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Joëlle Kuntz
Adieu à Terminus, Réflexions sur les frontières d'un monde globalisé, Hachette Littératures, 2004

Retrouvez également Joëlle Kuntz dans nos pages consacrées aux auteurs de Suisse.

  Joëlle Kuntz / Adieu à Terminus
 

ISBN 2-01-235695-8

Chaque année, en février, Rome sacrifie des animaux à Terminus pour le remercier de surveiller ses bornes. Le dieu protège le territoire acquis, mesuré par ses arpenteurs. Les siècles passant, ceux-ci ont achevé de quadriller le monde ; il n'y a plus de terre à conquérir, d'ailleurs l'ONU l'interdit. La fin de la conquête nous laisse devant un nouvel inconnu : habitués à nous projeter toujours plus loin, l'esprit et la botte conquérants, nous ne parvenons pas à concevoir une intendance commune, une "politique intérieure mondiale", comme si l'absence de nouvelles terres à prendre avait asséché nos ressources d'imagination.

Les frontières ne sont pour rien dans nos difficultés, elles sont le prétexte de nos querelles, non la cause. L'auteur défend leur innocence et raconte celles qu'elle connaît, les siennes, le long de son itinéraire personnel qui part d'un ruisseau franco-suisse pour s'en aller aux confins de l'Afrique et de la Chine. Parcourant ces cicatrices du monde, elle affirme qu'elles ne valent pas de nouveaux sacrifices : elle congédie Terminus.


Joëlle Kuntz est journaliste. Editorialiste au Temps, à Genève, elle a mené sa carrière professionnelle entre ses deux pays, la France (Le Quotidien de Paris, Le Matin de Paris) et la Suisse. Elle a publié Les Fusils et les urnes : le Portugal d'aujourd'hui (Denoël, 1975) et L'Agrandissement : divertimento (B. Campiche, 1993).

Adieu à Terminus, Réflexions sur les frontières d'un monde globalisé, Hachette Littératures, 2004

 

  Extraits de presse

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La frontière n'est pas la cause de nos problèmes, elle en est le prétexte. Nous la percevons d'ailleurs de manières très diverses. Lorsque nous partons en vacances, en consommateurs du monde nous la souhaitons facile, vite franchie. En citoyens-contribuables, au contraire, nous la voulons infranchissable à tous ceux qui souhaitent entrer. C'est une vision que nous devrions rééquilibrer. Contrairement à ce que prônent certains, établir une frontière et la garder n'est pas un projet. Or, sans projet, une communauté perd sa force, son lien.
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Adieu à Terminus, Réflexions sur les frontières d'un monde globalisé, Hachette Littératures, 2004

Joëlle Kuntz à Marie-Christine Pasche

24.03.04

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Joëlle Kuntz a fouillé dans ses souvenirs, dans ses expériences de journaliste, dans des livres savants aussi, et elle a tricoté maille après maille un ouvrage sensible et intelligent [...] sur toutes les déclinaisons possibles du mot "frontière". La frontière qui sépare, celle qui déclenche les guerres, celle qui rapproche, celle qui se ferme, celle qui s'ouvre.

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Cela donne un essai très personnel et joliment écrit sur la propriété, la nationalité, l'étranger et la différence. De Terminus, le dieu romain des bornes, jusqu'à Canaan, la Terre promise... de Macao à l'Afrique noire et au mur de Berlin, Joëlle Kuntz décrypte l'histoire de l'humanité [...] avec toujours les frontières comme explication.
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Adieu à Terminus, Réflexions sur les frontières d'un monde globalisé, Hachette Littératures, 2004

Yves de Chazournes
Lire

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Sa réussite est d'avoir su inventer une forme accordée à son projet. Une écriture fluide. Une réflexion capricante. Une manière souple et subtile de glisser du récit à l'analyse, des souvenirs d'enfance à la charte onusienne, des espaces intimes au désordre planétaire.

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Joëlle Kuntz, qui nous balade aussi de la Chine des jésuites à la planète Mars, cherche en même temps un lieu qui la constitue: la place du monde dans sa vie comme sa propre place dans le monde.

