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Noëlle Revaz
Rapport aux bêtes, Editions Gallimard, 2002.
Von wegen den Tieren, Aus dem Französischen von Andreas Münzner, Basel, Urs Engeler Verlag, 2004,

Retrouvez également Noëlle Revaz dans nos pages consacrées aux auteurs de Suisse.

  Noëlle Revaz / Rapport aux bêtes

ISBN 2070763994

 

" C'est venu l'heure du car postal qui a posé l'ouvrier. Par les fenêtres de la cuisine on l'a regardé venir : un ouvrier baraqué qui a rempli le chemin, le passage sous les arbres et tout le portail entier et qui est venu buter contre la porte de la cuisine : boum boum boum ! De près ça fait sursauter mais j'ai pas eu peur comme V. qui a couru dans la chambre. Alors c'est comme d'habitude, c'est donc moi qui ai dû ouvrir. " C'est Paul qui parle, un paysan fruste et violent qui ne chérit que ses bêtes. Dans son ombre, sa femme, détestée et muette, souffre d'un mal qu'il refuse d'admettre. Lorsque l'ouvrier Georges, le temps d'une saison, s'installe chez eux à la ferme, le regard de Paul insensiblement s'humanise.

Noëlle Revaz, Rapport aux bêtes, Paris, Gallimard, 2002, 240 pages.

 

 

 

  Noëlle Revaz / Von wegen den Tieren

Von wegen den Tieren ist der Monolog von Paul, der von seinen Tieren, der Frau, die er Vulva nennt, einigen namenlosen Kindern und dem Leben auf dem Hof erzählt. "Das Leben ist voll Löcher und Beulen und nicht wirklich lustig oder schön anzusehen", sagt Paul - bis eines Tages Georges auftaucht, ein portugiesischer Saisonarbeiter, der Paul durch seine Art, die Welt zu sehen, zu irritieren beginnt. Indem Georges allmählich die hermetische und autistische Welt von Paul und Vulva öffnet, verändert sich langsam auch Pauls Blick.

Noelle Revaz, Von wegen den Tieren, Basel, Urs Engeler Verlag, 2004,
Aus dem Französischen von Andreas Münzner 312 Seiten.

 

 

ISBN 3905591812

[…] Noëlle Revaz hat ein phantastisches Buch geschrieben über die Herzenskälte, lebensprall und doch vieles nur andeutend, voller Empathie und ohne denunziatorischen Gestus, in einer Sprache, die nur simpel und schräg scheint, in Wahrheit aber Souveränität im Handwerk und Subtilität im Spiel mit Worten verrät.

Roman Bucheli, Neue Zürcher Zeitung

[…] Pauls Monolog ist in vieler Hinsicht ein Paradox, und so ist er nicht zuletzt gleichzeitig schamlos und von einer Reinheit, die berührt. Noëlle Revaz hat ein Buch geschrieben, das auf mehreren Ebenen lesbar ist: Ein Roman, erstens, übers Landleben; die hier beschriebenen Kühe bleiben ja Rindviecher. Aber das Buch ist zweitens auch ein Roman übers Menschenvieh, über die Dornenkrone der Schöpfung, über die Gewalt zwischen Mann und Frau. Und drittens zeigt der Roman: Das Menschenvieh konstituiert sich durch seine Rede, und in dieser Rede ist es unbehaust, ein unsicherer Geselle. Man gerät ins Staunen, wenn man ihm auf seinen krummen Wegen folgt.

Sabine Peters, Deutschlandfunk Büchermarkt: Buch der Woche

Diese Provokation in Buchform (mehrfach ausgezeichnet) ist ein sprachliches Meisterwerk, das einen mit seinen zotig-zarten Melodien gefangen hält und auf seltsame Weise rührt. Für nicht allzu zart Besaitete wärmstens empfohlen.

Heidi Bühler-Naef, SBD Bibliotheksservice

Noëlle Revaz hat eine Sprache gefunden, die zu reden geben wird. Ihr ist ein Roman gelungen, der die seltene Eigenschaft hat, mit seiner Artistik zu fesseln und trotzdem nicht selbstverliebt zu sein. Ein grosses Werk.

Peter Exinger, SonntagsBlick Magazin

Was hier vorliegt, ist eine kongeniale Nachdichtung. Münzner konnte das Schiefe, Hybride an Pauls sprachlichen Bemühungen nicht einfach nachstellen, sondern musste die Kunstsprache neu erfinden, und das ist ihm hervorragend gelungen. Mit der 1968 geborenen Noëlle Revaz hat die schweizerische Gegenwartsliteratur eine gewichtige Stimme hinzugewonnen.

Martin Zingg, Der Bund

 

  Extraits de presse
 

Coup de poing à la face du beau langage

Dans «Rapport aux bêtes», Noëlle Revaz a inventé une langue paysanne qui lui a ouvert les portes de la collection blanche chez Gallimard.

