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Editions L'Age d'Homme
Rue de Genève 10
1003 Lausanne
Tél. 021 312 00 95 - Fax 021 320 84 40
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http://www.lagedhomme.com


Parutions 2010

Bernard Andrieu / Le Monde corporel
01/2010 - 252 p. - ISBN 978-2-8251-3922-6
De la constitution interactive du soi
Voici un ouvrage à la pointe de la recherche menée actuellement entre la phénoménologie, la neurologie et la neuro-psychiatrie sur la question de la corporéité et du cerveau. Connaisseur aussi bien de la tradition philosophique européenne que des différents courants de la Philosophy of Mind anglo-saxonne, auteur de plusieurs livres, Bernard Andrieu (Université Nancy 2) livre avec ces pages son ouvrage le plus abouti en même temps que le plus synthétique de l’ensemble de ses travaux.

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Bernard Antenen / La piqueuse d'ourites et autres fantasmes
04/2010 - 96 p. - ISBN 978-2-8251-3979-0
Après deux romans publiés à L’Age d’Homme, Bernard Antenen propose ici un recueil de nouvelles, sensibles, élégantes, à l’écriture ciselée, souvent érotiques, se passant, pour l’une d’entre elles, en Afrique noire.

«Qui, du rêve et de la réalité, conduit l’autre ? » se demande l’auteur pour qui femmes et fourmis se confondent dans un même tortillement de la croupe : «Ah ! en tenir une, rien qu’une, noire ou brunette, fuselée, entre mes mains!»
De la réalité – la naissance en un jour et un lieu précis (le 3 mai 1936 à Lausanne), un tableau de Memling, un lit d’hôpital sur une île de l’océan Indien, un marchandage au Sénégal, la rade de Genève, le passage de l’enfance à l’adolescence sur fond de guerre et de beauté lémanique – surgissent les fantasmes où l’auteur rencontre pêle-mêle voyageurs du XVIIIe siècle, le peintre Konrad Witz, une voisine d’enfance du Christ… Lieux et époques se mêlent, en une savante confusion, dans un univers où, selon la célèbre phrase d’André Breton, « la vie et la mort, le réel et l’imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l’incommunicable, le haut et le bas cessent d’être perçus contradictoirement ».
L’auteur nous entraîne dans un espace onirique, entre poésie et méditation, où l’ironie exorcise l’angoisse, où la vie fait la nique à la mort, à moins que ce ne soit le contraire. Qu’importe ? « Le rêve et la réalité se fondent à l’horizon, cette illusion qui se dérobe. »

Né en 1936 à Lausanne, où il passa son enfance et sa jeunesse, Bernard Antenen a bourlingué dans l’enseignement des bords de la mer Noire à ceux du lac de Lugano en passant par Payerne, Sainte-Croix, Lausanne, avant de s’établir à Genève où il réside depuis 1979. Il est l’auteur d’une étude sur le graveur belge Frans Masereel et de deux romans, parus à l’Age d’Homme : Le Manteau du Père Noël, distingué en 1997 comme « Livre de l’année » par la Fondation Schiller suisse, et D’un Siècle lointain ou le regard de Constance, où le lecteur est invité à reconstituer les destins croisés de cinq personnages. Avec La piqueuse d’ourites et autres fantasmes, l’auteur aborde le texte court et passe du « il » au « je ».

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Richard Aeschlimann / Czapski - Moments partagés
10/2010 - 174 p. - ISBN 978-2-8251-2214-3
Souvenir d’enfance : une de mes sœurs était tombée amoureuse à l’âge de huit ans d’un vieux monsieur ami de mes parents. Elle peignait ses ongles avec des crayons de toutes les couleurs pour le charmer dès qu’elle apprenait sa visite. Le monsieur parti, sa mère lui demande la cause de sa tenue fiévreuse et insolite.
« Mais Maman, il est si beau, il a un nez si rouge avec des points noirs. »
La vision est un choc où la volonté d’un choix tel ou autre n’a aucun pouvoir, admiration devant un miracle de beauté unique, fugitive, inaperçue ou même ridicule pour les autres, qu’on est seul à voir.
Chaque peintre est proche de ma petite sœur.
Joseph Czapski

Aussi bien je pourrais dire avoir choisi ce texte éblouissant de Czapski en ce qu’il représente parfaitement son état d’esprit, mâtiné d’une vision aussi originale qu’inaltérée. Mais en vérité, de toutes les formes qu’ont revêtues ses créations, très nombreuses sont celles qui possèdent ce pouvoir d’exprimer l’inexprimable. De révéler quelques lumières dans l’obscurité comme le font habituellement les étoiles dans la voûte céleste. Par la parole et l’écrit, c’est une évidence reconnue, mais par la peinture également. Czapski est certainement, à mon sens, l’un des plus grands peintres, surtout paysagistes, de la fin du vingtième siècle. D’avoir été parmi les premiers à le découvrir ne me satisfait en rien, excepté la certitude qu’un jour prochain, ma voix se perdra dans le vacarme inévitable d’une reconnaissance de tous.

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Albert Béguin / Balzac visionnaire
12/2010 - 216 p. - ISBN 978-2-8251-4098-7
Collection Poche suisse 216
“J’ai maintes fois été étonné que la grande gloire de Balzac fût de passer pour un observateur; il m’avait toujours semblé que son principal mérite était d’être visionnaire, et visionnaire passionné. Tous ses personnages sont doués de l’ardeur vitale dont il est animé lui-même. Chacun, dans Balzac, a du génie. Toutes les âmes sont des âmes chargées de volonté jusqu’à la gueule.”
Charles Baudelaire

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Henri Béhar / Ondes de choc
12/2010 - 344 p. - ISBN 978-2-8251-4100-7
Bibliothèque Mélusine
Trois points communs et simultanés caractérisent les différents courants de l'avant-garde désormais dite « historique » : la rupture, la constitution d'une communauté, enfin une détermination politique. Ayant établi que toute avant-garde est nécessairement politique, Henri Béhar n'élude pas le délicat problème de l'engagement du critique et de l'historien.
Regroupant un choix de communications et d'essais publiés en revue, ce volume s'ordonne en trois parties.
La première regroupe des recherches ayant trait aux éclats de la bombe Dada que Max Ernst se refusait à rassembler : le rôle de Tristan Tzara dans la diffusion du Futurisme, sa découverte de la poésie nègre, son amitié productrice avec Hans Arp ; le facteur politique à l'ouvre dans le mouvement, et sa découverte de l'inconscient.
La seconde partie examine les lames de fond qui se produisirent, en général, sur les planches, tant par le traitement de scénarios shakespeariens que par la fondation du Théâtre Alfred-Jarry, l'irruption du rire d'Artaud, les mises en scène surréalistes de Sylvain Itkine avec le Diable écarlate, le rôle généralement ignoré de Roger Vitrac au cinéma et enfin un examen global de la provocation comme catégorie dramaturgique.
Par analogie avec le langage des géologues qui désigne ainsi la zone du Pacifique où se produisent 75 % des séismes terrestres, la troisième partie se prend à analyser la ceinture de feu surréaliste à travers des figures ou des moments singuliers : la relation Paulhan-Breton , les rapports avec le Grand Jeu, la critique littéraire à l'oeuvre dans les revues surréalistes, le rôle éminent joué par Dali, de la scatologie à l'eschatologie, les rapports du mouvement avec le politique et, pour finir, son rôle dans l'élaboration du Manifeste des 121.
L'ensemble est précédé d'un large panorama, jetant un regard lucide et amusé sur une cinquantaine d'années de travaux personnels sur la question.

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Alain Bellaiche / Un gynéco dans la ville
03/2010 - 154 p. - ISBN 978-2-8251-1996-9
Une anecdote entre mille : … ils sont jeunes, pratiquement du même âge, plus ou moins 25 ans. De bons Français, originaires du Nord-Pas-de-Calais. Je me souviens que tous les deux étaient roux, ce qui donnait à leur union quelque chose d’indéfectible. Ils avaient uni leurs innocences et semblaient affronter leur nouvelle existence avec optimisme et curiosité. Ils semblaient se positionner pour tout découvrir ensemble.

L’objet de la consultation : ils désiraient un enfant. La grossesse n’était certes pas survenue, mais ils avaient bien la notion qu’ils n’avaient pas fait ce qu’il fallait. En effet, à peine un peu gênés, mais sans complexe (il n’y avait pas de honte à cela), ils m’avouent ne pas savoir comment s’y prendre. Lui, m’explique qu’il essaye régulièrement et en vain de pénétrer sa femme par… le nombril. Oui ! Ce n’était pas un canular car, à l’examen, des rougeurs périombilicales attestaient bien de ces tentatives. En fait, ils étaient vierges l’un et l’autre, n’avaient jamais osé poser ce genre de questions, et bien évidemment jamais vu de films pornos. Il faut dire que nous étions dans les années 70 et la censure veillait encore.

(…) De bons élèves ! En effet, le mois suivant elle était enceinte. Radieux l’un et l’autre de découvrir la vie, et de la donner en même temps. (…) Une magnifique petite fille était née. Rouquine elle aussi allaitée avec amour par sa maman auprès d’un papa comblé. Jamais stérilité ne m’aura été aussi facile à soigner…

Praticien et penseur de terrain, Alain Bellaiche n’a jamais accepté de composer avec les réalités. De ses observations cliniques, il a su extraire les faits marquants de notre société actuelle et en concevoir l’évidentialisme pour dénoncer ce qui ne s’appelait pas encore la pensée unique. Narrateur cette fois, il met ici en scène des situations vécues par ses patientes, et par lui-même ; et nous commente avec passion les combats qu’il a dû inlassablement mener contre les entorses au bon sens, ne craignant pas, notamment sur la condition féminine, de s’écarter du discours médiatique convenu pour rappeler avec force des vérités biologiques essentielles.

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Nicolas Berdiaev / De la destination de l'homme
10/2010 - 384 p. - ISBN 978-2-8251-3985-1
Nicolas Berdiaev, ce prophète des temps nouveaux, né à Kiev en 1874, est mort près de Paris en 1948. On lui doit un grand nombre d’essais de philosophie, de philosophie religieuse et d’histoire.
Citons parmi ses grands ouvrages La Philosophie de la Liberté, Le Sens créateur, L’Esprit de Dostoïevski, Un nouveau Moyen Âge, De l’Inégalité.

De la destination de l’homme est certainement l’un des livres les plus importants de Nicolas Berdiaev, dans lequel il expose la totalité de sa doctrine éthique et sa vision chrétienne de la mission de l’homme.
Introuvable depuis des décénnies, De la destination de l'homme est certainement l'un des livres les plus importans de Nicolas Berdiaev, dans lequel il expose la totalité de sa doctrine éthique et sa vision chrétienne de la mission de l'homme.

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Netton Bosson / Le Fils du Boulanger - les courtes fêtes
11/2010 - 160 p. - ISBN 978-2-8251-4092-5 - Collection Poche suisse 260
« Il est dix heures du matin en ce onze janvier mil neuf cent vingt sept.
Ignace Ardan, maître-boulanger à Farigny, pleure de vraies larmes. Grosses, salées, elles vont s'écraser sur la pâte qu'il est en train de souffler, cependant que le feu en bouche pétille dans le four.
Pourquoi donc cet homme, maigre, dur à la tâche, droit comme un balai et galant comme tous les boulangers de l'époque qui visitaient leur clientèle féminine la hotte au dos et le pied sur la pédale, pourquoi donc cet homme pleurait-il ? Bien sûr, le métier est pénible, la hotte lourde, les chemins enneigés, les grasses matinées rares, les chauds et froids journaliers. Il y a ce sacré carton à souliers où il range ses factures impayées, entre la boîte à bonbons et le moulin à café ; le toit de sa maison lui donne de légitimes inquiétudes car par grandes pluies et tempêtes il faut placer des seaux aux endroits stratégiques. Il y a ces salopes de souris qui vous trouent un bon sac de toile en un rien de temps alors qu'un matou flemmard comme pas deux se goberge à la cuisine ; les hypothèques, les échéances des Moulins et des Denrées Coloniales, oui, il y a bien des raisons de pleurer pour un petit boulanger !
Cependant rien de tout cela ne motivait les larmes de cet artisan. Il venait de descendre de la chambre exposée au midi et il avait un fils. un fils. et ce fils c'était moi. »

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Netton Bosson / Paillache - Croquis pour un imperméable
11/2010 - 204 p. - ISBN 978-2-8251-4083-3 - Collection Poche suisse 261
La lente traversée des saisons gruyèriennes. Le parcours peut apparaître sans but, il est, comme la transhumance, destiné au retour. Mais au long du périple, aux mille tournants de l’itinéraire, surgissent les formes humaines, animales ou inanimées qui peupleront le récit de mille signes distinctifs. Peu à peu, une terre se dessine, les personnages se campent et la Gruyère apparaît.

Peintre et écrivain fribourgeois, Netton Bosson (1927-1991) commence par étudier les arts graphiques à Fribourg, puis va se perfectionner à Paris. De retour en Suisse, il partage son temps entre la peinture et la poésie. Il publie plusieurs recueils et participe à de nombreuses expositions. Respectivement parus en 1965 et 1967, Le fils du boulanger et Les courtes fêtes sont ses deux premiers romans.

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Mousse Boulanger / Du sang à l'aube
04/2010 - 112 p. - ISBN 978-2-8251-4034-5
Du sang à l’aube est le roman d’un drame basé sur une histoire vraie. Né dans le brouillard et la neige d’une campagne sinistre, il déborde sur la zone indus­trielle de la ville de Genève pour se terminer dans les bureaux d’un commissariat de quartier. L’auteure a donné naissance à une détective inédite, baroque, excentrique. Elle s’est fortement attachée à certains personnages, soit qu’elle se sente en affinité avec eux, soit qu’elle éprouve une tendresse pour leur destin.

Les éléments : pluie, orage, neige, viennent apporter une atmosphère d’oppression et de malaise qui renforce le suspense tissé autour d’un étrange suicide.

