retour à la rubrique
retour page d'accueil


Agota Kristof
C'est égal, Paris, Le Seuil, 2005

Retrouvez également Agota Kristof dans nos pages consacrées aux auteurs de Suisse.

  Agota Kristof / C'est égal
 

Agota Kristof - C'est égal

ISBN : 2020787644

 

Un homme est changé en statue au moment où il embrasse son chien pour la dernière fois avant de monter dans un train. Une femme explique au docteur qu'elle ne comprend pas comment son mari a pu se fendre le crâne sur une hache en tombant de son lit. Un enfant, accompagné d'un puma " splendide, beige et doré ", comme dans un tableau surréaliste, marche au bord d'un canal où il croisera son père pour un rendez-vous décisif. Ce père qui, dans la toute dernière histoire - la plus autobiographique certainement - " ne s'est jamais promené main dans la main avec sa fille " et termine ses jours " dans une horrible ville industrielle, qu'il n'avait jamais aimée ". Vingt-cinq textes baignant dans une atmosphère étrange et émouvante, qui constituent peut-être la part la plus secrète de l'oeuvre d'Agota Kristof. Entre la fable et le cauchemar, ces brefs récits qui pourraient être autant de scènes du Grand Cahier ont été composés au fil des années, dès le début de l'exil d'Agota Kristof hors de Hongrie, en 1956.

Agota Krisof, C'est égal, Paris, Le Seuil, 2005

 

  A écouter


Rencontre avec Agota Kristof
avec Carine Baillod, actrice, et Aline Delacrétaz

Ecouter le MP3

27èmes Journée Littéraires de Soleure, 6 mai 2005
(avec l'aimable autorisation des Literaturtage www.literatur.ch)

 

  Revue de presse

Bien qu' elle publie fort peu, Agota Kristof a des fonds de tiroir. La Hongroise la plus connue du canton de Neuchâtel sort ainsi C'est égal. L'opuscule regroupe 25 textes ultracourts écrits depuis 1956. Certains d'entre eux, comme Ma sœur Line, mon frère Lonié, dépassent à peine la page. […] C'est égal soulève du coup un point frappant de l'auteure. Tout s'y révèle si concis, si " basique ", comme on dit aujourd'hui que le lecteur finit par se demander s' il s' agit d'une extraordinaire pauvreté de pensée ou d'une quintessence. Agota rejoint ainsi Marguerite Duras ou Nathalie Sarraute, ces autres dames raclant jusqu' à l'os.

Tribune de Genève
12.02.2005

[…] Que ce soit dans "La Boîte aux lettres", au téléphone ("Les Faux Numéros") ou en face à face, la communication entre les êtres ne passe pas, rien ne peut freiner "le crescendo de la solitude". Le pire est peut-être d'être dépouillé de sa propre vie: "Il n'y avait pas de quoi se souvenir", c'est le bilan d'un ouvrier en fin de course. Une femme rêve du chez-moi qu'elle n'a jamais eu. Une utopie modeste, un quartier pauvre d'une ville pauvre: "Et, sous mes paupières, passeront les images de ce rêve mauvais que fut ma vie./ Mais elles ne me feront plus mal./ Je serai chez moi, seule, vieille et heureuse. "Cyniques", dit Agota Kristof. Mais d'un cynisme sur le fil du fantastique, délié du réel. L'un assassine son professeur pour le soustraire à la brutalité des autres élèves. L'autre s'obstine à déclarer à la police que son mari est tombé sur la hache au pied du lit conjugal. Un troisième, ancien pauvre devenu anorexique, invite ses amis à un festin où il leur sert en ragoût leur chat préféré. Les maisons qu'on quitte en souffrent longtemps. Mais parfois, il vaut mieux s'en aller: "Je pense qu'en dehors, il y a une vie, mais dans cette vie il ne se passe rien. Rien pour moi." On pense au Plume de Henri Michaux ("Je n'ai pas suivi l'affaire, dit Plume, et il se rendormit"). La jeune Hongroise a dû conquérir une langue d'écriture: elle est déjà là dans ces "exercices" si dépouillés, comme plus tard dans la trilogie qui la rendra célèbre. La folie est un refuge: un homme attend "un train pour le Nord" dans une gare désaffectée depuis longtemps. Les morts tournent autour de la ville, dans un canal, rejetés par la mer, et avec eux, "la mauvaise conscience, les erreurs, les abandons, les trahisons, les crimes, les meurtres". "C'est égal"? Rien n'est moins sûr que cette indifférence. Tout blesse encore avec la même acuité. Comme ce souvenir d'enfance en creux qui clôt le recueil: "Nulle part mon père ne s'est promené avec moi la main dans la main."

Isabelle Rüf
Le Temps
08.01.2005

[…] Ces vingt-cinq nouvelles de C'est égal datent d'il y a quinze ans. Elles ne font souvent qu'une page ou deux, on les parcourt comme un chemin jonché de morts, petites stèles qui semblent indiquer une direction mystérieuse. Des morts réelles, ou alors des sortes de : séparations, attentes devant le téléphone ou la boîte aux lettres, personnes jamais revenues. Des petits morceaux défaits un peu tristes, partout le même paysage : "des champs morts et boueux", des maisons vides, des villes et rues désertées […]

Eric Loret

10 février 2005

[…] Agota Kristof, c'est d'abord l'histoire poignante d'une jeune Hongroise qui, à 21 ans, en 1956, décida d'échapper au communisme et atterrit en Suisse, où elle trima dix heures par jour dans une usine d'horlogerie. Et puis, il y eut un miracle, celui de la littérature: en 1986, les éditions du Seuil publièrent son Grand Cahier, un roman magnifique sur le déracinement, la séparation, l'identité perdue, les destins brisés dans l'étau totalitaire. Aujourd'hui, Agota Kristof est traduite en 30 langues, mais, recluse dans son modeste appartement de Neuchâtel, elle tourne le dos au succès. Et prétend même ne plus vouloir écrire. D'où l'intérêt des deux livres qui viennent de paraître - L'Analphabète et C'est égal - dans lesquels elle rameute les démons de son passé douloureux.

André Clavel
L'express Livres

[…] Cruauté, amoralité, hypocrisie, tout leur est bon. L'auteur de ces monstres "charmants" a choisi pour écrire l'économie des mots, ce qui donne une force déchirante à tous ses paragraphes. Impitoyable dans la parcimonie des phrases. On peut parler de style lapidaire, car on le reçoit comme une volée de cailloux lancés à coeur ouvert et saignant. Aujourd'hui, C'est égal est aussi étique pour le style et le nombre de pages. Et il fait mal, immuablement. C'est une série de nouvelles, aussi brèves presque que celles que préférait Félix Fénéon. Et le demi-deuil (ainsi appelait-on le gris, naguère) en est la couleur dominante. On lit des fables qui font mal, comme en écho au mal profond qu'on prête à l'auteur...

Eric Ollivier
Le Figaro
24 février 2005

[…] Fidèle à son écriture dépouillée, tranchante, Agota Kristof ne situe ses récits ni dans le temps ni dans l'espace. On ne sait d'où viennent les personnages des nouvelles aujourd'hui publiées sous un titre glaçant, C'est égal... Chez Agota Kristof, la désespérance, " c'est égal ", et c'est extraordinaire.

Martine Laval
Télérama
9 février 2005


Page créée le: 11.05.05
Dernière mise à jour le: 11.05.05

© "Le Culturactif Suisse" - "Le Service de Presse Suisse"