[...] «Comme Céline a inventé une langue urbaine décalée, Noëlle Revaz recrée un parler paysan. Un vrai coup de poing dans la gueule du beau langage.» Le poète et romancier Guy Goffette ne craint pas de faire la comparaison, lui qui a convaincu Gallimard de prendre dans sa collection blanche Rapport aux bêtes. Quelques mois après le Judas de Maurice Chappaz, voici donc un nouveau choc esthétique venu du Valais...

Noëlle Revaz, Rapport aux bêtes, Editions Gallimard, 2002.

Isabelle Rüf

Samedi 19 janvier 2002
Pour lire l'article et l'entretien paru dans LeTemps et sur Internet

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Entretien par Thomas Dayer

A 33 ans seulement, une Valaisanne, Noëlle Revaz, voit son premier roman publié chez Gallimard

Tout enjouée par la sortie encore fraîche de Rapport aux bêtes, Noëlle Revaz avoue qu'elle n'avait jamais osé imaginer une telle issue. "Après avoir terminé ce manuscrit, j'ai attendu plusieurs mois avant de l'envoyer. Ça n'a pas été une démarche facile." Et aujourd'hui, voilà que cette jeune Valaisanne se retrouve propulsée sur le devant de la scène littéraire francophone. Entretien avec une femme épanouie.

Peut-on dire que vous avez été baignée toute petite dans un environnement propice à la lecture et à l'écriture?

Sans doute. Quand j'étais enfant, je lisais énormément. Mais le souvenir le plus précis à m'avoir marqué est celui de ma première rédaction à l'école: ça a été le coup de foudre. J'étais vraiment enthousiasmée par les mots, par l'écriture. Ensuite, j'ai beaucoup griffonné, mais je n'ai jamais terminé quoi que ce soit avant de commencer à écrire pour la radio, en 1996. A ce moment-là, j'ai eu l'occasion de vraiment m'y mettre. J'ai écrit une nouvelle par semaine pendant une année. C'est dans cette lancée que j'ai amorcé Rapport aux bêtes, en pensant que ce serait juste une longue nouvelle.

Combien de temps avez-vous pris pour écrire ce qui est devenu votre premier roman?

Je l'ai commencé début 1997 et fini dans le courant de l'an 2000. Mais je ne l'ai pas écrit en continu, j'ai parfois laissé tomber le manuscrit pendant plusieurs mois. C'était un long processus, d'autant plus que j'écris très lentement, parce que je travaille beaucoup le style.

Vous avez entièrement créé le langage que vous utilisez. Cela a-t-il été difficile?

Non, c'était plutôt naturel: je ne supportais plus d'écrire de manière classique. Je trouvais ça mort, ça me pesait. J'avais l'impression qu'il fallait que je trouve une autre vitesse, une autre vitalité. Alors, j'ai passé de l'imparfait, du passé simple au présent. J'ai changé les personnes, j'ai essayé quelque chose de plus direct. Je cherchais un certain rythme, une certaine couleur. Ça a amené les tournures du langage parlé.

On en vient à vous comparer à Ramuz. Comment réagissez-vous à cela?

D'un côté je suis un peu agacée. Je me dis: "Une Suissesse écrit, on la compare tout de suite à Ramuz!"

Mais d'un autre côté je comprends, car le thème de Rapport aux bêtes est rural. Ramuz a beaucoup écrit sur la vie dans les villages, à la campagne. Il a aussi fait des recherches sur le style. Et il y a aussi ce clin d'œil que je fais à la fin du livre. Par cela, j'accepte le rapprochement. Mais à aucun moment, en écrivant le livre, je n'ai vraiment pensé à lui.

Dans Rapport aux bêtes, Paul, le frustre paysan, nourrit plus d'affection pour ses bêtes que pour sa femme. C'est cruel comme vision des choses...

Mais je pense que ça existe souvent! Il y a tellement de gens qui ont des animaux et qui préfèrent vivre avec eux plutôt qu'avec un partenaire. C'est tellement plus facile et plus simple. Les rapports avec les animaux sont limpides, on en fait ce qu'on veut, on leur prête les pensées qu'on veut et on reçoit d'eux ce qu'on veut.

Comment vivez-vous l'après-parution de votre premier roman?

Je suis très occupée, très sollicitée. Mais je suis très contente de l'avoir publié. J'ai beaucoup hésité avant de l'envoyer, de faire ce pas important. Maintenant, je suis satisfaite parce que j'ai la sensation d'être reconnue dans mon travail. Que demander de plus?

Noëlle Revaz, Rapport aux bêtes, Editions Gallimard, 2002.

Propos recueillis par Thomas Dayer

Vendredi, 15 février 2002

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Noëlle Revaz: esordio nella bianca Gallimard

Partiamo da un annotazione liminare. I critici romandi cantano messe da gloria: evviva evviva, un nuovo esordio delle lettere svizzere nella collana bianca di Gallimard. Ma bisognerebbe moderare gli entusiasmi: sono passati cinque anni da quando Anne-Lou Steininger, con un'opera prima straordinaria, approdava alla Grande Maison parigina. Fu una gioia di critica e di pubblico. Ma oggi questa scrittrice si vede rifiutata dalla possente Gallimard. Stupida politica del coup-d'eclat che certo e ormai radicata nelle abitudini editoriali. L'autore conta poco, anche quando dimostra uno stile nuovo, intenso, sicuro.