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Freddy Buache / Sous tant de paupières
11/2010 - 274 p. - ISBN 9782825140239 - Collection Histoire et théorie du cinéma
Bergman avant la mondialisation des écrans
Sous tant de paupières qui ne sont plus une magique exaltation de la pure contradiction de la rose ni la volupté de n'être le sommeil de personne, mais plutôt le joint visible derrière la caisse des salles obscures du monde entier qui vendent, fort chères, des images de nulle part et de partout, répétitives, le spectacle continue. Désireuses, au départ, d'éveiller peut-être l'esprit du spectateur, elles abrutissent à coup sûr, maintenant, les foules conditionnées par le marketing de compagnies internationales déterminées à supprimer la nature et la civilisation pour enrichir leurs bilans. Marée noire de la conscience universelle, une telle mondialisation détruit à l'ordinateur sophistiqué ce qu'autrefois les humains constituaient bien ou mal en valeurs, pour ne récolter que l'argent, système transcendant qui n'aboutit, évidemment, qu'à l'argent. Tout le reste ne sera, dès lors, que le tableau des performances idéalisées et sponsorisées, culturelles ou sportives, emblèmes de la transformation des sociétés post-modemes. Le rêve commun, auparavant, fabriqué par la technologie et déposé photographiquement sur la pellicule, offrait aux auteurs, pauvres ou disposant de studios faramineux, le choix des instants privilégiés de l'époque afin d'exprimer au mieux ce qu'ils voulaient dire, malgré de considérables facteurs commerciaux redoutables et, néanmoins, détournables. Après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, en sept décennies consacrées à la conservation, illégale souvent, des films officiellement voués au pilon et à l'appréciation personnelle de leurs qualités ou de leurs défauts, j'ai vécu le cinéma comme un art véritable qui me portait vers les livres, la peinture et les autres écritures susceptibles d'améliorer ma compréhension de la vie. Or , depuis la mort d'Ingmar Bergman et celle de Michelangelo Antonioni pendant l'été 2007, puis du montage prodigieux d' Histoire(s) du cinéma de Jean-Luc Godard, la rétrospection émouvante s'enflamma tandis que l'avenir parut s'éteindre à l'ombre d'Internet. La situation multiplia, par bonheur, la quantité des pays producteurs cités en désordre ici avec une insistance sur les thèmes abordés qui discutent la tonalité permanente de la servilité nourrie par les astuces de la publicité, du faux bonheur et du mensonge médiatique. A travers de petites ouvertures, néanmoins, qui s'efforcent de clamer ce que les peuples refusent d'entendre et qui butent devant la télévision massive et l'énorme flux iconographique aux méthodes pavloviennes, des cris et des chuchotements parviennent encore jusqu'au solitaire citoyen de même que chez Lévi-Strauss après les pages de Tristes Tropiques (titre exact de notre planète funeste) « dans le clin d'oil alourdi de patience, de sérénité et de pardon réciproque qu'une entente involontaire permet parfois d'échanger avec un chat ».

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Maurice Carême / Du ciel dans l'eau
02/2010 - 118 p. - ISBN 9782825140215 - Collection La Petite Belgique
Le temps ? Pour Maurice Carême, il est inéluctablement lié au destin de l'homme et sous-jacent dans l'ensemble de l'oeuvre. L'eau lui paraissait la métaphore des heures qui s'écoulent dans jamais revenir sur elles-mêmes. Comme le temps, comme la vie!
Fut-il un homme heureux de vivre ? Certes! Et pourtant, conscient que la mort est là, devant lui! Aussi, les questions essentielles jaillissent-elles, toujours posées, toujours sans réponse.

Un recueil de poèmes de Maurice Carême, depuis longtemps épuisé, 120 poèmes à lire et à chanter…

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Gibert K. Chesterton / Le sel de la vie
10/2010 - 229 p. - ISBN 978-2-8251-4073-4 - Collection Revizor 5
« L'essai est la seule forme littéraire qui avoue, dans son nom même, que l'acte irréfléchi connu comme étant l'écriture est véritablement un saut dans l'inconnu. Quand des hommes essaient d'écrire une tragédie, ils n'appellent pas la tragédie un essai. Ceux qui ont peiné tout au long des douze livres d'une épopée, à l'écrire de leur propre main, ont rarement prétendu qu'ils avaient composé une épopée à titre d'expérience. Mais un essai, tant par son nom même que par sa véritable nature, est vraiment une tentative et vraiment une expérience. Un homme n'écrit pas vraiment un essai. Il essaie véritablement d'écrire un essai. Il en résulte que, bien qu'il existe maints essais fameux, il n'y a fort heureusement aucun essai modèle. L'essai parfait n'a jamais été écrit, pour la simple raison que l'essai n'a jamais été vraiment écrit. Les hommes ont tenté d'écrire quelque chose pour découvrir ce que c'était censé être. À cet égard l'essai est un produit typiquement moderne, plein d'avenir et à la louange de l'expérience et de l'aventure. Il reste en soi quelque peu évasif et je dois reconnaître que je suis poursuivi par le vague soupçon que l'essai va probablement devenir plus péremptoire et plus dogmatique, tout simplement à cause des divisions profondes et implacables que peuvent nous imposer les problèmes éthiques et économiques. Mais espérons qu'il y aura toujours place pour l'essai qui en soit vraiment un. Saint Thomas d'Aquin, avec son bon sens habituel, disait que ni la vie active ni la vie contemplative ne sauraient être vécues sans distraction, sous forme de plaisanteries et de jeux. Le drame ou l'épopée pourraient bien être appelés : vie active de la littérature ; le sonnet ou l'ode : vie contemplative. Quant à l'essai, c'en est la plaisanterie. »
G.K.C

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Germain Clavien / Notre vie
07/2010 192 p. 2-8251-40722-7
Salué par Marcel Raymond et Philippe Jaccottet lors de son entrée en poésie avec Désert de mon âge, en 1961, Germain Clavien nous donne aujourd'hui son neuvième recueil de poèmes.
Notre vie reprend les principaux thèmes du poète de Châtaignerouge: amour de la vie, de la nature, fuite du temps. en les approfondissant et leur donnant une ampleur, une portée qu'ils n'avaient pas jusque-là.
L'auteur considère le présent recueil un peu comme son « Livre », référence à l'expression idéale de Mallarmé.

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Françoise Lesourd (sous la direction de) / Dictionnaire de la philosophie russe
05/2010 - 1016 p. - ISBN 9782825140246
Essayer de comprendre les grandes constantes de la philosophie russe, c’est aban­donner certaines représentations habituelles pour un lecteur occidental – non pas dé­couvrir une différence au sens strict, mais une autre répartition des centres d’intérêt. En 1955, Vycheslavtsev écrivait : « Les problèmes fondamentaux de la philosophie universelle sont aussi, bien évidemment, ceux de la philosophie russe. En ce sens, il n’existe pas de philosophie spécifiquement russe. Mais il existe une manière russe d’aborder les problèmes philosophiques universels, une aptitude proprement russe à les vivre et les prendre en charge. »

Ce Dictionnaire contribue à situer la pensée russe par rapport à l’Europe, et cela dès les origines.

Depuis un demi-siècle, le regard porté sur la Russie ancienne (XIe-XVIIe siècles) s’est transformé, permettant de donner toute sa place à une tradition spirituelle moins tournée vers le raisonnement que vers le silence, la contemplation, l’ascèse – tendance également présente en Occident, mais moins exclusive.

On sait qu’en Russie les contraintes de l’histoire (régimes autoritaires, censure, emprise d’une idéologie totalitaire…) ont pesé particulièrement lourd. Elles sont pro­portionnelles à l’ampleur des questions suscitées. Au XIXe siècle, à travers l’histoire d’institutions telles que les universités, on découvre une peur panique de toute pensée, considérée comme une menace pour l’ordre établi. C’est à cause de ces conditions d’existence que le manque d’une philosophie critique se fait sentir au moins jusqu’à la seconde moitié du XIXe siècle. Mais la faiblesse presque constante de la philosophie institutionnelle explique aussi, peut-être, la floraison de théories parfois très surpre­nantes, originales, non conventionnelles – tradition qui se maintiendra au XXe siècle, où sous la chape de plomb du régime soviétique on découvrira un véritable foison­nement idéologique.

C’est au XXe siècle surtout (en URSS ou dans l’émigration) que la philosophie russe rejoint véritablement la conception occidentale de la philosophie. À côté du marxisme ou des vastes systèmes développant la notion d’unitotalité, on rencontre des phéno­ménologues, des existentialistes… qui, cette fois, ne sont pas des imitateurs. Certains rapprochements sont inattendus. On découvre ainsi que Pascal est au coeur de tout un domaine de la pensée russe.

Ce Dictionnaire fait écho à d’autres entreprises : à la monumentale Histoire de la littérature russe publiée chez A. Fayard, qui a montré que tout panorama un peu ex­haustif de la culture russe ne peut ignorer sa philosophie ; au Vocabulaire européen des philosophies, qui a souligné l’apport original de la Russie sur le plan conceptuel. Mais sa visée propre est de relier les différents concepts originaux à la culture et à l’histoire qui les ont forgés. Dans la refonte de l’original russe, on s’est attaché à faire ressortir la spécificité de cette philosophie et de ses conditions d’apparition. On trouvera parfois même certains grands événements dont l’incidence sur le développement ultérieur de la pensée est indiscutable (par exemple les Décembristes).

L’ambition de ce Dictionnaire est de faire pressentir la richesse d’un domaine philosophique qui commence à se découvrir, de dépasser les jugements ou sympathies convenus, pour proposer un travail de compréhension en profondeur, offrant un nou­vel angle d’approche de la culture russe.

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François Debluë / Fausses notes
04/2010 - 192 p. - ISBN 978-2-8251-4030-7
Ces Fausses notes rassemblent des observations que l’auteur de Troubles Fêtes et de L’Entretien d’un sentimental avec son mur a saisies au fil du temps. Loin des épanchements du journal intime et des maximes moralisatrices, il retient surtout ce qui le surprend et l’amuse, ce qui le scandalise ou vient troubler son rêve d’un monde harmonieux.

Sensible à la dissonance, l’auteur réagit, épingle, dénonce, non sans humour et ironie. Mais il lui arrive aussi d’admirer ou de s’attendrir : la beauté du monde et celle des êtres n’en sont alors que plus précieuses, presque miraculeuses.

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Milovan Danojlić / Seule la lumière
03/2010 - 141 p. - ISBN 978-2-8251-4074-1
Choix et traduction du serbe de Vesna Bernard
Collection Archipel slave

CONTRE
Se taire obstinément, demeurer immobile
Et penser irréductiblement – contre

Non pour la vérité mais par salubrité
Non pour cause de bonheur mais de clarté

Milovan Danojlic est, de l’avis de la critique et du public, ‘un des plus grands poètes serbes contemporains. Pour la première fois, réunis en un volume, un choix de ses poèmes les plus connus.

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Pierre Desclouds / Cent grammes d'engrammes
07/2010 116 p. 978-2-8251-4035-2
Préface de Barbara Polla - Postafce de Bernard Baertschi
Photographie de la couverture : "Pierre", de Véronique Desclouds
En neurophysiologie, l’engramme est la trace biologique de la mémoire (trace ou artefact mnémonique) dans le cerveau. Pierre Desclouds en donne une définition personnelle: “L’engramme est la gravure organique du écu dans la matière cérébrale”, annonçant par là même le contenu de son livre surprenant: sur chaque page, un des cent “engrammes” de l’auteur, c’est-à-dire une pensée, un aphorisme. Précédé d’une préface de Barbara Polla, suivi d’un texte du philosophe Bernard Baertschi, ce livre singulier est à considérer comme une œuvre d’art à part entière.

Né le 12 septembre 1950 à Vevey (CH), Pierre Desclouds, graveur et psychiatre, vit et travaille à Genève.
Formation de graveur au Centre Genevois de Gravure Contemporaine puis dans les ateliers de Marc Jurt et de Marco Bertino.

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Dufour-Kowalski Emmanuel / Anthologie française de la littérature occultiste
AP 700 p. 978-2-8251-3968-4
aux XIXe-XXe siècles.
I) Visionnaires et cabalistes
Grasset d’Orcert, JuLes Verne, Maurice Leblanc, Gaston Leroux, Raymon d ssel
II) "Hydropathes" et poètes humoristes du Chat Noir
André Masson, Charles Cros, Emile Gou deau, Alphonse Allais, Edouard Dubus.
III) Poètes kabbalistes et Rose-Croix
Eliphas Lévy, Joséphin Péladan, Stanislas de Guaïta, Papus (Dr. Gérard Enc ausse), Francis Warrain .
IV) Gnostiques symbolistes
Calixte Mélinge (alias Abbé Alta), Jean Kostka (Jules Doinel), Fabre des Essarts, Paul Adam, Jules Bois.
V) Spiritualistes, sociologues et théosophes
Camille Flammarion, Edmond Bailly, Théodore Flournoys, Léon Denis, Saint-Yves d’Alveydres, Sédir (Yvon Le Loup), Jeanne Germain Lamy (future Madame Isha Schwaller de Lubicz), Dr. Alexandre Rouhier.
VI) Lucifériens, alchimistes, magiciens du verbe
Talemarianus (Maître "Pierre", Antoine d’Abadie d’Arras), Fulcanelli, Lotus de Païni, A.F.Dina, Grillo de Givry, O.W.Milosz, Irène Hill el-Erlanger, R.A. Schwall er de Lubicz, André Breton, Eugène Canseli et Albert-Marie Schmidt
VII) Historiens, médiateurs et traditionnalistes
Edou ard Schuré, Victor Emile Michelet, Paul Le Cour, Mario Meunier, Louis Charpentier, Raymond Abellio
VIII) Les Néo-symbolistes
Oswald Wirth, Jules Boucher, Marie-Madeleine Davy, René Alleau, Jean-Pierre Bayard.

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Julien Dunilac / Le présomptif été
06/2010 - 61 p. - ISBN 978-2-8251-4061-1
Plongé dans ce nouveau recueil, le lecteur songera certainement aux vers géorgiques de Francis Jammes, auteur si proche de la Nature, si éloigné des cénacles de son temps.
Mais les méditations du poète neuchâtelois – bien que son œuvre romanesque soit considérable, Dunilac demeure avant tout poète – se nourrissent également d’autres ferments : la Grèce antique, l’Orient immémorial, François Villon.
Ce Présomptif été, recueil aussi bref qu’essentiel, a la beauté d’un champ de blé parfaitement mûri..

Depuis la parution, en 2003, de Territoires de l'exil, anthologie de cinquante années de poésie, Julien Dunilac poursuit sa quête de l'essentiel, sa tentative de voir sur la page le blanc du non-dit acculer le texte à son ultime signification.

