Mary Anna Barbey : Ateliers d'écriture

Les ateliers d'écriture Mary Anna Barbey / Présentation et Programme

C'est en 1980 que j'ai créé, dans le cadre de l'Université populaire de Lausanne, le premier Atelier d'écriture en Suisse romande. Depuis lors, à la demande des participants, mon activité s'est constamment développée dans ce domaine. Actuellement, j'offre une douzaine d'ateliers par année dont la durée varie entre 18 et 40 heures de travail en groupe. Pour certains ateliers, l'écriture se fait en dehors des séances qui sont consacrées uniquement à la lecture et à la critique. Dans d'autres, les textes se réalisent sur place.

Le programme de la saison 2001-2002 donne, ci-dessous, un aperçu des objectifs et contenus de l'ensemble. Les thèmes des ateliers de perfectionnement peuvent cependant varier d'une année à l'autre.

Ateliers de base

Ecriture - Evasion --> Atelier “A”, ouvert à tous.
Cet atelier a pour but principal la stimulation de l’écriture personnelle. Il permet de renouer avec l’écrit, d’en retrouver le plaisir et de se confronter aux textes et commentaires des autres membres du groupe. A partir de consignes proposées par l’animatrice, les textes sont écrits sur place, puis lus à haute voix par l'auteur.

  • Six séances hebdomadaires, à L'université populaire de Lausanne, de 19h15 à 22h. Prix : F. 230.- Prochain cours : automne 2003
  • En atelier résidentiel (La Fresse, près de Pontarlier, France), Prochain atelier : du 29 mai au 1er juin 2003, week-end de l'Ascension (dès le jeudi soir, 19h30). Prix: FS. 570.- tout compris. Pour tout renseignement: Mary anna Barbey, chemin de la Dranse 11, 1004 Lausanne. Tél. 021 647 74 79. Email: maryanna@bluewin.ch

Ateliers de perfectionnement
réservés aux personnes qui ont suivi l’Atelier A.

Approche du texte --> Atelier "B", réservé aux personnes qui ont suivi l’Atelier A.
Cet atelier permet d’expérimenter diverses contraintes propres à l’élaboration d’un texte et d’améliorer l’approche critique, afin de rendre l'écrit plus efficace. A partir de consignes proposées par l’animatrice, les textes sont réalisés en partie lors des séances, en partie en dehors de celles-ci. Ils sont photocopiés pour les participants, lus et commentés ensemble lors des rencontres.

  • 12 soirées à quinzaine, à Lausanne, dès l'automne 2003. Prix. FS. 450.-

Ateliers à thèmes, résidentiels à la Fresse (maison d'hôte près de Pontarlier, France)
Divers thèmes sont proposés: personnages, dialogues, intrigues; écriture autobiographique; écrire l'absence; haïkus.

Ateliers “ Long Cours ”: ateliers permanents pour travailler sur un projet d'écriture personnel.
8 séances (une fois pour mois) suivies d'un week-end final.
Pré-requis: Ateliers A et B.

Les Semaines d'écriture à Vaison-la-Romaine sont destinées à ceux qui désirent prendre du temps, au calme, pour travailler sur un projet d'écriture personnel.
Eté 2003. Ces semaines sont réservées aux personnes qui ont suivi au moins deux ateliers..

 

L'ART D'ECRIRE
Les Ateliers d'écriture changent de nom

En 1980, j'ai eu le bonheur de créer, dans le cadre de l'Université populaire de Lausanne, les premiers " ateliers d'écriture " de Suisse romande. Pour l'UPL de l'époque, c'était une véritable innovation : abandonner le cours ex cathedra pour faire discuter les élèves ? leur proposer d'écrire sur place et de disposer, pour cela, d'un temps long (trois heures)? Ma demande paraissait étrange mais, en fin de compte, deux mots-clef ont permis de la faire accepter: c'étaient créativité et atelier. Depuis lors, on le sait, la mode des ateliers d'écriture s'est répandue et le terme recouvre aujourd'hui des approches fort diverses.