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Terminus était le dieu romain des bornes, explique Joëlle Kuntz; il arpentait les limites sans cesse en mouvement d'un empire qui se rêvait monde.

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Pour Joëlle Kuntz, dire Adieu à Terminus est une renonciation nécessaire, dans le monde rétréci qui est devenu le nôtre, afin de savoir "comment nous organiser pour y vivre tous ensemble".

Adieu à Terminus, Réflexions sur les frontières d'un monde globalisé, Hachette Littératures, 2004

Michel Audétat

Rien n'est plus commun à la mondialisation que la notion de frontières. C'est le paradoxe que relève Adieu à Terminus en guise d'introduction: les particularismes se soulèvent passionnément au fur et à mesure que les individus et les groupes entrent dans la grande lessiveuse des différences qu'est la mondialisation.

Dans Adieu terminus, Hachette Littératures 2004, Joëlle Kunz, journaliste au journal Le Temps, explore la notion de frontière. Elle le fait à la faveur de six séquences de brèves nouvelles intitulées: Itinéraires (les siens), No man's land, Le partage du monde, L'espace et la fuite, La frontière en chair et en os, Matière à penser. [...]
Comme toutes les géographies, Adieu à Terminus [...] propose une géographie mentale. Les frontières sont à ce point taillées dans la glèbe, [...] parce que la séparation est une grande passion humaine. [...]

Joëlle Kunz raconte fort bien. Elle conçoit qu'après tant d'essais labourés et laborieux sur la mondialisation-globalisation, le temps est venu de la raconter plutôt que de rabâcher les concepts. L'auteur ajoute à sa mobilité de journaliste une riche expérience transfrontalière. [...]

Adieu à Terminus, Réflexions sur les frontières d'un monde globalisé, Hachette Littératures, 2004

Antoine Maurice

25.03.2004

Avec le dieu Terminus, Joëlle Kuntz regarde passer la frontière

[...] Appuyée sur de nombreuses lectures, à commencer par l'ouvrage de Jeffrey Herbst sur l'Afrique, la démonstration emprunte des formes et des lieux variés: un dialogue autour du fantôme du mur de Berlin, un autre avec un enfant à propos du paradis, les retrouvailles d'un couple de cinéma sur un parking de check-point palestinien, une anecdote sur Sarajevo, une fable sur la cohabitation dans un immeuble, une conversation dans la cave bernoise de Swisstopo, une phrase drolatique résumant les idées de George Steiner sur la traduction.
[...]
En attendant la Lune et Mars, 193 Etats souverains représentant 6,3 milliards d'humains se partagent aujourd'hui la Terre, devenue un espace fini depuis 1945 et l'article 2 de la charte des Nations unies décrétant qu'il est interdit de «conquérir un territoire par la force». [...]
«Nouveauté inouïe dans l'histoire humaine», l'agrandissement territorial appartient désormais au passé [...]. Avec un correctif onusien d'importance: le droit des peuples à l'autodétermination, qui réintroduit des rapports de force dans la partition des pays. Ainsi en a-t-il été lors de la sécession de l'Erythrée ou de Timor-Est, en vertu du soutien de l'Australie ou du lâchage de l'Union soviétique. L'exception à la règle, c'est la séparation voulue de part et d'autre de la Slovaquie et de la République tchèque; à quoi l'on peut ajouter la prochaine réunification de Chypre.

Si donc la force et «le droit d'ingérence» finissent toujours par apparaître illégitimes (cf. l'Irak), reste à penser les frontières en termes de valeur, en espérant que les valeurs culturelles, scientifiques, sportives voire gastronomiques auront leur place aux côtés de celles qui sont plus difficiles à défendre sans opposition, comme la démocratie ou l'islam. Joëlle Kuntz en appelle pour conclure à la légitimité supranationale qui devrait guider les habitants de la maison Terre, à condition qu'ils se donnent les moyens d'avoir un projet commun - dans lequel Terminus n'aura plus rien à faire.
[...]

Isabelle Martin

21 février 2004

 

Page créée le: 01.04.04
Dernière mise à jour le 06.04.04

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