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Christiane Dunoyer / Les Dalhias roses
88 p. - 9782825140314
C’est l’histoire de deux amours parallèles, ou plutôt les histoires séparées d’un homme et d’une femme qui s’aiment d’un amour brûlant et total, mais que tout semble séparer dans le quotidien et dans la proximité, à partir des mots dont l’interprétation est toujours aléatoire, à partir des gestes allant souvent volontairement à l’encontre des sentiments. Christiane Dunoyer nous offre ici un recueil étrange, une prose désenchantée et poétique.

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Marie-Chrisine Dwelles / Le fils de son père
05/2010- ISBN 978-2-8251-4071-0
Le nouveau roman de Marie-Christine d’Welles nous entraîne dans la vie de Charly, un personnage écartelé entre beauté et laideur, mensonge et vérité, qui ressent tout très fortement : la magie d’une oeuvre, la fascination d’un visage, l’amour d’un paysage ou la souffrance due à l’intolérance. Charly a un immense talent de brodeur, reconnu et apprécié par les grands couturiers à Paris, mais le regard des autres sur son handicap, le nanisme, l’atteint comme une insulte permanente.

Une lettre l’incite à découvrir le secret de sa naissance et à rencontrer son père. Dans son village familial du Sud-Ouest, encerclé par l’océan et ses forêts de pins tant aimées, le silence s’installe entre sa mère et lui, impossible à briser.

Et à Paris, la vie de Charly est bouleversée par l’arrivée de la belle Lùcia, sa nouvelle voisine venue du Brésil. Amour, jalousie et secrets rapprochent et éloignent Charly et Lùcia. Malgré les non-dit, la vérité éclatera à l’heure fixée par le destin.

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Antoine Fabre d'Olivet / La Langue hébraïque restituée
11/2010 - 774 p. - ISBN 978-2-9700698-5-0
« Non, la langue hébraïque n'est ni la première ni la dernière des langues ; ce n'est point la seule des langues-mères, comme l'a cru mal à propos un théosophe moderne que j'estime d'ailleurs beaucoup, parce que ce n'est pas la seule qui ait enfanté des merveilles divines ; c'est la langue d'un peuple puissant, sage, religieux ; d'un peuple contemplatif, profondément instruit dans les sciences morales, ami des mystères ; d'un peuple dont la sagesse et les lois ont été justement admirées. Cette langue, séparée de sa tige originelle, éloignée de son berceau par l'effet d'une émigration providentielle dont il est inutile de rendre compte en ce moment, devint l'idiome particulier du peuple hébreu ; et semblable à la branche féconde qu'un habile agriculteur ayant transplantée sur un terrain préparé à dessein, pour y fructifier longtemps après que le tronc épuisé d'où elle sort a disparu, elle a conservé et porté jusqu'à nous le dépôt précieux des connaissances égyptiennes.

Mais ce dépôt n'a point été livré aux caprices du hasard. La Providence, qui voulait sa conservation, a bien su le mettre à l'abri des orages. Le livre qui le contient, couvert d'un triple voile, a franchi le torrent des siècles, respecté de ses possesseurs, bravant les regards des profanes, et n'étant jamais compris que de ceux qui ne pouvaient en divulguer les mystères ».

Antoine Fabre d'Olivet

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Antoine Fabre d'Olivet / La vraie franc-maçonnerie et la céleste culture
11/2010 - 179 p. - ISBN 978-2-9700698-7-4
« La vie de Fabre d’Olivet est enveloppée de ténèbres.
Le présent texte, riche en renseignements biographiques, permettra avant tout d’élucider un des points les plus mystérieux de cette existence : le problème du Sanctuaire. Pour couronner son œuvre théosophique, Fabre-d’Olivet avait-il fondé un culte nouveau ? Quelle était la pratique du culte pratiqué ?
Nous trouvons dans ce livre des compléments importants apportés à la théosophie de l’auteur. Rectifiant d’une façon notable le système exposé dans les ouvrages déjà publiés, il achève d’ordonner sa doctrine en une construction grandiose, qui est à la fois un effort pour hiérarchiser les cultes, en mettant leurs diverses sortes en relation avec les facultés de l’homme, et une méditation sur l’homme universel.
Enfin, un document de ce genre permet à l’historien de compléter et de nuancer l’idée que nous pouvons nous faire de l’état d’esprit religieux au temps de la Restauration. »
Léon Cellier

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Antoine Fabre d'Olivet / Les Vers dorés de pythagore
11/2010 - 409 p. - ISBN 978-2-9700698-4-3
« Les anciens avaient l’habitude de comparer à l’or tout ce qu’ils jugeaient sans défauts et beau par excellence : ainsi, par « l’Âge d’or », ils entendaient l’âge des vertus et du bonheur ; et par les « Vers dorés », les vers où la doctrine la plus pure était enfermée.
Ils attribuaient constamment ces Vers à Pythagore, non qu’ils crussent que ce philosophe les eût composés lui-même, mais parce qu’ils savaient que celui de ses disciples dont ils étaient l’ouvrage, y avait opposé l’exacte doctrine de son maître, et les avait tous fondés sur des maximes sorties de sa bouche. Ce disciple, recommandable par ses lumières, et surtout par son attachement aux préceptes de Pythagore, se nommait Lysis.
Après la mort de ce Philosophe, et lorsque ses ennemis, momentanément triomphants, eurent élevé à Crotone et à Mésapont cette terrible persécution qui coûta la vie à un si grand nombre de Pythagoriciens, écrasés sous les débris le leur école incendiée ou contraints de mourir de faim dans le temple des Muses, Lysis, heureusement échappé à ces désastres, se retira en Grèce, où, voulant répandre la secte de Pythagore, dont on s’attachait à calomnier les principes, il crut nécessaire de dresser une sorte de formulaire qui contint les bases de la morale, et les principales règles de conduite données par cet homme célèbre.
C’est à ce mouvement généreux que nous devons les Vers philosophiques que j’ai essayé de traduire en français. Ces Vers appelés dorés par la raison que j’ai dite, contiennent les sentiments de Pythagore, et sont tout ce qui nous reste de véritablement authentique touchant l’un des plus grands hommes de l’Antiquité. »

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Antoine Fabre d'Olivet / Lettres à Sophie sur l'histoire
08/2010 360 p. 978-2-8251-3844-1
Collection Delphica
"Un des faits les plus constants de l’histoire de notre monde est la grand événement du déluge. Toutes les traditions, tous les monuments, toutes les croyances répandues sur la surface de la terre s’accordent à attester le souvenir de cette époque mémorable…
Les Lettres à Sophie sur l’histoire ont reçu de brillants éloges de la part de plusieurs critiques estimés ; et leur suffrage plus que le nôtre, est fait pour fixer l’opinion publique en sa faveur ; il suffira d’ajouter que la lecture doit plaire autant que celle du roman le plus intéressant, et qu’il a, par-dessus de genre d’écrits, toute l’utilité attachée à la connaissance de l’histoire. Une critique amère a reproché à l’auteur d’avoir mis de tout dans son ouvrage, de la physique, de la poésie, de la chimie, des épisodes, de l’astronomie, etc. Si son sujet l’a conduit à parler des sciences, il a dû le faire, s’il l’a fait de manière à plaire, ce n’est qu’un mérite de plus ; s’il a pris quelquefois le ton poétique, c’est que son sujet le comportait, et si c’est une faute, il est heureux de la partager avec l’auteur d’Anacharsis."

Un livre quasiment inédit, précédé d’une longue introduction d’Emmanuel Dufour-Kowalski présentant l’oeuvre, la vie et les inspirations de Fabre d’Olivet.

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Vince Fasciani / J'ai refermé doucement la porte derrière moi
12/2010 - 88 p. - ISBN 978-2-8251-4029-1 - Collection Contemporains
Un long poème en trois mouvements de Vince Fasciani. “Joaillerie des images qu’un flamboiement du langage réunis plus loin que tout regard, que tout entente. Promesse intouchée que rien, enfin, ne viendra plus trahir. Poésie intégrale, ouverte sur l’immensité taciturne du réel comme au-delà où disparaître, dans l’éclat ultime où Tout est dire.” Michel Dubret

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Muriel Feuillet - Christiane Keller / L'heure sensible, recueil à deux voix
05/2010 - 87 p. - ISBN 978-2-8251-4060-4 - Photographies de Damien Keller
Deux femmes dialoguent: leurs poèmes se répondent dans le ressac des souffles par-delà les blessures et les jardins palissés de questions. Comme pour réenchanter les regards des saveurs du monde, elles réécrivent les signes d’un possible, l’une guidée par la lumière de l’Amant, l’autre mue par l’instinct sauvage de la pénombre. Un seul mot parfois suffit, à l’heure sensible, dans l’ensoleillement des rocailles de la mémoire, pour rejoindre des contrées insoupçonnées et fertiles. Dans l’éboulis des linceuls se creuse un espace qui jamais encore ne fut…

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Foudel Sergueï / La lumière dans les ténèbres
12/2010 - 208 p. - ISBN 978-2-8251-4075-8 - Collection Sophia
Serge Foudel (1900-1977), fils de prêtre, laïc marié et père de famille, est un confesseur de la foi orthodoxe en Russie, un de ces hommes lumineux qui en prison, en camp, en exil ou en relégation, pendant la persécution bolchévique, pendant la plus longue persécution de l’histoire du christianisme, ont rencontré d’autres chercheurs de Dieu, d’autres témoins de la lumière. Ces pensées pleines de fraîcheur, jetées sur le papier à la fin de sa longue et dure vie, nous sont livrées comme un témoignage propre à nous inspirer, nous vivifier, nous appeler à l’Unique Nécessaire.

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Anna Frabetti / Le magicien italien
01/2010 - 312 p. - ISBN 978-2-8251-3874-8
"Supposons que Pirandello fût Français […]. Nul doute, d’abord, que l’on aurait vu dans les contes "véristes" une survivance du naturalisme. Certains chroniqueurs littéraires s’en seraient indignés, mais d’autres, de tendance contraire, se seraient disputés agréablement pour savoir si le nouvel auteur avait égalé Maupassant dans ce genre de création. D’un autre côté, l’humour de La giara aurait sans doute valu à Pirandello d’être placé dans la meilleure tradition de l’esprit gaulois, et on l’aurait vraisemblablement jugé digne successeur de Rabelais, de Molière, de Voltaire et de Balzac [...]. Les modernistes, ennemis acharnés des néoclassiques, auraient trouvé, eux aussi, de quoi admirer, et même l’on peut supposer que c’est surtout en commentant les apports nouveaux, les originalités de Pirandello, que les critiques classificateurs auraient eu beau jeu. Quelques-uns, remarquant la compréhension visionnaire des sentiments collectifs qui se montre dans un conte comme Requiem æternam dona eis, Domine ! n’auraient pas manqué de mettre en avant l’Unanimisme de l’auteur et de comparer celui-ci à Jules Romains. Les spéculations au sujet de l’identité et de la vérité personnelle que l’on trouve dans Enrico IV ou dans Così è se vi pare auraient suscité des comparaisons – un peu douteuses peut-être – avec Proust et avec le Gide des Faux-monnayeurs. Si Sei personaggi avait été créé sur une scène parisienne – un peu après 1921 mettons – l’on aurait certainement jugé que le mouvement surréaliste avait été doté du chef-d’oeuvre assimilable qui lui manquait". (B. Mitchell)

Une étude approfondie, nourrie de nombreuses références souvent inédites, de l’accueil en France de l’oeuvre de Luigi Pirandello.

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Imelda Gaudissart / Emma Jung analyste et écrivain
09/2010 - 169 p. - ISBN 978-2-8251-4077-2
Cet essai répond avant tout à un double souci, celui d’être juste et de ne pas trahir l’expérience surtout intérieure et donc subjective d’une femme. Situer l’histoire d’Emma Jung dans un contexte social, sociétal, collectif et culturel particulier, n’a d’autre fonction que de s’interroger sur la manière dont elle a fait face à son propre destin et s’y est confrontée avec un courage remarquable. C’est une invitation qui vous est faite, à présent, à suivre le récit de la vie d’Emma Jung. Il est susceptible d’éveiller, surprise, respect et admiration.

Imelda Gaudissart est analyste jungienne depuis plus de trente ans. Mariée, mère et grand-mère, elle est avec Pierre, son mari, l'auteur d'une nouvelle traduction de Yi King, dite Eranos.

Imelda Gaudissart nous livre une évocation personnelle d’Emma Jung (1882-1955), fondée sur des documents et témoignages familiaux. Pendant plus de cinquante ans, Emma Jung a partagé la vie de son mari Carl Gustav Jung. On connaît les découvertes de Jung et de Freud, les relations conflictuelles des deux hommes, et leurs patients. Imelda Gaudissart nous fait prendre conscience de l’importance d’Emma Jung dans l’histoire de la « psychologie des profondeurs », ses relations amicales avec Freud, son métier d’analyste à partir de 1916, ses relations avec Toni Wolff (élève de Carl G. Jung, puis analyste à son tour). L’essai d’Imelda Gaudissart se place aussi à un autre niveau : comment être une mère de famille, une analyste et la femme d’un grand savant au début du XXe siècle ?
Mille liens se nouent entre l’auteur et son sujet qui nous transmet son affection respectueuse pour celle qui se demandait « comment se mettre en valeur aux côtés de Carl ? ». « Comment découvrir ce pour quoi chaque être humain est né, quel chemin parcourir pour accomplir son œuvre ? ».

L’essai comprend un cahier d’illustrations, des repères chronologiques et une bibliographie.

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Louis Gaulis / La fin d'une corvée de bois
12/2010 - 156 p. - ISBN 978-2-8251-4107-6 - Collection Poche suisse 156
Que se passe-t-il lorsqu’une petite fille, que rien ne peut arrêter lorsqu’elle court derrière un papillon, (cette petite fille est absolument irrésistible) se jette sur un implacable bûcheron (cet homme est un roc inébranlable) qui défend son territoire une hache à la main ?

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Virgile Elias Gehrig / Par la serrure du jour
04/2010 - 120 p. - ISBN 978-2-8251-4032-1 - Collection Contemporains

Recueillir tes embruns
à jamais éparpillés au large
les flairer
en respirant les mille et un tessons
de ton parfum
sève puisée à la moisson d'or de ton sein
l'été indien finissant sur tes lèvre
qui chassent le chagrin

Virgile Élias Gehrig est retourné à la source première de son écriture : la poésie. Par la serrure du jour représente le dernier volet d'un triptyque baroque, après Pas du tout Venise et Soifs et vertiges .