De mon côté, grâce à mon expérience d'écrivaine et à mon contact permanent avec les participants des ateliers au cours de ces 25 ans, ma vision de ce travail et mes objectifs se sont considérablement transformés. Même si l'expression personnelle et la créativité restent toujours de première importance, j'ai acquis la conviction qu'écrire requiert des apprentissages et que seule une pratique régulière de l'écriture permet d'en faire un véritable outil d'expression et de communication.

Il m'est donc apparu que le terme d'atelier, à la fois vague et trop éloigné de la notion d'étude, ne correspond plus vraiment à ce que je propose. C'est ainsi que les futurs participants seront invités à suivre des séminaires consacrés à l'art d'écrire : séminaire parce que ce terme désigne, selon le dictionnaire, le "groupe de travail dirigé par un professeur, où les étudiants participent activement " ; art d'écrire puisque l'écriture a sa grande et belle place parmi les arts et sera, de ce fait, l'objet d'une attention soutenue.

Ceci étant, les séminaires s'inscriront toujours dans la lignée dont ils sont issus, à savoir les mouvements d'éducation permanente , et sont donc ouverts à tous. Les nouveaux participants commenceront par suivre le module " A " qui s'appelle, précisément, l'Art d'écrire et qui pose les bases d'un travail futur. Les anciens participants connaissent déjà, quant à eux, les chemins familiers, et parfois escarpés, du travail d'écriture. Je me réjouis de rencontrer, ou de retrouver, les uns et les autres.

Mary Anna Barbey

 

Mary Anna Barbey / Présentation

  • On ne s'improvise pas animatrices ou animateurs d'ateliers d'écriture.
  • Formation et compétences requises pour animer un atelier.

Animer des ateliers d'écriture ne s'improvise pas. Voici, en quelques mots, mon propre parcours de formation et d'expérience professionnelle.

A ma licence en philosophie se sont ajoutées une formation en animation de groupe et à l'entretien individuel et des connaissances approfondies en psychologie; j'ai travaillé comme formatrice d'adultes pendant près de trente ans dans un domaine psycho-social et en tant que journaliste indépendante pendant vingt ans.

Je suis écrivaine, auteur de six livres publiés dont D'Amérique (Editions Zoé, 1999) qui a reçu le prix de la Société littéraire de Genève. Je considère d'ailleurs que l'expérience de la publication est indispensable pour qui veut animer des ateliers d'écriture car la publication est, en quelque sorte, le "diplôme" de l'écrivain; c'est en tout cas la seule reconnaissance qu'offre notre société du travail de celui-ci. Par ailleurs, publier, c'est se risquer; c'est supporter le regard d'autrui sur sa propre œuvre; c'est aussi pouvoir se détacher de celle-ci: toutes choses que l'on demande, dans une moindre mesure, au participant à l'atelier d'écriture. L'animateur/trice se doit d'en avoir fait lui-même l'expérience.

Enfin, la formation à l'animation des groupes et à l'accompagnement psychologique des personnes me paraît nécessaire car le travail à plusieurs suscite d'autres émotions que l'écriture en solitaire. Il est essentiel que les participants se sentent, à cet égard, en sécurité.

 

Ateliers d'Ecriture, Une Scène littéraire / Mary Anna Barbey

Ça vient d'Amérique! Dans la bouche de ceux pour qui l'écriture ne peut procéder que d'une source d'inspiration divine, cette sentence équivaut, sinon à une condamnation, du moins à un rejet des ateliers d'écriture hors de la scène littéraire. Dans cette optique, ceux qui les fréquentent ne seraient pas de "vrais écrivains". Comprenez: l'écriture n'est pas pour eux.

Il y a, bien sûr, malentendu, qu'il s'agit d'élucider.

En réalité, les ateliers d'écriture helvétiques viennent, non pas d'outre-Atlantique, mais de mai 68. Nés du souffle libertaire, ils proposaient de sortir l'usage de l'écriture des cénacles élitistes et de la rendre accessible à tous. L'écrit, affirme la sociologue Valérie Amaudruz Solano, est devenu "le code d'expression de la civilisation occidentale". Par la production d'un texte, l'individu non seulement consolide sa propre identité, il acquiert aussi une visibilité sociale et obtient en retour une confirmation de sa place dans le monde; en un mot, il tient la clef du code.

