, Neuchâtel 1960
Les lettres de l'étrangère, pièce radiophonique, RSR, 1963
Nous avons tous vu Podiliak, pièce radiophonique, RSR et RTB 1967
Vitraux du Jura, étude en collaboration, Pro Jura, 1968, 1970, 1973, 1988
Les prisons et leurs clefs, nouvelles, L'Age d'Homme, Lausanne 1973
Ces miroirs jumeaux, roman, L'Age d'Homme, Lausanne 1975
rééd. Poche Suisse, L'Age d'Homme, Lausanne 1991
Coplas, poèmes, L'Age d'Homme, Lausanne 1979
Quelques oiseaux étourdis, nouvelles, L'Age d'Homme, Lausanne 1981
Delémont, étude, Ed. Du Griffon, Neuchâtel 1983
Poissons d'or, nouvelles, L'Age d'Homme, Lausanne 1984
Dans la nuit une rose, récit, L'Aire, Lausanne 1985
Une ombre sur la terrasse, roman, L'Age d'Homme, Lausanne 1988
Contes et légendes du pays rauraque, récits, Hifach, Perroy 1989
Septembre mouillé, récits, L'Age d'Homme, Lausanne 1990
Les passeurs de l'aube, roman, L'Age d'Homme, Lausanne, 1992
Le Mège, roman, L'Age d'Homme, Lausanne 1993
Georges au vélo, roman, L'Age d'Homme, Lausanne 1994
Un habit chasse l'autre, nouvelles, L'Age d'Homme, Lausanne 1996
D'Ici-bas, poèmes, Empreintes, Lausanne 1998
Terres de silence, roman, L'Age d'Homme, Lausanne 199
9

Traducteur de deux ouvrages :
De l'impressionnisme au tachisme, de B. von Grünigen, Birkhäuser, 1964
Fritz Winter, de G. Lohberg, Marbach, Berne 1980

Nombreuses préfaces pour des livres de jeunesse. Collaboration pendant quelques années à Coopération et au Service de presse suisse; collaboration épisodique au Démocrate puis au Quotidien jurassien.

Extrait de : Georges au vélo

J'aimais aller au Temple où nous apprenions à connaître un pays situé nous ne savions pas très bien où, quelque part en Orient. Les villes de ce pays s'appelaient Jérusalem, Jéricho ou Bethléem. Le Jourdain y coulait, où Jean-Baptiste avait baptisé le Christ, il y avait une mer Morte et le lac de Génézareth. Des disciples y avaient pêché, l'un avait failli s'y noyer que Jésus, d'un geste, avait ramené sur les eaux. Il y avait une montagne de la tentation et celle du sermon sur la montagne et le jardin des Oliviers. Sans compter les lis des champs qui ne sèment ni ne filent. Un pays lointain mais amical, qui était un peu le nôtre. [...] Des histoires belles et étranges s'étaient passées là, dont les personnages nous étaient proches comme de très anciens parents, Abraham, Esaü et Jacob, Joseph et ses frères, le roi David, Marthe et Marie les amies de Jésus, Lazare le ressuscité, les apôtres.

Un moniteur nous racontait ces histoires que nous apprenions par coeur et qu'il nous faisait réciter. "Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho..." disions-nous, et je voyais une route en pente, le voyageur attaqué par des bandits et abandonné par tous, sauf par le bon Samaritain.

Extrait de : Georges au vélo, roman, L'Age d'Homme, Lausanne 1994

 

Jean-Bernard Vuillème,
In "Ecrire dans l'Arc jurassien, un panorama"

Qu'est-ce qu'une association d'écrivains ? A quoi sert-elle ? Que viennent y chercher les écrivains qui la constituent ? Que voudraient-ils y trouver ? Et que sont-ils prêts à y apporter ? S'agit-il seulement de réunir de temps en temps des individus réputés individualistes qui endossent le beau nom d'écrivain dans un microcosme régional ? S'agirait-il plutôt de s'agglutiner dans l'intention de clamer son existence ? Des intérêts, des révoltes, des projets communs sont-ils à l'ordre du jour? Impossible de présenter l'Association des écrivains neuchâtelois et jurassiens (AENJ) sans commencer par enchâsser une série de questions sur le fil de son nom, sans suggérer à la fois l'extrême utilité et l'extrême fragilité d'une association de ce genre.