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Christopher Gérard / Porte Louise
02/2010 - 157 p. - ISBN 9782825140208 - Collection La Petite Belgique
Après trente-huit ans d'absence, Louise revient dans sa ville natale, Bruxelles, pour mener une enquête sur la disparition de son père, Charlie, séduisant Irlandais mystérieusement assassiné alors qu'elle n'était qu'une enfant.

Au cours de ses recherches dans la capitale, Louise découvre les multiples facettes d'une ville qu'elle croyait connaître et nous entraîne à sa suite d'endroits disparus en lieux bien réels où l'on se régale.

En quête d'une vérité qui se dérobe sans cesse, Louise rencontre des interlocuteurs aussi variés qu'attachants: un commissaire de police, tombé amoureux d'elle à douze ans; Ingrid, la secrétaire et confidente de Charlie, qui s'est éprise de lui à Berlin en 1943; une avocate branchée à la vie compliquée; un espion français, libertin et amateur d'art; Lord Pakenham, l'ancien chef de l'Intelligence Service, qui a bien connu Charlie à Lisbonne pendant la guerre. A une Louise de plus en plus désemparée, chacun dévoile à sa manière un aspect de la vie complexe de Charlie et propose, non sans arrière-pensées, son hypothèse sur la mort d'un homme insaisissable.

Les continuels allers et retours entre Bruxelles et Dublin des années soixante à aujourd'hui, le balancement permanent entre humour, nostalgie, suspense et gourmandise constituent une mosaïque pleine de fantaisie.

Porte Louise est une sorte de polar, de roman d’espionnage. Plus encore, c’est le roman du souvenir et de la réminiscence, l’histoire d’une femme émouvante, lancée dans une quête progressant par cercles concentriques jusqu’au coup de théâtre final.

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André Gintzburger / L'indifférence et la curiosité - suivi de: Le théâtre reflet des temps
11/2010 - 940 p. - ISBN 978-2-8251-4053-6
L’objet de ce livre a été à l’origine de publier les carnets de comptes rendus de spectacles et de voyages qu’André Gintzburger (Gintz pour ses vrais amis, André pour ceux qui se disent tels) avait rédigés au jour le jour pendant trente ans, de 1960 à 2000.
Il fallait les déchiffrer car ils étaient jetés d’une plume hâtive dans des carnets. C’est donc leur transcription lisible qui est livrée aux lecteurs grâce à l’édition.
L’originalité de ces critiques, c’est qu’elles sont liées à des repè­res personnels.Pendant plus de cinquante ans, André Gintzburger a aidé de nombreuses compagnies théâtrales ou apparentées à se faire connaître à travers le monde. Certains, et non des moindres (tels Antoine Vitez à ses débuts, Jean Luc Courcoult du Le Royal de Luxe, Bartabas de Zingaro, Pierrot Bidon d’Archaos !) ont vu en lui un passeur. Toujours à la recherche de nouveaux talents, la boutade d’Eugène Ionesco fut tout au long de sa vie comme une devise : « L’avant-garde, c’est ce qui marche en avant du gros des trou­pes. »Il a semblé nécessaire à l’auteur que les gens fassent connais­sance avec l’homme qui a vécu les trois-quart du XXe siècle et déjà une décennie du XXIe à la recherche à travers le « théâtre » de len­demains qui seraient meilleurs.
Ce fut pour lui, il ne le cache pas, un long parcours de rêves et de déceptions, avec souvent beaucoup d’indifférence, de la curiosité parfois.
Ce choix du « théâtre » comme repère en serait il responsable ? Cet art fut il vraiment « le reflet des temps ? »

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Jérémias Gotthelf /Heurs et malheurs d'un maître d'école
12/2010 - 576 p. - ISBN 978-2-8251-3970-7 - Traduit de l’allemand par Raymond Lauener - Collection Au cœur du monde
Fils du pasteur Sigismond Bitzius, Jeremias Gotthelf vécut son enfance à Utzenstorf (Berne) avant de rentrer à l’académie de Berne en 1814 pour suivre des études de théologie. Il devint vicaire de son père à Utzenstorf en 1820 et le resta jusqu’à sa mort en 1824. Il déménage alors à Herzogenbuchsee, puis à Berne et finalement en 1830 à Lützelflüh. Il commence à écrire dans le journal Volksfreund à la suite des événements de 1831. Mais il ne va pas se contenter du journalisme. Il commence à publier ses livres en 1837 et ne cessera jusqu’à sa mort. Il laisse treize romans et soixante-dix récits. Les plus connus sont Heurs et malheurs d’un maître d’école, Barthy le vannier, Elsi l’étrange servante, L’araignée noire, L’Argent et l’Esprit.

Gotthelf s’attache dans ses oeuvres à décrire l’impact de la modernisation (démocratisation, capitalisme) sur la société paysanne. Pour rendre l’authenticité de ce monde rural, il n’hésite pas à mêler sa prose de dialecte bernois ; une démarche qui n’est pas sans annoncer celle d’un Ramuz. Contrairement à Gottfried Keller, Gotthelf est un conservateur, qui observe d’un oeil méfiant la Suisse se transformer. La critique allemande voit en lui un auteur significatif de l’époque Biedermeier. Thomas Mann trouvait même à la simplicité rustique de ses personnages quelque chose d’homérique.

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Jérémias Gotthelf /La mariette aux fraises suivi de Elsi l’étrange servante et Hans Berner et ses deux fils
12/2010 - 144 p. - ISBN 978-2-8251-4085-7 - Poche Suisse 263
Un tableau du Musée des Beaux-Arts de Lausanne est souvent considéré comme « mystérieux » : il s’agit de la célèbre Mariette aux fraises d’Albert Anker, une toile inspirée par la nouvelle Das Erdbeeri Mareili de Jeremias Gotthelf. On y voit, devant une scène de cueillette, une petite fille à l’air triste, un panier de fraises des bois sous le bras et tenant à la main un bouquet de ces petits fruits avec leur tige, ce qui lui donne l’aspect d’une Madone, surtout quand on songe à la signification des fraises dans l’iconographie des représentations de la Vierge Marie. Jeremias Gotthelf, pasteur de son état, n’a donc pas choisi par hasard le prénom de son héroïne et l’on comprend le trouble du spectateur devant un tableau représentant une fillette dans la pose d’une Vierge. C’est que l’écrivain de l’Emmental nous a livré, une fois de plus, sous forme d’un récit apparemment populaire et rustique, un magnifique hymne à la gloire du Seigneur et de ses anges, qui résident parfois sur terre sous l’apparence d’humbles créatures, telle la petite cueilleuse de fraises. Dans la deuxième nouvelle de ce recueil, Elsi, l’étrange servante, Gotthelf exalte l’héroïsme d’une autre jeune fille hors du commun, qui après s’être délivrée d’un lourd secret qui l’empêchait de vivre sa vie, se lança par amour dans la bataille de Fraubrunnen, lors de l’invasion française de 1798. Enfin, dans Hans Berner et ses fils, il montre comment un brave boucher et son épouse, dont les fils sont en train de mal tourner en raison d’une éducation trop laxiste, se reprennent à temps et remettent leur progéniture sur la voie de l’honnêteté et du labeur, grâce entre autres à la solidité de leur couple.
C. H.

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Jérémias Gotthelf /L'araignée noire suivi de Le déluge en Emmental
12/2010 - 224 p. - ISBN 978-2-8251-4086-4 - Poche Suisse 262
Alors que la réception de l’œuvre de Gotthelf souffre du caractère provincial qu’on attribue à ses romans, que les films tournés au milieu du siècle dernier ont encore malheureusement souligné, ce d’autant plus qu’ils étaient remarquablement interprétés par d’excellents acteurs, L’Araignée noire et Le Déluge en Emmental échappent dans une certaine mesure à cette vision réduite. En effet, on se rend bien compte qu’il s’agit de sujets universels, restant d’actualité pour les hommes où qu’ils se trouvent et en toute époque. Pour Gotthelf, il ne s’agit pas prioritairement de raconter une histoire fantastique ou de décrire un événement extraordinaire, mais d’étudier les réactions des hommes et d’en tirer une leçon.
C. H.

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Guillet Christian / Ma correspondance Suivie de Mémorial
12/2010 328 p. 978-2-8251-4103-8
Aux Editions L’Age d’Homme sont publiés en trois tomes les neuf récits qui constituent l’œuvre intégrale de Christian Guillet.
En marge de cette autobiographie composée au cours de quarante années, voici une somme de lettres reçues ou envoyées par l’auteur dans le même espace de temps. Les unes littéraires et d’une surprenante acuité, les autres affectives et bouleversantes ; elles viennent authentifier les personnages de son autobiographie, et en dévoiler de bonne foi les secrets. On retrouve en outre la violence habituelle et l’intransigeance de cet auteur, et ce sont elles curieusement qui font de lui un être attachant.

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Pierre Gripari / Rêveries d'un martien en exil
11/2010 - 221 P - ISBN - 9782825140253 - Collection Révizor 6
Tout le monde, même les misogynes, admet qu’une femme puisse avoir un talent d’écrivain. Tout le monde, même les partisans de l’apartheid, reconnaît qu’on puisse être à la fois de race noire et bon conteur. Mais demandez à un Terrien, même démocrate, ce qu’il pense de la littérature martienne ! Là, vous vous heurterez à un mur d’incompréhension totale : le racisme antimartien ne désarme pas.
Le présent recueil offre une surprenante série de contes fantastiques à la manière terrienne, d’une richesse à peine croyable et d’une variété à faire pâlir de jalousie tous les spécialistes du genre. Il fait même preuve, par moments, d’un singulier humour : ne va-t-il pas jusqu’à raconter l’invasion de la terre, non par les vrais Martiens, mais par des Martiens de science-fiction, tels qu’on les imaginait avant la prise de contact entre nos deux planètes ?

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Vassili Grossman / La Route
02/2010 - 307 p. - ISBN 978-2-8251-4003-1
Collection Archipel slave - Traduit du russe par Bassia Rabinovici et Corinne Fournier
C'est en 1934, avec sa première nouvelle «  Dans la vile de Berditchev  » que Vassili Grossman (1905-1964) se fait admirer de Gorki , qui l'introduit dans les milieux littéraires de la capitale. En 1963, peu de temps avant sa mort, Grossman écrit la nouvelle, «  L'éboulement  ». Entre les deux, trente ans pendant lesquels Grossman a produit une ouvre abondante : des romans, des essais et des nouvelles. Onze de ces nouvelles constituent le recueil La Route . Les premières nouvelles, écrites entre 1935 et 1940, se déroulent pendant la guerre civile, dans une Russie qui est en train de subir une importante transformation sociale et économique, dans le but de devenir un pays industrialisé. En fait, dès ses premiers textes, on peut entendre derrière le discours officiel la voix qui devait nous parvenir quelques dizaine d'années plus tard avec Vie et Destin , une voix qui s'insurge, discrète et miraculeusement sauvée, contre les dénonciations, les arrestations, contre les déportations et les travaux forcés en Sibérie.

Dans ces onze nouvelles, Grossman élabore les thèmes qui prennent toute leur ampleur dans Vie et Destin . La soumission et la lâcheté des uns, la révolte et la bonté des autres qui seules permettent aux hommes solidaires de reconquérir leur liberté, cette liberté qui a parfois le prix du sacrifice. La route, celle que parcourent ensemble la mule italienne et le petit cheval kolkhozien, c'est celle que Grossman a connue de Stalingrad à Treblinka, la route sur laquelle, un jour, l'homme s'arrête, saisi de lucidité. L'homme comprend le sens de a vie, de celle des autres, le sens du monde.

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Laurent Guido et Olivier Lugon / Fixe/Animé
06/2010 - 450 p. - ISBN 978-2-8251-4052-9
Ce livre aborde de front les échanges entre les deux médias de la photographie et du cinéma, en décloisonnant des domaines d’étude longtemps séparés. Un dialogue s’ouvre en effet aujourd’hui entre les spécialistes des deux champs, alors même qu’avec l’arrivée des nouveaux médias, les frontières tendent à éclater, et les échanges entre image fixe et animée à se faire de plus en plus nourris. Ce rapprochement actuel est envisagé ici dans une perspective historique, en analysant les multiples façons dont les deux médias se sont croisés tout au long du XXe siècle.

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Georges Haldas / Les Hauteurs de Moab - Carnets 2008-2009
11/2010 - 264 p. - ISBN 978-2-8251-4078-9
Je pense que l’introspection n’a pas grand sens en soi. C’est en parlant des autres qu’on se révèle le mieux, dans la mesure où l’inconscient se mêle à la conscience. Mais là n’est pas en l’occurrence le plus important. Le plus important est que rien ne me paraît plus symbolique de l’État de Poésie que ce qui arrive à Moïse. À savoir que pendant quarante ans il emmène le peuple juif vers la terre de Canaan qui lui est promise et que du haut d’une montagne au pays de Moab, il le contemple mais sans pouvoir y entrer lui-même. Seuls ses compagnons peuvent y pénétrer. C’est, si on peut dire, son mini Golgotha. De même, dans l’État de Poésie, on n’atteint jamais cet ineffable – l’être –que l’on vise. Raison pour laquelle j’ai intitulé ce livre, contenant les Carnets 2008 et 2009, Les Hauteurs de Moab. Je dirais encore pour tout résumer, qu’en ce qui me concerne, l’État de Poésie, Moïse, le Christ, tout se tient. Oui, ce qui est perdu dans le relatif est un gain dans l’absolu. Bref, l’universel est là, au travers même des religions les plus diverses. Du moins me semble-t-il.
Georges Haldas

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Georges Haldas / Patrie première
04/2010 - 232 p. - ISBN 978-2-8251-3998-1
Nous vivons un nombre limité d’années face à deux éventualités : ou il n’y a rien pour nous après la mort, et que m’importe alors qu’il reste ou ne reste rien de ce que j’ai pu faire durant ma courte vie. En regard de l’illimité du néant. Ou bien il y a une éternité vivante auprès de la Source, et si je m’y trouve, je ne pourrais, dans sa plénitude, que sourire en voyant le peu qui reste de ce que j’ai fait, ou rien du tout. Tout se jouant dès lors dans cette éternité. De toute façon ce qu’on appelle nos oeuvres, l’ai dit cent fois, s’en iront en poussière. Tôt ou tard. Que m’importe alors ce que peuvent dire aujourd’hui de jeunes plaisantins : que je suis en fin de carrière, que je suis une petite gloire locale, etc. Les Messieurs des pâquerettes n’ont pas l’air de se douter de la nullité de ces propos, quand bien même ils correspondraient à la réalité. Et que tout donc pour moi se passe autrement. Je fais ce que j’ai à faire en m’y donnant entièrement et avec le seul souci d’être fidèle à moi-même. Ne me regarde pas, quoi que vous en pensiez, Messieurs des pâquerettes, ce qu’il en adviendra. L’éternité du présent qui porte l’autre déjà – peut-être – seule pour le moment m’occupe.
G. H.