Parmi les pionniers des ateliers d'écriture en Suisse, il faut citer l'écrivain Werner Wüthrich, auteur dramatique bernois, qui a vécu longtemps à Vienne et revendique une filiation à la fois ouvrière et brechtienne. Ses premiers ateliers ont été créés à la fin des années 70 dans le cadre de la Volkshochschule à Berne et de la Centrale suisse d'éducation ouvrière. En Suisse romande la soussignée créait un premier atelier en 1980, sous l'égide de l'Université populaire de Lausanne.

Comme le mouvement de mai 68 dont ils sont nés, ces ateliers s'orientaient selon deux axes. D'une part, ouverts à tous sans pré-requis, offerts souvent dans le cadre d'institutions de formation, ils prolongeaient dès l'origine, les objectifs de l'éducation populaire, tout en ouvrant l'ère de la formation des adultes. D'autre part, centrés sur la production de et par l'individu, ils ne pouvaient que mobiliser fortement la pulsion autobiographique. Par la suite, certains ateliers ont pris l'option de favoriser surtout le développement personnel, l'écriture devenant un support à la recherche psychologique. L'exploitation de l'effet-miroir de l'écriture ne conduit pas pour autant, comme on l'a parfois prétendu, à une pratique de "psychothérapie sauvage"; il s'agit encore et toujours d'une démarche visant à augmenter le pouvoir de chacun sur son propre destin.

L'aspect littéraire du travail en atelier s'est développé en référence, il est vrai, à la longue tradition américaine du creative writing - c'est-à-dire de l'enseignement de l'écriture en tant que branche légitime du cursus scolaire et universitaire - mais aussi sous l'impulsion d'animateurs-écrivains soucieux de renforcer la lisibilité des textes produits, et leur pouvoir de communication. Il n'a jamais été question cependant de faire de l'art pour l'art; le travail en atelier cherchera toujours à susciter ce que Joseph Conrad appelle la "conviction subtile mais invincible d'une solidarité qui tisse ensemble d'innombrables cœurs solitaires; …qui lie l'humanité toute entière – les morts aux vivants, et les vivants à ceux encore à naître."

On ne saurait mieux définir les buts de l'atelier d'écriture.

Motivations qui animent les participants

En s'inscrivant une première fois, les participants aux ateliers n'ont pas toujours conscience de l'étendue de l'offre ni des outils qu'ils vont, s'ils persévèrent, acquérir en direction d'une meilleure capacité de communication et de création. Néanmoins, ils savent, la plupart du temps, dire ce qu'ils espèrent y trouver. On peut citer notamment trois motivations entendues fréquemment.

S'exprimer, ou la rage de l'expression, pour reprendre les termes de Francis Ponge. Certains participants évoqueront clairement leur quête d'un moyen d'expression, notamment ceux qui, l'âge venant, voient passer le temps sans avoir réalisé l'un ou l'autre de leurs rêves de jeunesse. Le moyen d'expression, quel qu'il soit – peinture, musique, expression corporelle, écriture – , offre un support à cette quête à la fois identitaire et de contact. Cependant, le statut de l'écriture, parmi les arts, est particulier puisque chacun possède déjà quelques outils de base: grammaire, vocabulaire, notions textuelles glanées au cours des lectures (il n'est pas question ici des ateliers destinés spécifiquement à remédier à l'illétrisme). On peut s'imaginer écrivant!

Autre particularité, l'écriture, davantage que la musique ou la peinture, raconte l'histoire de chacun. L'auto-reconnaissance est donc inéluctable.

On pourrait voir dans ce besoin d'expression une exacerbation de l'individualisme si caractéristique du siècle que l'on vient de quitter. C'est en tout cas une des dérives possibles. L'animateur-écrivain devra donc, tôt ou tard, interroger: s'exprimer, oui, mais pour quoi faire? Certes, écrire permet de mieux savoir "qui on est" (beaucoup avouent d'ailleurs utiliser le journal intime dans ce but); mais la participation à un atelier implique bien autre chose: on va, ici, se montrer aux autres et, ce faisant, être reconnu, écouté, entendu. Il s'agit d'en avertir les participants d'emblée; ceux que l'expérience pourrait effrayer auront ainsi tout loisir de chercher un autre moyen d'expression offrant davantage de distance.