Ce sont des questions qu'elle se pose avec acuité en ce début de 21e siècle, presque étonnée d'être encore là, plus ou moins vivante, dans des temps peu propices à la littérature. Et puis, il n'existe rien de moins grégaire que les gens de plume, ni rien de plus orgueilleux, susceptible et même ombrageux. Le mot société ou association paraît presque antinomique avec le mot écrivain, il s'y accole d'une manière quasi indécente. Une association d'écrivains, cela inspire facilement de la méfiance, voire de l'aversion aux écrivains. Un écrivain parle volontiers en son nom, mais répugne à parler au nom des écrivains. C'est dire la difficulté pour une association d'écrivains de faire entendre la parole des écrivains. Peut-être n'en irait-il pas ainsi avec un club, un cénacle, une école, autant de gens rassemblés par une intelligence commune de la littérature et mus par conséquent par des objectifs et des stratégies supra-personnelles. Rien de tel ici: les auteurs de l'AENJ forment une association par simple affinité géographique, hasard de naissance ou de domicile. C'est une sorte d'assemblée de voisins décidés à mieux se connaître et se faire connaître parce qu'ils partagent une commune passion d'écrire, mais pas une idée commune (ou seulement incidemment) de ce qu'est ou vers quoi la littérature devrait tendre en ce début de siècle archisoumis au discours et aux valeurs d'une économie ultralibérale. Cette plaquette en témoigne : diversité des inspirations et des questionnements sont inscrits au coeur même de la vocation rassembleuse de l'AENJ.

Il faut donc partir du plus petit commun dénominateur, à savoir le sort commun au-delà des individus, de leurs ambitions, de leurs réussites et de leurs échecs. A des degrés divers, le sort commun de l'écrivain vivant ici peut se résumer ainsi: un marché minuscule, une région marginale dans une Suisse romande marginalisée par Paris, peu ou pas de droits d'auteurs, des médias (presse romande, radio, télévision) peu enclins à regarder par ici autant que par Lausanne et par Genève. Et donc un sentiment de solitude et la tentation du repli. Rassembler ces solitudes, favoriser amitié et dialogue sans former pour autant une société de larmoyantes et de larmoyants, mais une force capable d'initiatives et d'affirmation de soi, telle est depuis 1950 la fonction première de l'AENJ. Il lui est arrivé de faire beaucoup plus. Malgré sa marginalisation géographique (en fait relative), l'AENJ a presque toujours été l'une des associations cantonales et régionales d'écrivains les plus vivantes et les plus actives en Suisse romande, celle aussi regroupant des auteurs reconnus bien au-delà de leur région. Ses membres font très souvent partie de la Société suisse des écrivains (dont l'AENJ était à l'origine une section régionale) ou des Ecrivains suisses du Groupe d'Olten. L'une des moindres originalités de l'AENJ n'est pas, dans un pays trop souvent rivé à ses particularismes culturels cantonaux, d'avoir su dès le début rassembler des auteurs de trois cantons. Cela a été d'autant plus méritoires que les intellectuels jurassiens sont rarement restés à l'écart du conflit. aujourd'hui moins virulent, qui a longtemps opposé les partisans d'un canton du Jura et le partisans de la fidélité au canton de Berne. Osons le dire une fois, car cela n'allait pas de soi : l'AENJ n'a jamais servi de lieu supplémentaire à cette empoignade, comme si la passion d'écrire, par accord tacite, primait malgré tout la passion patriotique.

L'AENJ permet à des auteurs jeunes de rencontrer des écrivains plus âgés. C'est un lieu de rencontre ouvert et de mémoire vivante. Elle contribue discrètement mais efficacement à la conscience d'une identité littéraire propre à ce pays, par delà les frontières cantonales et dans sa diversité même. Elle s'efforce aussi, avec des succès variables, de sensibiliser le public par des soirées de lecture, des lectures dans les écoles et une participation active à diverses manifestations littéraires ou culturelles d'envergure romande, régionale ou cantonale. Telle a été depuis 1950 l'ambition de l'AENJ présidée successivement par Dorette Berthoud (auteur notamment d'une biographie de Léopold-Robert), Francis Bourquin (à deux reprises), Marc Eigeldinger, Roger-Louis Junod, Pierre Siegenthalter, Huges Wülser, Pascal Antonietti, Françoise Choquard, Suzy Doleyres, Thomas Sandoz et Frédéric Schütz.

Voilà "à quoi sert" l'Association des écrivains neuchâtelois et jurassiens et voilà pourquoi la plupart des écrivains liés aux trois régions qui la constituent conviennent de la nécessité de son existence. Que ce modeste catalogue convainque le public du canton de Neuchâtel, du canton du Jura, de la partie francophone du canton de Berne, de Suisse romande et d'ailleurs que ces "régions lointaines" sont aussi une terre de littérature, de pensée et de culture au sens le plus fort de cette expression, et l'AENJ aura, une fois de plus, servi à quelque chose !

Jean-Bernard Vuillème