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Henry Maldiney / Phénoménologie et sciences humaines
10/2010 - 263 p. - ISBN 978-2-8251-4084-0 - Collection Être et devenir

Actes du colloque de l'université de Lausanne des 3 mars et 18 novembre 2009
Sous la direction de François Félix et Philippe Grosos

En se confrontant à la réalité des œuvres d’art, à celle de la psychiatrie comme des malades, en s’intéressant à l’apport de la linguistique, mais aussi de l’ethnologie ou de la biologie, et d’autres disciplines encore, Henri Maldiney a su, d’une façon aussi radicale que singulière, ne cesser de méditer ce qu’exister signifie.
Le colloque qui s’est tenu à l’Université de Lausanne, en 2009, a souhaité questionner cette radicalité et cette singularité. En effet en multipliant les renvois à d’autres savoirs que ceux issus de la seule tradition philosophique, cette œuvre n’a pas seulement voulu comprendre l’existant que nous sommes ; elle a également interrogé la phénoménologie susceptible d’y mener. « Vers quelle phénoménologie de l’art ? » demandait-il naguère dans une de ses études.
C’est pourquoi les diverses analyses ici présentées questionnent chacune à leur façon sa conception de la phénoménologie au regard de l’apport des sciences humaines.
Trois textes de Henri Maldiney augmentent l’ensemble de ces onze études.

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Hussy François / Cri de lumière
10/2010 - 243 p. - ISBN 978-2-8251-4095-6
Peu avant l’an 2000, Gautier Inber, un artiste mondialement célèbre, arrive dans une Genève labyrinthique toujours entourée de ses murailles pour y construire un monument funéraire colossal: le tombeau du vingtième siècle, le siècle le plus meurtrier de l’histoire.
Sa venue provoque une nuit d’émeute dans la ville de Calvin et de Frankenstein, mais déchaîne aussi l’enthousiasme de ses admirateurs, persuadés que le « géant de l’art contemporain » peut changer leur vie, les faire « étinceler aux yeux du monde, mais d’abord à leurs propres yeux ».
Grâce à Estelle, sa demi-sœur mi-artiste mi-mondaine, Xavier Colini, un jeune écrivain, se retrouve dans l’entourage de Gautier Inber, un cercle enchanté où tous ses rêves de succès, d’amour et de bonheur paraissent tout à coup accessibles. Mais « le plus grand créateur vivant » veut-il vraiment donner leur chance à ceux qu’il attire dans son orbite, ou seulement les exploiter avant de les détruire? Est-il un soleil ou l’araignée au centre de sa toile?

François Hussy est né à Genève en 1956. Il vit à la Vallée de Joux et dans sa ville natale où il est éducateur dans une école pour enfants handicapés. Il a reçu le Prix de la Société Genevoise des Écrivains pour son précédent roman, Les îles naufragées. Il travaille actuellement à une trilogie fantastique. Cri de lumière est son quatrième roman.

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ISIT / Les pratiques de l'interprétation et l'oralité dans la communication interculturelle
10/2010 - 206 p - ISBN 978-2-8251-4089-5

Colloque international

L'interprète suscite depuis toujours auprès du grand public curiosité et admiration. Cependant, ce métier et ses diverses déclinaisons sont mal connus. Quel est le véritable rôle de l'interprète ? Comment se positionnent les différentes pratiques les unes par rapport aux autres ? Comment l'interprétation peut-elle répondre aux besoins d'une société multiculturelle où les sphères économiques, politiques et sociales sont désormais mondialisées ?

Face à des systèmes organisés et réglementés au sein des organisations internationales et des institutions nationales, l'absence de réglementation et de délimitation des activités sur le marché privé suscite de nombreuses interrogations, craintes et réactions sur lesquelles se sont penchés interprètes de conférences, interprètes juridiques, interprètes auprès des services publics, avocats, juges, formateurs, associations professionnelles et institutions.

Le colloque sur les pratiques de l'interprétation et l'oralité dans la communication interculturelle, organisé par le centre de recherche de l'ISIT, le CRATIL (Centre de Recherche Appliquée sur la Traduction, l'Interprétation et le Langage), a permis de brosser le panorama actuel des pratiques de l'interprétation et de lancer la réflexion dans un contexte souvent polémique en raison des enjeux statutaires, financiers mais aussi éthiques.

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Ivanov Gueorgui / Aurora et autres nouvelles
10/2010 - 140 p. - ISBN 978-2-8251-1932-7 - Collection Archipel Slave 14
Guéorgui Ivanov, mort en 1958, a participé aux brillants mouvements poétiques russes d’avant-guerre, dont le plus connu, l’Acméisme, avait pour chef de file Nikolaï Stepanovitch Goumiliov, son ami (fusillé en 1921). Ses premiers recueils de vers le font remarquer des cercles littéraires de Russie. La guerre, la révolution, puis la mort de Goumiliov changent sa vie et l’orientation de son œuvre. Il profite, en 1922, d’une «mission» pour émigrer, et c’est en exil, à Berlin, puis à Paris, qu’il entreprit son œuvre romanesque, dont Aurora.

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Hervé Krief / Catégories et modalités - Introduction à la sémiotique
12/2010 - 80 p. - ISBN 978-2-8251-4115-1
Cet ouvrage est une réflexion sur le développement de la pensée humaine marquée par deux philosophes, Aristote et Kant, qui en ont inspiré un troisième, C. S. Peirce à fonder la sémiotique afin de permettre au signe ainsi conçu de jouer pleinement son rôle social. En ce sens, il constitue une introduction privilégiée à la sémiotique du côté de la logique mathématique, originellement conduite sous la direction de prof. Joëlle Réthoré à l'Université de Perpignan.
Il est suivi d'une réflexion sur ce qui semble être l'usage par excellence des signes, une communication qui dépasse allégrement le concept de code, pour adopter le visage pragmatique des schèmes cognitifs; réflexion soutenue par le prof. Lamizet de l'université d'Avignon.
Après avoir dispensé quelques leçons de méthodologie de l'imaginaire auprès de prof. Joël Thomas, l'auteur a enseigné l'éthique et la théologie à l'université de Lausanne, puis les techniques quantitatives de finance à la Business&Management University de Genève.
Curieux de nature et éclectique par sa pensée, il nous livre ici une réflexion originale d'où ressort une structuration mathématiquement appliquée de nos relations.

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Françoise Lesourd (sous la direction de) / Dictionnaire de la philosophie russe
05/2010 - 1016 p. - ISBN 9782825140246
Essayer de comprendre les grandes constantes de la philosophie russe, c’est aban­donner certaines représentations habituelles pour un lecteur occidental – non pas dé­couvrir une différence au sens strict, mais une autre répartition des centres d’intérêt. En 1955, Vycheslavtsev écrivait : « Les problèmes fondamentaux de la philosophie universelle sont aussi, bien évidemment, ceux de la philosophie russe. En ce sens, il n’existe pas de philosophie spécifiquement russe. Mais il existe une manière russe d’aborder les problèmes philosophiques universels, une aptitude proprement russe à les vivre et les prendre en charge. »

Ce Dictionnaire contribue à situer la pensée russe par rapport à l’Europe, et cela dès les origines.

Depuis un demi-siècle, le regard porté sur la Russie ancienne (XIe-XVIIe siècles) s’est transformé, permettant de donner toute sa place à une tradition spirituelle moins tournée vers le raisonnement que vers le silence, la contemplation, l’ascèse – tendance également présente en Occident, mais moins exclusive.

On sait qu’en Russie les contraintes de l’histoire (régimes autoritaires, censure, emprise d’une idéologie totalitaire…) ont pesé particulièrement lourd. Elles sont pro­portionnelles à l’ampleur des questions suscitées. Au XIXe siècle, à travers l’histoire d’institutions telles que les universités, on découvre une peur panique de toute pensée, considérée comme une menace pour l’ordre établi. C’est à cause de ces conditions d’existence que le manque d’une philosophie critique se fait sentir au moins jusqu’à la seconde moitié du XIXe siècle. Mais la faiblesse presque constante de la philosophie institutionnelle explique aussi, peut-être, la floraison de théories parfois très surpre­nantes, originales, non conventionnelles – tradition qui se maintiendra au XXe siècle, où sous la chape de plomb du régime soviétique on découvrira un véritable foison­nement idéologique.

C’est au XXe siècle surtout (en URSS ou dans l’émigration) que la philosophie russe rejoint véritablement la conception occidentale de la philosophie. À côté du marxisme ou des vastes systèmes développant la notion d’unitotalité, on rencontre des phéno­ménologues, des existentialistes… qui, cette fois, ne sont pas des imitateurs. Certains rapprochements sont inattendus. On découvre ainsi que Pascal est au coeur de tout un domaine de la pensée russe.

Ce Dictionnaire fait écho à d’autres entreprises : à la monumentale Histoire de la littérature russe publiée chez A. Fayard, qui a montré que tout panorama un peu ex­haustif de la culture russe ne peut ignorer sa philosophie ; au Vocabulaire européen des philosophies, qui a souligné l’apport original de la Russie sur le plan conceptuel. Mais sa visée propre est de relier les différents concepts originaux à la culture et à l’histoire qui les ont forgés. Dans la refonte de l’original russe, on s’est attaché à faire ressortir la spécificité de cette philosophie et de ses conditions d’apparition. On trouvera parfois même certains grands événements dont l’incidence sur le développement ultérieur de la pensée est indiscutable (par exemple les Décembristes).

L’ambition de ce Dictionnaire est de faire pressentir la richesse d’un domaine philosophique qui commence à se découvrir, de dépasser les jugements ou sympathies convenus, pour proposer un travail de compréhension en profondeur, offrant un nou­vel angle d’approche de la culture russe.

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Mélusine 30 / Surréalistes serbes
01/2010 - ISBN 978-2-8251-4051-2
Cahiers du Centre de recherche sur le surréalisme Mélusine N° XXX
À Paris, un groupe surréaliste serbe est annoncé dès l’automne 1925 par Benjamin Péret. Une collaboration étroite s’établit entre les membres des groupes français et belgradois. Ceux-ci apparaissent tout naturellement dans La Révolution surréaliste, puis Le Surréalisme au Service de la Révolution, tandis que les Parisiens collaborent aux publications du mouvement fondé à Belgrade : Nemoguce – L’Impossible (1930) et Nadrealisam danas i ovde [Le Surréalisme aujourd’hui et ici]. Le projet poétique exposé dans toutes ces revues convient parfaitement à tous ceux qui y collaborent, à Paris comme à Belgrade. À ceci près que par leurs enquêtes sur la dialectique, le désir, l’humour, etc., les Yougoslaves mettent l’accent sur des problèmes esquissés ailleurs. Leurs manifestes sont à l’unisson, et leurs oeuvres poétiques ou plastiques rejoignent les mêmes théma­tiques. Ces sujets et ces concepts sont la base de l’unité typologique du surréa­lisme, partagé entre l’expérimentation sur l’irrationnel et l’action sociale.
Pendant ces quelques années de ferveur collective (1925-1932), le mouve­ment de Belgrade ne faisait qu’un avec celui de Paris. Les mêmes causes histo­riques ont détruit l’activité collective serbe et entraîné la scission du mouvement français, dont les conséquences resteront durables.

Contributions de : Branko ALEKSIĆ, Jean ARROUYE, Marc AUFRAISE, Anne-Marie BASSET, Henri BEHAR, Anouck CAPE, Spomenka DELIBAŠIĆ, Hanifa KAPIDŽIĆ-OSMANAGIĆ, Ivan NEGRIŠORAC, Jelena NOVAKOVIĆ, Françoise PY, Paolo SCOPELLITI, Richard SPITERI, Stephen STEELE, Bojana STOJANOVIĆ-PANTOVIĆ, Irina SUBOTIĆ, Gojko TESIĆ, Milanka TODIĆ, Djordje VUKOVIĆ.

Textes et illustrations de : Vane BOR, Djordje JOVANOVIĆ, Djordje KOSTIĆ, Slobodan KUSIĆ, Dušan MATIĆ, MONNY DE BOULLY, Koča POPOVIĆ, Marko RISTIĆ, Aleksandar VUČO, Radojica ŽIVANOVIĆ-NOE.

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Mérejkovsky Dimitri / Les mystères de l'Orient
08/2010 320 p. 978-2-8251-3972-1
Né à Saint-Pétersbourg, mort à Paris, Dimitri Mérejkovski peut être considéré, avec le philosophe V. Soloviev, comme le père du symbolisme russe. En 1893, dans son essai sur Les Causes de la décadence de la littérature russe, il prend parti contre le réalisme et ce qu’il appelle "matérialisme artistique". Il soutient que la littérature russe ne connaîtra de renouveau que dans l’affirmation du primat de l’esprit.La vision symboliste du monde est ici dotée d’une forte charge religieuse et s’identifie, dans l’activité d’écriture de Merejkovski, à une quête de l’esprit chrétien authentique. La lutte entre Dieu et Diable, entre christianisme et paganisme traverse ainsi tous les domaines dans lesquels Merejkovski a oeuvré : l’essai littéraire (L’Âme de Dostoïevski, Gogol et le Diable, Le Mufle-Roi, etc.), l’essai historique (Les Mystères de l’Orient, Atlantide-Europe, Luther, Calvin, Napoléon, etc.), le poème épique (Saint François d’Assise), le théâtre (Paul Ier), la poésie (Les Symboles), le roman.
Les Mystère de l’Orient constitue la première partie de son ouvrage mythique, Atlantide-Europe ou le Mystère de l’Occident, longue méditation sur l’aventure européenne, mise en parallèle avec l’écroulement de la civilisation de l’Atlantide.
L’argument central de l’ouvrage est que l’Orient a préparé la venue du Christ. L’auteur mèle mythologie, religion, histoire, politique. Il en résulte un véritable tourbillon de mots et d’idées.
Toute son oeuvre est portée par une vision eschatologique de la chrétienté.