E Noëlle Revaz ha in effetti uno stile che colpisce in piena fronte, forse con un sospetto di volontarismo in ciò. Rapport aux Betes e presto riassunto: è il monologo interiore di un contadinaccio abbrutito, che scopre l'umanità della grossa moglie - il cui nome, programmaticamente, e VULVA - grazie all'intervento di un bracciante portoghese. Ecco che Paul impara ad amare qualcun altro che le proprie vacche. Ci troviamo all'esatto opposto di Teorema di Pasolini. Là un angelo arrivava in una famiglia borghese per risvegliarne gli istinti e Laura Betti tornava in fattoria per levitare stregonescamente. Qui un angelo arriva al podere dove regna l'ignoranza per insegnare ad amare la moglie e a guardare la TV per aprirsi al mondo. La cosa - è ovvio - risulterebbe stucchevole se non fosse per lo stile terragno. Perché il mondo del nostro protagonista brutalone suona un po' falso, tra bambini che lasciano la carne nel piatto e lavori stagionali lasciati nel vago. E suona falsa la mìmesi linguistica, che attraverso pochi accorgimenti discorsivi arriva a sostenere un linguaggio rude, ch’è solo superficialmente scioccante.

Ma una dote, questo romanzo la porta con sé: l'autrice e capace dell'estrema millimetria dell'animo umano che fa pulsare veramente di vita il suo personaggio. Mai le prende la fretta di trasformare con troppa evidenza Paul e di trasbordarlo moralisticamente verso la decenza linguistica o la civiltà. Segno questo di una grande maestria di scrittura. Nella speranza che Gallimard non abbandoni troppo presto le promesse di questa nuova scrittrice romanda.

Pierre Lepori

Radio Svizzera Italiana – Rete2

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Noëlle Revaz Valaisanne, 33 ans, éditée pour un premier roman chez Gallimard

[...]
"J'avais envie de surprendre"

Et il y a chez Noëlle, le langage. Un deuxième cadeau de l'auteur, après celui de Gallimard. "C'est une démarche que j'avais dès 6 ans, dit-elle. Bien plus tard, quand j'ai commencé à écrire des textes pour la radio, je me trouvais trop classique. J'ai toujours eu une attention particulière pour le style. Même à l'école primaire, en Valais, je cherchais le style le plus parfait. La radio m'a aidée à développer une sorte de monologue intérieur. Pour ce livre, je voulais du rythme, j'avais envie de surprendre, d'inventer."

Noëlle Revaz prend avec calme et philosophie cette soudaine notoriété qui est la sienne. On lui a dit que son livre était très noir. Ce qui, en somme, n'est pas tout à fait vrai, puisque Paul vivra une espèce de rédemption grâce à son ouvrier, le Portugais, et qu'il dira, à sa frustre façon, à Vulve qu'il l'aime.
[...]

Noëlle Revaz, Rapport aux bêtes, Editions Gallimard, 2002.

Aimé Corbaz

Dimanche, 17 février 2002

Dans son premier livre, Noëlle Revaz campe un plouc grave, au mental comme au parlé. Un valet de ferme, féru de langues anciennes, l'humanise comme il peut...

[...]
Dès la première page de Rapport aux bêtes, un tilt annonce l'apparition d'un écrivain, ça ne fait pas un pli, qui se reconnaît aux mots choisis, aux rythmes, à la couleur, au modelé, à la pâte du langage.
[...]

Noëlle Revaz, Rapport aux bêtes, Editions Gallimard, 2002.

Jean-Louis Kuffer

Mardi, 22 janvier 2002

Noëlle Revaz s'impose du premier coup

Editée chez Gallimard, la Romande invente un faux vrai parler paysan. Portrait.

C'est une jeune femme, belle, toute mince, aux gestes empreints de douceur. C'est un roman, beau, compact de densité, aux pages gorgées de dureté. L'une semble s'opposer à l'autre. Eternelle question que celle qui confronte l'écrivain à son oeuvre. Mais ici, elle prend tout son sens. Comment Noëlle Revaz, âgée de 32 ans, enseignante de français et de latin, Valaisanne d'origine établie à Lausanne, a-t-elle pu écrire un premier roman aussi rude, pour décrire une vie de couple à la campagne?

Racontée à la première personne, la trame est limpide. Paul traite son épouse comme une bête, moins bien que ses vaches, pense-t-on. Sa relation avec sa femme, désignée par le terrible prénom de Vulve, va changer et se teinter d'estime, sinon d'amour, avec l'arrivée de Jorge, le saisonnier portugais. Une histoire simple, qui vous arrive dans l'estomac par sa violence et son réalisme. Qui vous touche au coeur aussi à travers les mots assénés par Paul.
[...]

Michel Imhof

lundi, 11 février 2002

 

Page créée le: 20.03.02
Dernière mise à jour le 04.09.09

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