Se perfectionner. Si le but premier de l'atelier d'écriture doit être de faciliter l'expression écrite de chacun, dans un climat exempt de jugements de valeur, il est néanmoins évident que la plupart des participants vont bientôt exprimer le désir de progresser, c'est-à-dire d'améliorer l'efficacité de leur écriture, qu'il s'agisse de leur écriture personnelle ou de celle qu'ils sont contraints d'utiliser dans la vie professionnelle.

L'art de l'animateur-écrivain, dès lors, consiste à permettre une réflexion formatrice à propos des textes sans soulever les vieux démons du temps de l'école: peur de la critique, rivalité avec autrui, sentiments d'impuissance…. Ensemble, participants et formateur tenteront d'identifier, dans l'écrit présenté, "ce qui marche", tout en signalant en douceur ce qui "passe" moins bien. Ainsi, peu à peu, chaque groupe fera l'apprentissage de la réflexion sur l'écrit, développant à la longue un espace de confrontation, voire de contradiction, qui laissera l'auteur maître de ses choix.

Transmettre. Beaucoup de participants désirent, par l'écriture, transmettre une expérience, une histoire, une vision de l'existence. Leurs destinataires sont très divers mais il convient de signaler tout particulièrement l'essor actuel, bienvenu, de la transmission familiale, conséquent sans doute au vieillissement de la population mais lié aussi à un intérêt accru pour les thèmes de la filiation et de l'appartenance.

La question de la transmission pose aussi celle, difficile, de la publication. Certains formateurs estiment que si le talent se révèle en atelier, il doit être encouragé dans son cheminement naturel, si possible jusqu'à la reconnaissance officielle qu'offrent la maison d'édition, la scène théâtrale, l'émission de radio, le magazine... D'autres considèrent que l'atelier est un lieu d'écoute, d'échange et de perfectionnement, éventuellement un tremplin pour se dire ailleurs, mais ne doit pas être parasité par des préoccupations de reconnaissance extérieure. Toutefois, comme le dit Valérie Amaudruz Solano, quelle que soit l'option du formateur, "la publication n'apaise pas le besoin de se dire."

Peut-on parler d'un lien entre les ateliers d'écriture et la "scène littéraire" ?

Peut-on parler d'un lien entre les ateliers d'écriture et la "scène littéraire"? Si par ce terme, on entend les lieux où se propage une vision élitiste de l'artiste ravagé et solitaire, ployant sous le poids des géants qui l'ont précédé, il ne faudra pas y chercher les participants de l'atelier d'écriture. Ceux-ci, à l'instar de Conrad, aspirent à la solidarité, tout en sachant que la création littéraire a toujours été, et sera toujours, le fruit d'un être seul.

Si, en revanche, on entend par "scène littéraire" toute activité qui, de près ou de loin, touche à la création de textes et à l'encouragement de la lecture, alors les ateliers d'écriture, par le nombre de personnes qu'ils mobilisent et la ferveur pour la lecture qu'ils suscitent, font incontestablement partie cette scène. Ils y occupent une place certes modeste mais proche de tous ceux, nombreux, qui cherchent dans l'écrit des raisons, et l'art, de vivre.

Mary Anna Barbey

Ce texte a paru dans Script – Pro Helvetia et la littérature, Pro Helvetia, 2001.

L'auteur tient à remercier M. Werner Wüthrich, Dozent an der GTG à Granges et Mme Valérie Amaudruz Solano, sociologue à Genève, pour leur précieuse collaboration à la réalisation de ce texte.

 

Informations

L'atelier d'écriture

Mary Anna Barbey
Chemin de la Dranse 11
1004 Lausanne
tel/fax 021 647 74 79
maryanna.barbey@bluewin.ch