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Branko Milikovic / Eloge du feu
06/2010 - 150 p. - ISBN 978-2-8251-4001-7
Collection Archipel Slave. Traduit du serbe par Zorica Terzić.
Né dans le sud de la Serbie en 1934, Branko Miljković s'installa à Belgrade en 1953. Il commença alors à écrire de la poésie et se battit pour faire publier ses poèmes. Ses œuvres étaient influencées par les symbolistes français, et notamment par Mallarmé et Valéry ; sur le plan philosophique, sa pensée était proche d'Héraclite . En plus de la poésie, il écrivit aussi des essais et des critiques et traduisit en serbe des poètes russes et français. En 1960, il remporta le prix Octobre (Oktobarska nagrada) de la ville de Belgrade, pour son recueil Le feu et rien. Fin 1960, il partit s'installer à Zagreb. Branko Miljkovi? est mort prématurément en 1961 à l'âge de 27 ans, retrouvé pendu à un arbre à Zagreb. Dans un de ses poèmes, « Épitaphe », qui ne comporte qu'un vers, on peut lire : « Trop lourd, un mot m'a tué ». Le présent ouvrage, réunissant les trois meilleurs recueils du poète, est illustré par des dessins de Vladimir Veličković.

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Octave Mirbeau / L'Abbé Jules
02/2010 - 286 p. - ISBN 978-2-8251-4007-9 - collection Révizor
L'Abbé Jules est le second roman d'Octave Mirbeau (1848-1917) paru sous son nom, dix-huit mois après Le Calvaire. Bien qu'il soit beaucoup moins mondialement célèbre que Le Journal d'une femme de chambre (1900) et Le Jardin des supplices (1889), aux yeux des mirbeauphiles pui lui vouent une tendresse particulière, c'est l'oeuvre romanesque, sinon la plus accomplie, du moins la plus originale, la plus fascinante et la plus puissante qu'il ait écrite.

Ce roman est l'évocation d'un prêtre hystérique et en révolte permanente contre l'Eglise romaine et contre une société étouffante et oppressive. Il est constamment déchiré entre les besoins de sa chair et ses postulations vers le ciel. Mirbeau a choisi pour cadre un joli village du Perche, inspiré de Rémalard, où il a passé sa jeunesse: chacun y vit sous le regard et les exigences du corps et celles de l'esprit y sont lamentablement comprimées. Le récit, discontinu, est coupé de deux très longs retours en arrière et comporte un trou de six années, qui constitue une énigme et suscite les interrogations des villageois, et dont le lecteur, à la fin, ne saura toujours rien: sa curiosité s'en trouve donc frustrée.

Le dénouement, en forme d'expérimentale farce posthume de Jules, est constitué par la lecture de son testament, par lequel il lègue tous ses biens au premier prêtre du diocèse qui se défroquera! Elle est suivie par l'autodafé de sa mystérieuse malle, bourrée de livres et d'images pornographiques, qui témoigne de ses frustrations sexuelles et symbolise l'inconscient mal refoulé.

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Octave Mirbeau / Correspondance générale tome III
06/2009 - 980 p. - ISBN 978-2-8251-3815-1
Collection Caryatides tome III
Pour la première fois, voici la Correspondance générale d’un romancier brillant qui fut aussi un épistolier prolifique et capital. Cette édition intégrale, publiée sous la direction de Pierre Michel, est une contribution de premier plan à l’histoire littéraire de la Belle époque. Le tome III couvre les huit années 1895-1902, et donc l'Affaire Dreyfus, Le Jardin des supplices, Le Journal d'une femme de chambre et la bataille de Les affaires sont les affaires, c'est-à-dire les trois œuvres les plus mondialement célèbres d'Octave Mirbeau.

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Annick Morard / De l'émigré au déraciné
12/2010 - 400 p. - ISBN 978-2-8251-4059-8
La “jeune génération” des écrivains russes à Paris, entre identité et esthétique (1920-1940)
Durant l’entre-deux-guerres, Paris connaît une formidable émulation intellectuelle, artistique et littéraire, indissociable du pluriculturalisme qui caractérise à cette époque la capitale française. A l’exception de quelques figures de proue qui ont très tôt éveillé l’attention du public et des spécialistes (on pense à Ivan Bounine ou Vladimir Nabokov), le rôle joué par la communauté russe en exil durant cette période reste aujourd’hui encore méconnu. Certains poètes et prosateurs auront longtemps espéré qu’on entende enfin leur histoire, leurs revendications, leurs manifestes et déclarations esthétiques ; la postérité s’en souviendra comme de « la génération passée inaperçue ». Parce qu’elle s’est choisi une autre voie que celle tracée par l’élite intellectuelle russe à Paris, parce qu’elle a refusé de sacrifier à une Russie impalpable la filiation européenne dans laquelle elle souhaitait inscrire ses œuvres, cette « jeune génération » est restée dans les marges de l’histoire littéraire russe du XXe siècle.
C’est l’originalité de l’affirmation identitaire et esthétique de ces auteurs – tels Ekaterina Bakounina, Serge Charchoune, Iouri Felzen, Gaïto Gazdanov ou encore Boris Poplavski – qu’a voulu mettre en lumière Annick Morard. S’éloignant des perspectives classiques d’analyse, elle refuse de partir du constat habituel d’invisibilité de ces écrivains. Elle préfère s’interroger sur le rapport de ceux-ci à la France et à sa littérature, étudier le glissement qu’ils opèrent d’un discours générationnel vers un discours du Moi, et envisager leur vie et leurs œuvres sous l’angle d’un déracinement assumé, plutôt que sous celui du sentiment nostalgique. Cet ouvrage est la première étude en français consacrée à la « jeune génération » des écrivains russes à Paris, dans les années 1920 et 1930.
Annick Morard est maître-assistante à la Faculté des Lettres de l’Université de Genève, où elle enseigne la littérature russe. Cet ouvrage est issu de sa thèse de doctorat, défendue en juin 2009, pour laquelle elle a obtenu le prix Aksenenko.

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Max Nordau / La Dégénérescence
01/2010 - 400 p. - ISBN 978-2-8251-3842-7
De son vrai nom Simon Maximilian Südfeld ou Südfeld Simon Miksa, Nordau est né le 29 juillet 1849 à Budapest, alors partie de l’Empire Austro-Hongrois. Son père, Gabriel Südfeld, est un poète en langue hébraïque. Ses parents sont des Juifs orthodoxes et il suit d’abord des cours dans une école élémentaire juive, puis dans un lycée catholique avant de rejoindre l’université et obtenir son diplôme de docteur en médecine. Il travaille comme journaliste pour des petits journaux de Budapest, avant de s’installer en 1873 à Berlin où il change son nom. Il est envoyé à Paris comme correspondant de Die Neue Freie Presse et c’est à Paris qu’il passera la majeure partie de sa vie. La conversion de Nordau au sionisme est certainement due à l’affaire Dreyfus. De nombreux Juifs, parmi lesquels Theodor Herzl voient dans l’Affaire Dreyfus l’échec de l’intégrationnisme et l’évidence de l’universalité de l’antisémitisme. Nordau jouera dès lors un rôle majeur dans l’Organisation sioniste mondiale. Sa notoriété aide à faire connaître le mouvement sioniste. Il est aussi responsable du caractère démocratique de l’organisation.

L’oeuvre majeure de Nordau, La Dégénérescence, est une attaque moralisatrice contre l’art dit « dégénéré », ainsi qu’une polémique contre les effets d’une série de phénomènes sociaux émergeant à cette période, tels que l’urbanisation rapide, et ses conséquences sur le corps humain. Le livre présente de nombreuses études de cas d’artistes, écrivains et penseurs (Wilde, Ibsen, Wagner et Nietzsche pour n’en nommer que quelques uns), mais son principe de base reste que la société et les êtres humains sont en train de se dégénérer et que cette dégénérescence est aussi bien reflétée qu’influencée par l’art.

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Lucien Noullez / Impasse des matelots
02/2010 - 93 p. - ISBN 9782825140222 - Collection La Petite Belgique
"On trouve, dans l’ancien quartier portuaire de Bruxelles, près du Quai au Foin, une minuscule venelle : l’Impasse des Matelots. Mais quelles sont les vraies impasses qui peuvent arrêter le regard des marins, des rêveurs et de ceux que rassemble l’espérance d’une vie plus large ?
Ces poèmes, écrits dans la vie, regardent flotter les matelots des villes et des mers. Ils cabotent. Ils tentent d’aller au large. Ils sombrent quelquefois. Ils rejoindront, je l’espère, les simples chercheurs d’allégresse." (Lucien Noullez)

Lucien Noullez est né à Bruxelles en 1957. Il a publié un récit, un journal, des chroniques et des articles de critique littéraire. Mais il est avant tout poète.

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Jean-Michel Olivier / L'amour nègre
10/2010 - 346 p. - ISBN 978-2-87706-740-9 - Prix Interallié 2010 - Co-édition de Fallois
Dans son malheur, Adam a de la chance : né en Afrique, dans la misère, il a onze ans quand il est adopté par un couple de stars du cinéma. À Hollywood, il découvre le glamour et le désœuvrement. Les paradis artificiels. Mais Adam multiplie les bêtises. Pour le punir, on l’envoie chez Jack Malone, un acteur qui vante les mérites d’une capsule de café. Adam s’enfuit à nouveau et rencontre Gladys, fille et femme de banquier, qui l’attire en Suisse, où son destin s’accomplira.
A travers les cinq continents, L’Amour nègre explore les vertiges de la vie factice. On se délecte des tribulations d’un Candide africain confronté aux mille tentations du monde global : luxe et culture unique, bling-bling et dépression, matérialisme triomphant.
Jean-Michel Olivier est né en Suisse en 1952. Journaliste et écrivain, il a publié de nombreux livres sur la photographie et l’art contemporain, ainsi que cinq romans. Il est considéré comme l’un des meilleurs écrivains suisses de sa génération.
www.jmolivier.ch

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Jean-Michel Olivier / L'amour fantòme
04/2010 - 230 p. - ISBN 978-2-8251-4068-0 - Poche suisse 255
« Un petit roi, un papa vite effacé, une mère lascive : Oedipe hante toujours la littérature. Constamment remise au goût du jour, sa figure a subi bien des liftings. Dans L’Amour fantôme, Jean-Michel Olivier réussit où tant d’autres ont échoué. Sans paraphraser le mythe. Avec de jolis coups de scalpel.

Jean-Michel Olivier a la plume incisive. Surtout quand il s’agit de démonter les absurdités des prêcheurs d’Apocalypse. L’auteur promène un regard ironique sur les aventures du pauvre Colin. Il décrit parfois avec froideur ses personnages. Mais il sait aussi, dans les scènes intimes, retrouver la langue, fraîche et maladroite, de l’amour. Quant aux clins d’œil à la tragédie antique, ils restent subtils (la mère se prénomme Reine et Colin finit malvoyant). Sophocle peut dormir tranquille. La relève est assurée. »
Emmanuel Cuénod, La Tribune de Genève

Jean-Michel Olivier est né à Nyon, en Suisse, en 1952. Il est l’auteur d’une vingtaine d’essais et de romans dont La Mémoire engloutie et L’Enfant secret (Prix Dentan 2004) et dirige, à L’Age d’Homme, la collection « Poche suisse ». Il partage sa vie entre l’enseignement et l’écriture, la musique et ses filles.

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Georges Ottino / Carrefours sentimentaux
10/2010 - 139 p. - ISBN 978-2-8251-4088-8
Aux carrefours, toutes sortes de personnages se croisent. Ils se parlent ou s’ignorent, se plaisent ou se déplaisent, font, délibérément ou par hasard, un bout de chemin ensemble, se séparent, se retrouvent, se quittent peut-être pour toujours. C’est en la parcourant qu’ils inventent leur route, n’en connaissant ni les détours ni le but. Mais le chemin qu’ils découvrent est souvent pour eux plus important que l’endroit où il les mène.

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Giovanni Papini / Histoire du Christ
10/2010 - 462 p. - ISBN 978-2-87706-737-9
Le 23 mars 1921 paraissait à Florence l’Histoire du Christ de Giovanni Papini, qui allait connaître un succès aussi exceptionnel que durable dans le monde entier : 70’000 exemplaires du livre sont vendus pour la seule année 1921. Les éditions se succèdent sans discontinuer, les traductions, dans les dizaines de langues – dont la première traduction française -, paraissent dès 1922.
Pour l’écrivain florentin il ne s’agit pas d’ajouter un autre livre sur le Christ à ceux – fort nombreux – qui existent déjà, mais bien de jeter les bases d’une nouvelle façon de vivre le christianisme, aussi éloignée des facilités d’une foi paresseusement vécue et transmise que des dogmes laïcs des sociétés modernes. C’est là l’enjeu de ce livre et la raison profonde de son inaltérable actualité.
Plus que le résultat de sa conversion, l’Histoire du Christ en est la cause. Une conversion rien moins que prévisible. Cet intellectuel iconoclaste, figure de proue des avant-gardes, redoutable polémiste, auteur des Mémoires de Dieu (1911) et d’Un homme fini (1913), imprécateur, blasphémateur, y tient une sorte de journal de bord de sa rencontre décisive avec le Christ – découvert dans les pages des Evangiles – et aboutissant à la foi. Sa conversion est le résultat de son dialogue-combat avec le Christ qui a duré quatorze mois.
Chaque page de l’Histoire du Christ met au jour une forte tension de l’auteur vers le Christ et vers ses lecteurs, Le Christ qui se dégage de ce récit commenté et dramatisé est un combattant de la vérité et de l’amour. C’est en lui que Papini voudrait se reconnaître. C’est ce Christ qu’il engage le lecteur non pas à admirer de loin, mais à prendre à bras-le-corps, pour le connaître et le rendre présent dans sa vie.
Le lecteur français peut enfin découvrir l’Histoire du Christ, ce maître-livre, ce récit incandescent, dans l’admirable traduction que Gérard Genot donne, pour la première fois, de l’édition définitive.

