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Francine Clavien

  Francine Clavien
 

Francine Clavien
née en 1967 à Miège. Etudes de lettres. Vit à Lausanne.

A publié en avril 2001, "Terre arraisonnée", in « Achevé d'imprimer », aux Editions Empreintes. « Achevé d'imprimer » est un coffret composé de cinq recueils d'auteurs suisses et français. Il a été édité, imprimé en typographie, relié et diffusé au Salon du Livre 2001 par les Editions Empreintes.

Vient de publier, en avril 2002, « Eté visionnaire », recueil de poèmes aux Editions Empreintes.

 

  Inédit
 

Séjour créateur

I

Forêt d'épices chaudes et humides
L'arrivée -sue de tous- L'inclinaison
des arbres porte l'éveil natif, la joie
des bonnes choses pour la fille
moins lourde Arbrisseaux de sureau,
les dents rouges du sourire de l'enfance
dans les fougères de pluie,
que l'ordre et l'obéissance oublient
Marche à marche de mousse dans le bois
vorace, où migre la mémoire, l'autre,
cendrée et pauvre, toujours aux abois.


II

Enfin une pluie sans nuages
qui voûte nos désirs peureux,
sous le berceau du village,
lieu des célibataires
Bonnes graines et bonnes gens
s'entendent par les chemins battus
Les jeunes galvaudent le jour,
invisibles sous les cordes épaisses,
étreignent le froid, à la pause forcée,
et pressent, contre toute attente,
le sein des mères.


III

La pluie cosmique s'est mise à tomber,
sur les granges diminuées Les hommes
ont rendu chaque brin sous la lampe affaiblie
La nuit retournée boit la terre
Celles qui composent des sourires, des histoires
d'une incroyable vieillerie se plaignent à elles-mêmes,
de menues joies, d'orages sans fin.


IV

Entre leurs mains le vent que les enfants saisissent…
Votre femme a beaucoup perdu Affligé, le ciel,
lorsque les oiseaux quittent la saison, et dans notre raison
faiblissent Parmi les vieux, le talent s'appauvrit.


V

De condition modeste, nous et le hameau,
recouverts de glace tendre, maugréons
contre nos jours pires, nos routes vers nulle part.

L'eau du puit immobile est rejointe,
par l'ortie blanche et l'absinthe.

L'attente s'estompe et revient du rien,
comme les nuages, sur nos bustes gainés
Un éclat de musique pour la fête des humbles.


VI

Marchant toujours plus loin, au calendrier d'hiver,
mais limité à ses terres Bottez-moi d'un élan
de sept lieues
, lorsque le soir descend plus vite
que le rapiéceur, qui connaît les fermes,
courant de très loin, vers les seules bornes
qui ne fuient comme les arbres.


VII

L'esprit passe très au large
de ce replat de cendre
Nous respirions mal avant la neige
Le rétif est sous la blancheur,
l'imagination, à l'envol.


Francine Clavien

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© Le Culturactif Suisse

Page créée le 24.12.02
Dernière mise à jour le 24.12.02

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