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Albert Paraz / Pétrouchka
10/2010 - 247 p. - ISBN 978-2-8251-4005-5 - Collection Révizor 4
"Il fallait and même que j'aille à la préfecture pour toucher mon mois. Je passais dans les couloirs déserts et longs comme un intestin grêle, avec cette odeur de rat et de flic, indéfinissable. J'entendis crier derrière moi: "Adieu la pastille ! "... et une porte se fermer."
Ignorant avec la même superbe indifférence les règles de la littérature policière et celles de la ressemblance, Paraz invente un genre nouveau, qu'exploitera plus tard, avec moins de talent mais plus de succès, Frédéric Dard dans la série des San Antonio. Roman sans queue (si on ose dire!) ni tête, désinvolte et libertaire, Une fille du Tonnerre (première partie du Pétrouchka) mélange fiction et réalité, érotisme et humour, actualité et érudition, personnages romanesques et réels: on croise ainsi un amateur de pornographie distingué nommé Michel Simon, et un écrivain grabataire, un certain Albert Paraz, qui se fait engueler par sa créature, Félix Gorin: "T'as un sacré culot de me traiter d'obsédé. Tu sors le soir et tu vas enfiler n'importe quoi, les dominicaines derrières la chapelle de Matisse. Une nuit tu t'es gourré, t'as sauté sur le curé, une autre fois, ça a été un bouc. Pourquoi la chapelle, et pourquoi un bouc ? "

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Pierre Pascal / Les grands courants de la pensée russe
02/2010 - 154 p. - ISBN 978-2-8251-4004-8 - collection Archipel slave
Si la pensée de l'homme, en tant qu'individu, est libre, les grands courants de pensée, dans un pays, sont commandés par les évènements. En Russie, l'évènement décisif n'a pas été la guerre, qui n'a eu que peu d'effets sur la vie intellectuelle, mais la révolution. A cause d'elle, le siècle qui vient de s'écouler ne présente pas une unité : il y a une rupture, qui se manifeste avec évidence non point en 1917, mais en 1922, au moment où le nouveau pouvoir, consolidé sur les terrains militaires, économique et international, prend en mains la direction autoritaire de la pensée.

La tendance dominante de la pensée russe de 1900 à 1922 est une réaction spiritualiste fulgurante, mais brève, contre le scientisme matérialiste qui avait régné dans la seconde moitié du siècle précédent. Au contraire, l'orientation inspirée depuis 1922 par le gouvernement soviétique et le parti communiste est une reprise du matérialisme dominant des « années 60 ».

Cette dialectique de révolution de la pensée russe moderne oblige à rappeler les caractéristiques des « années 60 », qui sont son point de départ.

De Pierre le Grand à Nicolas Berdiaev, cet ouvrage offre une synthèse essentielle des courants spirituels, philosophiques et politiques qui animent le monde foisonnant de la pensée russe.

Voilà un livre utile, une division claire des courants spirituels, philosophiques et politiques dans le monde foisonnant de la fin de XIXe siècle, jusqu'à la Révolution d'Octobre

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Père Hiéromoine Isaac / L'ancien païssios de la Sainte-Montagne
03/2009 - Collection Grands spirituels orthodoxes du XXe siècle - 264 p.  - ISBN 978-2-8251-3911-0
Traduit du grec par Yvan Koenig. Introduction de Jean-Claude Larchet
L’Ancien Païssios du Mont-Athos (1924-1994) est, parmi les grands spirituels orthodoxes du XXe siècle, un géant. Les dizaines de milliers de personnes qui ont trouvé auprès de lui lumière, espoir, consolation, force, paix et joie le savent déjà. Ceux qui liront ce texte en seront rapidement convaincus.

De la dizaine de livres qui lui ont, à ce jour, été consacrés, celui-ci, qui a déjà connu huit éditions en Grèce et a déjà été traduit en douze langues, est considéré comme le meilleur.

Bien qu’il se présente comme une biographie, il relève du genre hagio-graphique. En décrivant, dans la première partie, les différentes étapes de l’existence terrestre de l’Ancien, il les fait apparaître comme autant de degrés de sa croissance spirituelle et de sa sanctification, et dessine progressivement son exceptionnelle personnalité spirituelle. La seconde partie en décrit les fruits, à savoir ses vertus et ses charismes, lesquels se sont exprimés en de multiples manifestations surnaturelles et en de nom-breux miracles, dont atteste la foule des témoins cités.

Bien qu’il contienne de nombreuses « paroles de salut », ce livre est moins un recueil d’enseignements spirituels qu’une icône, écrite avec des mots, du saint Père Païssios. C’est de la description de la personnalité de l’Ancien, de son mode de vie, de son ascèse, de ses dispositions à l’égard de Dieu et de ses attitudes vis-à-vis des hommes que l’on tirera le plus d’enseignements et de profit, car ils ont la force opérative de l’exemplarité. Le Père Païssios était une incarnation vivante de toutes les vertus chrétiennes, en particulier de l’humilité et de la charité, et par là une image accomplie du Christ, dont il a montré concrètement et avec éclat à une multitude d’hommes et de femmes la Voie, la Vérité et la Vie.

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Petar Petrovic Njegos / La lumière du microcosme
03/2010 - 200 p. - ISBN 978-2-8251-3971-4 - Collection Classiques slaves
Edition bilingue, traduction du serbe et préface de Boris Lazic

Petar II Petrović Njegoš est né en 1813 à Njeguši, fief séculaire de la dynastie des princes évêques du Monténégro. Précisément, sa terre est, au cours de la période historique de l’Empire ottoman, la seule principauté serbe à rester indépendante à la suite de la chute des empires et despotat byzantin (1453) et serbe (1459). Homme d’Église, homme politique, intellectuel de haut rang, Njegoš est considéré comme le plus grand poète serbe du XIXe siècle.
Toute son oeuvre littéraire est placée sous le sceau de la recherche de sens et de finalité à l’existence. Ainsi peut-on comprendre La Lumière du Microcosme comme une oeuvre charnière dans sa réalisation poétique, les poèmes à caractère méditatif qui l’ont précédée étant des étapes successives en vue de la réalisation de la "grande oeuvre".

Ce poème allégorique est divisé en sept parties distinctes. La première est la dédicace au maître à penser de l’auteur, Sima Milutinović. Le poète y fait l’exposé de la condition humaine, de son cheminement spirituel. Le reste du poème est divisé en six chants, chaque chant étant partagé en strophes de dix vers décasyllabiques. Le premier décrit l’élévation du poète par la pensée, le deuxième l’espace paradisiaque ordonnancé par des structures mathématiques précises. Le troisième chant laisse la parole au créateur du Monde : Dieu y expose son oeuvre au cours d’un entretien avec les archanges Michel et Gabriel. C’est dans le quatrième chant que se développe la personnalité la plus riche et du poème, Satan. Le cinquième chant est épique : description de la guerre entre les fils de la lumière et les êtres spirituels déchus. Le sixième et dernier chant explique les conséquences du choix d’Adam à la désobéissance.

Cette oeuvre unique précède le chef-d’oeuvre épique du poète, La Couronne sur la Montagne, que L’Age d’Homme publiera en automne 2010.

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Piron Geneviève / Léon Chestov, philosophe du déracinement
05/2010 - 456 p. - 978-2-8251-3976-9 - Collection Slavica
Léon Chestov (1866-1938) est un philosophe existentiel d’origine russe, exilé en France. Ses aphorismes brillants, ses commentaires sur Luther, Pascal, Dostoïevski, Kierkegaard ont laissé une trace durable dans la philosophie des années 1930. Pénétré d’inquiétude envers le vivant, il attaque sans relâche le processus par lequel le penseur se construit un univers de vérités éternelles fondées sur la raison pour se protéger de la réalité tragique de l’existence. Contre Hegel et la philosophie rationnelle, il prend le parti de Job et exige une philosophie qui ne soit pas réflexion « regard en arrière », mais « lutte contre la toute-puissance des impossibilités ». Pour lui, la pensée est exercice spirituel, excitation d’un état de doute sur ce qu’est le réel (« il me semble que le monde dort »), recherche d’une « seconde dimension de la pensée » ouverte par les « révélations de la mort ». Seul le saut dans la foi, dans l’absurde, peut délivrer l’univers enchaîné par la nécessité : « rien n’est impossible à Dieu, Dieu peut faire que ce qui est n’a pas été », « le «fait», le «donné», le «réel» ne nous dominent pas, ne déterminent pas notre destin, ni dans le présent, ni dans l’avenir, ni dans le passé.»

Dans cet ouvrage, Geneviève Piron plonge dans les racines de l’œuvre. A partir d’une analyse des textes et des manuscrits, elle suit « l’infatigable lutteur » aux prises avec ses questions.

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Père Porphyre / Vie et paroles
06/2009 - 315 p. - ISBN 978-2-8251-3948-6 - Collection Grands spirituels orthodoxes du XXe siècle
Ce volume est, dans cette collection, le deuxième à être consacré à la figure spirituelle exceptionnelle du Père Porphyre (1906-1991).

Par rapport au premier, il a l’avantage de reproduire plus fidèlement les propos de l’Ancien, puisqu’il est constitué, pour une très grande part, par des transcriptions d’enregistrements.

La première partie, autobiographique, est composée de récits au ton très personnel à travers lequel s’expriment quelques-unes de vertus majeures du « Petit-Père »: son extrême simplicité, son obéissance sans faille à ses pères spirituels, sa très grande humilité, son amour sans réserve pour Dieu, sa profonde compassion pour chaque être humain, son absolue confiance en la Providence divine, sa vision indulgente et optimiste de l’homme, son amour profond de tous les êtres de la création…

La seconde partie aborde d’une manière simple, vivante, profonde, entièrement fondée sur l’expérience et souvent très originale, des thèmes essentiels pour la vie spirituelle: l’Église, l’amour divin, la prière, le combat spirituel, l’état monastique, le repentir, l’amour du prochain, la divine Providence, l’éducation des enfants, les effets cachés des pensées du cœur, la création, les maladies et, enfin, le don de clairvoyance que possédait l’Ancien et qui lui permettait non seulement de lire dans les âmes, mais de voir à travers le temps et la matière…

D’un bout à l’autre de ce livre, le lecteur est mis en rapport direct avec la parole même du Père Porphyre comme s’il était à ses côtés, et il en ressent la grâce.

Un représentant majeur de la spiritualité orthodoxe contemporaine a dit, après avoir lu ce livre: « C’est le livre du siècle! » Beaucoup de lecteurs ont partagé son enthousiasme, tout d’abord en Grèce, où l’ouvrage a connu un immense succès, puis dans les nombreux pays où il a déjà été traduit.

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Maurice Pergnier / Lettre d'Amorgos
03/2009 - 84 p. - ISBN 978-2-8251-3952-3
Une merveille ! Un livre à emporter dans la poche quand on part dans une île. Un livre amical dédié à "Kosta, Peter, Demetrios, Vladimir et Vladimir"... Une manière aussi de suivre le cheminement intérieur de l'auteur.

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B. Picon-Vallin - R. Soudée / Mehmet Ulusoy, un théâtre interculturel
04/2010 - 300 p.- ISBN 978-2-8251-3955-4 - Collection Théâtre XXe siècle
Sous la direction de Béatrice Picon-Vallin et Richard Soudée

Mehmet Ulusoy, aristocrate caucasien, est venu au théâtre dès le lycée par la pra-tique amateur et la lecture de Nazim Hikmet, qui sortira le théâtre dans la rue et sur les places de village et prendra tous les risques pour faire du théâtre engagé. Au carrefour de plusieurs cultures — la culture populaire turque (karagoz, marionnettes, art du conteur tekerlemé, fêtes) et le théâtre d’art européen (le Piccolo de Strehler et le Berliner Ensemble où il sera assistant ou stagiaire) auquel s’adjoindra plus tard la culture caribéenne de l’île de la Martinique —, Ulusoy occupe une place particulière dans l’histoire du théâtre français du dernier quart du XXe siècle où s’est déroulée une grande partie de sa carrière et dont il est un des étrangers actifs : en 1972, après avoir fui la Turquie, il y fonde une troupe sans lieu fixe où se rassembleront des acteurs et des artistes venus de différents pays voire continents — comme chez Mnouchkine, Serreau et Brook, mais à leurs marges. Pour Ulusoy, quelle que soit son origine, un acteur entrait dans une distribution, non pour jouer un personnage, mais pour faire un spectacle, avec un groupe. Entre Turquie, France et Martinique, il va pratiquer un théâtre libre (« de Liberté », c’est le nom de son théâtre) et nomade, profondément politique et contestataire sans slogan ni didactisme, en s’appuyant sur les pratiques de Brecht et Meyerhold, en se nourrissant de la théorie du grotesque qu’il appelle aussi fantastique — en admirateur de Brueghel qu’il est. Son théâtre est un théâtre de montage, tant dans le travail dramaturgique sur des textes qui au départ ne sont pas du théâtre que sur celui du jeu de l’acteur. Amoureux des mots et du verbe poétique, maîtrisant bien le français, il est adepte d’une écriture de plateau, celle qui s’écrit avec langage non verbal, gestuel, plastique et musical, avec le corps, la voix, le rythme et le jeu avec les objets, souvent pauvres, décalés. Les images scéniques somptueuses sont créées avec des moyens simples et construits, avec des trouvailles de bazar ou de poubelle, ou sont liées au talent de grands plasticiens comme Metin Deniz et Kuzgun Acar, ou de grands scénographes comme Michel Launay, issu comme lui de la pépinière de l’Université du Théâtre des Nations. Elles sont de celles qui s’impriment pour longtemps dans les mémoires. Ave ses collaborateurs, Ulusoy a réussi à mettre en scène la poésie de Nazim Hikmet ou de Césaire, la démesure de Rabelais, la prose d’Hemingway, les grincements de Topor, la noirceur étrange de Gogol et la clarté de Brecht.

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Geneviève Piron / Léon Chestov, philosophe du déracinement
05/2010 - 456 p. - ISBN 978-2-8251-3976-9 - Collection Slavica
Léon Chestov (1866-1938) est un philosophe existentiel d’origine russe, exilé en France. Ses aphorismes brillants, ses commentaires sur Luther, Pascal, Dostoïevski, Kierkegaard ont laissé une trace durable dans la philosophie des années 1930. Pénétré d’inquiétude envers le vivant, il attaque sans relâche le processus par lequel le penseur se construit un univers de vérités éternelles fondées sur la raison pour se protéger de la réalité tragique de l’existence. Contre Hegel et la philosophie rationnelle, il prend le parti de Job et exige une philosophie qui ne soit pas réflexion « regard en arrière », mais « lutte contre la toute-puissance des impossibilités ». Pour lui, la pensée est exercice spirituel, excitation d’un état de doute sur ce qu’est le réel (« il me semble que le monde dort »), recherche d’une « seconde dimension de la pensée » ouverte par les « révélations de la mort ». Seul le saut dans la foi, dans l’absurde, peut délivrer l’univers enchaîné par la nécessité : « rien n’est impossible à Dieu, Dieu peut faire que ce qui est n’a pas été », « le «fait», le «donné», le «réel» ne nous dominent pas, ne déterminent pas notre destin, ni dans le présent, ni dans l’avenir, ni dans le passé.»

Dans cet ouvrage, Geneviève Piron plonge dans les racines de l’œuvre. A partir d’une analyse des textes et des manuscrits, elle suit « l’infatigable lutteur » aux prises avec ses questions.

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Antoine Pitteloud / Le valais à livre ouvert
12/2010 - 1000 p. - ISBN 978-2-8251-3957-8
Une anthologie des écrivains voyageurs de la Renaissance au XXe siècle, très richement illustrée.
Un ouvrage unique offrant un voyage à travers l’espace et le temps, un livre à lire au hasard des pages, chaque texte étant une mine de découvertes! Avec une contribution inédite des Archives valaisannes.
Entre autres auteurs: Victor Hugo, George Sand, Jean-Jacques Rousseau, Charles-Albert Cingria, Fiodor Dostoïevski, Mark Twain.

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Politica Hermetica No 24 - 2010 / La Franc-maçonnerie et les stuarts au XVIIIè siècle
11/2010 - ISBN 978-2-9700698-3-6
Stratégies politiques réseaux entre mythes et réalités
Une autre issue était-elle possible à l’opposition trois fois séculaire entre l’Eglise catholique et la franc-maçonnerie ? L’enjeu est de taille et a fait rêver les historiens autant que les protagonistes tant politiques que religieux. Le décor paraît simple à planter, il a le Royaume-Uni pour centre et l’Europe comme champ d’affrontement, d’un côté les Stuarts catholiques vaincus dont les partisans ont essaimé dans toute l’Europe et restent nombreux en Angleterre même, de l’autre les Hanovriens sur le trône favorisant le développement de l’ordre. Y a-t-il eu prise de pouvoir dans des Loges stuartistes ? Michel Duchein analyse la situation politique générale ; Michael Collis le cas de la Scandinavie ; Jean-Marie Mercier le mythe d’une maçonnerie avignonnaise catholique ; Jose Antonio Ferrer Benimelli s’attache aux Loges madrilènes et romaines ; Steve Murdoch à la Russie et Pierre-Yves Beaurepaire au cercle du duc de Chaulnes à Paris. Les conclusions convergent : Hanovriens et Stuartistes étaient confondus dans les Loges anglaises à l’étranger, la nation était bien l’ultima ratio et les passages d’un camp à l’autre fréquents.
Deux études, de Valéry Rasplus sur les origines de la maçonnerie et de Jean-Yves Camus et Stéphane François sur Miguel Serrano, complètent ce 24e numéro.

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Ferenc Rakoczy / Laissez dormir les bêtes
04/2010 - 216 p. - ISBN 978-2-8251-3978-3
Un homme attaché qui hallucine sur son lit, une cuisinière pleine de sollicitude pour les escargots, un orphelin métamor­phosé en carpe, des gens du voyage parqués sur une décharge chimique, une jeune femme volontaire et sensuelle, mais qui ne s’accepte pas, un groupe d’artistes peintres dévoyés par leurs folles ambitions, qu’est-ce qui peut bien rassembler des destins à première vue si épars ? Peut-être le besoin de retrouver, en dépit du caractère fragmentaire de toute existence, un peu de fraternité, un idéal qui permette de se soutenir, mais aussi et surtout les voies de la vie secrète – rêves, fantasmes ou obses­sions. Comment se reconstruire à partir de l’irréparable cas­sure ? Comment dormir quand on est condamné à perdre sans cesse ce qui nous importe le plus ?

Ce sont ces dilemmes que chacun des personnages tente de résoudre. Pour ces animaux ultra-sophistiqués que nous som­mes devenus, à des années-lumière les uns des autres, enfoncés dans la recherche d’une vérité inatteignable, quel espoir reste-t-il ? Loin de l’exhibitionnisme sordide, de l’impudeur ou de la dérision, ces six récits semblent avoir été conçus comme des romans miniatures et, à ce titre, ils expriment une certaine fa­çon de se mouvoir au coeur du monde contemporain. Quoi qu’il en soit, les fictions flamboyantes de Ferenc Rákóczy, souvent drôles, toujours inspirées et aussi imprévisibles que l’être hu­main lui-même, nous infligent une profonde secousse morale tout en nous restituant notre part d’humanité.

De mère suisse et de père hongrois, Ferenc Rákóczy est né à Bâle en 1967. Il a grandi dans le Jura. Il vit et travaille en tant que psychiatre à Lausanne. L’Age d’Homme a publié l’ensemble de ses livres, dont un ouvrage poétique sur l’état de la planète et l’engagement de la conscience dans la lutte contre la perte du sens (Éoliennes), ainsi qu’un recueil d’aphorismes (Dans la noix du monde).

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Revue des études italiennes 54 / Giuseppe Ungaretti langue, poésie, traduction
04/2010 - 283 p. - ISBN 978-2-8251-4064-2

François Livi, Avant-propos
I. Poésie, mythe, traduction. Le poète bilingue
PhiliepBossier, Ungaretti e il tempo della traduzione
Bart Van den Bossche, « Sentimento del Tempo » : mito, tradizione e traduzione
IsabelViolante, « Vita di un traduttore » : entre rhétorique et poétique
Eleonora Conti, Ungaretti bilingue tra Apollinaire, Papini, Breton e Bontempelli
II. Ungaretti traducteur : projets et réalisations
Alexandra Zingone, Dall’arabo e dintorni. « Affrica » e altro
Francesca Corvi, Traduzione e tradizione : argomenti di un progetto ungarettiano
Giuseppe Nicoletti, Ancora su Ungaretti e Valéry (e sulla mancata traduzione ungarettiana)
Giulia Radin, Fra le carte del poeta : genesi e naufragio di un « volumetto »
Monica Savoca, Tradurre Góngora : “semplicemente” un pre-testo
Rossella Terreni, « Visioni di William Blake » attraverso lettere e testimonianze inedite
Monica Jansen, Ungaretti « mulatto ». Il barocco dell’assenza nelle traduzioni di Mário de Andrade e Vinícius de Moraes
Paola Montefoschi, « Ragioni d’una poesia » : le traduzioni da Pound e la sestina di Arnaut
III. Pierre Jean Jouve, Jean Lescure, Philippe Jaccottet, Paul Celan traducteurs d’Ungaretti
François Livi, Du « Paradis perdu » à « La morte meditata ». Pierre Jean Jouve traducteur de Giuseppe Ungaretti
Alfredo Luzi, Su alcune traduzioni francesi dei « Cori descrittivi di stati d’animo di Didone » : sondaggi intertestuali
Rosario Gennaro, Les cinq livres : il « diario » del traduttore
Franco Musarra, Dispersioni e recuperi semantici. Ungaretti tradotto da Paul Celan
IV. La poésie, l’Égypte, la peinture
Leone Piccioni, Il nuovo “meridiano” della poesia di Ungaretti
Alexandra Zingone, Ungaretti alla « Bourse égyptienne » : due interviste arabe ritrovate
Maria Carla Papini, Ungaretti e la pittura informale

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Ladislas Reymont / Les paysans
02/2009 - 936 p. - ISBN 978-2-8251-3898-4
Traduit du polonais pas Franck.L. Schoell
Dans des convulsions sourdes disparaissait, à l’orée du XXe siècle, la plus ancienne des civilisations : la civilisation paysanne de l’Europe.

Une civilisation qui émergeait de la nuit de l’histoire. La base des nations, la garante des traditions orales, la gardienne des mythologies et des religions populaires.

Les romanciers du XIXe siècle ont tenté de nous restituer ce monde. Mais la plupart d’entre eux n’ont su mettre en relief que certains traits caricaturaux : vengeance, esprit de lucre, superstitions ridicules. Voici enfin un livre qui rompt avec le genre en même temps qu’il l’illustre pleinement. Un livre absolument unique. On y retrouve la terre dans toute sa plénitude, son rythme lent et puissant, ses riches heures, mais aussi ses jours tragiques. Un livre en forme de communion intime et de célébration charnelle, à la ponctuation journalière, aux pulsations saisonnières des travaux. Une manière d’épopée brute et raffinée à la fois : ce monde encore au diapason de sa toute-puissance était en train d’amorcer son déclin quand, en 1904, Ladislas Reymont le chantait et l’exaltait. Peut-être est-ce à cela qu’est due cette profonde nostalgie qu’engendre ce grand livre tragique et sombre, plein de foi et d’amour pourtant.

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Bernadette Richard / Ni anges ni bêtes
11/2010 - 240 p. - ISBN 978-2-8251-4090-1 - Collection Contemporains - Illustrations de Pesto
Le monde animal nous paraît à la fois fragile quand il est proie, et cruel quand il est prédateur. Entre les deux, il dévoile des facettes émouvantes à ceux qui veulent bien s’en approcher. Et au-delà d’un anthropomorphisme primaire qui nous fait projeter sur lui nos propres sentiments, l’auteure raconte des faits véridiques auxquels elle a assisté, ou glanés ici et là. A l’écoute des scientifiques et des simples quidams, amoureux comme elle ou curieux de nos amis à quatre, deux pattes, rampants, voltigeant ou nageant, elle a constaté qu’ils n’étaient ni anges ni bêtes, mais tous aussi surprenants que Paul le Poulpe. En les dessinant, l’artiste a découvert lui aussi la complexité du monde animal.

Bernadette Richard a exercé plusieurs professions, et après quarante-quatre déménagements, elle se demande où installer ses pénates avec ses trois chats, son MacBook et ses cactus.
Artiste sporadique, éthylique et romantique, PESTO aime mélanger les techniques afin de donner corps aux créatures hybrides et tourmentés qui hantent son imagination

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Anne Richter / Le chat Lucian et autres nouvelles inquiètes
02/2010 - 94 p. - ISBN 9782825140192 - Collection La Petite Belgique
.Quatre nouvelles ambiguës : toutes sont ancrées dans la vie quotidienne, mais elles constitituent en même temps autant de variations autour de grandes œuvres picturales ou sculpturales.
L’univers prosaïque du Chat Lucian est traversé par des visions de peintres célèbres, de Dürer à Balthus en passant par Goya. Autre part, les Esclaves de Michel-Ange éclairent le mystère d’une histoire tragique. Plus loin encore, pour raconter une sorte de roman noir, l’auteur s’est inspiré de l’imaginaire tumultueux et violent du peintre baroque Artemesia Gentileschi. Quant au héros de la dernière nouvelle, il trouve dans le labyrinthe feuillu des arbres plus de secrets que dans tous les arts humains. A-t-il- raison ?

Sour une ironie lucide qui n’empêche pas une sensibilité constamment aux aguets, Anne Richter exprime dans ce livre son amour passionné pour la fascinante beauté des chefs d’œuvre qu’elle met en scène.

Née à Bruxelles, licenciée en philosophie et lettres, Anne Richter a enseigné la littérature française. Elle partage son temps entre la création et la critique. Nouvelliste, essayiste, anthologiste, elle est l’auteur d’études sur Milosz, Simenon et des poètes belges, mais le fantastique demeure son domaine de prédilection : elle lui a déjà consacré une douzaine d’ouvrages. Elle a obtenu plusieurs prix de l’Académie de Langue et Littérature françaises de Belgique, ainsi que le prix du Parlement de la Communauté française. Elle a été, à Bruxelles, pendant de nombreuses années, présidente des Midis de la Poésie. En 203, la République française lui a décerné le titre de Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres

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Šijakovic Bogoljub / La critique du discours balkanistique
08/2010 90 p. 2-8251-4094-9

Contribution à la phénoménologie de l'« altérité » des Balkans

Cet exposé a été lu au cours du symposium international sur « l'autre des Balkans », qui a eu lieu les 26 et 27 novembre 1999 à Gorizia en Italie. Ce symposium a été organisé par le « Forum d'Etudes et de Recherches pour la Culture » (Forum Studi e Ricerche per la Cultura) de Gorizia.

Les organisateurs du colloque « l'autre des Balkans » un groupe de jeunes Slovènes et Italiens, rassemblés dans ce forum pour la culture, n'étaient visiblement pas indifférents au supplice enduré par les Balkans au cours de ces dernières années. Je les remercie chaleureusement non seulement parce qu’ils m'ont invité à participer à leur réunion, me permettant d'exprimer un autre point de vue, mais surtout parce qu'ils ont manifesté le désir de faire apparaître les Balkans sous une lumière plus fidèle que celle projetée sur les scènes médiatiques de la fin de ce vingtième siècle, systématiquement négative. Les Slovènes sont le peuple de l'ex-Yougoslavie qui était le plus éloigné des conflits balkaniques, de par leur géographie. Ils ont conservé la capacité d'observer la situation et les tendances des peuples balkaniques sous l'angle de l'histoire avec un œil équitable et juste. Les Italiens ont pu contempler les Balkans de suffisamment près, pour réaliser à quel point le destin de la péninsule se décide hors de chez eux, entre les puissances étrangères. Eux-mêmes en Italie, ont été souvent empêchés de réaliser leurs propres projets politiques dans les Balkans. Cela oblige l'Italie à conserver à l'esprit, la complexité et les réalités balkaniques, ce qui s'oublie si facilement aujourd'hui, puisque la description médiatico-politique instantanée des Balkans, sans lien dans le temps et dans l'espace, est la seule vérité pour beaucoup.

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Karl W. F Solger / Sur Sophocle et la tragédie antique
06/2010 - 200 p.  - ISBN 9782825140147
collection Etre et devenir. Texte traduit, présenté et annoté par Noemi Angehrn, préfacé par Philippe Grosos.
En 1808, K.W.F. Solger publie à Berlin Des Sophokles Tragödien, la traduction critique en deux volumes de l’oeuvre tragique complète de Sophocle, qui lui fera obtenir le titre de docteur en philologie et philosophie à l’Université de Iéna. L’ouvrage s’insère dans la toute première décennie (1799-1811) de la production solgerienne, véritable période de formation de l’auteur, marquée surtout par l’achèvement des études de droit et de philologie ainsi que par un premier intérêt pour la philosophie.

Notre étude consiste à traduire et établir de manière critique l’essai Über Sophokles und die alte Tragödie, à savoir l’introduction réalisée par Solger, accompagnant les deux volumes Des Sophokles Tragödien. Le texte original, sur lequel nous nous sommes basés pour la réalisation de notre travail, a été tiré des Nachgelassene Schriften und Briefwechsel (Berlin, 1826). Or ce texte, selon le choix des éditeurs Ludwig Tieck et Friedrich von Raumer, n’est constituée que de la moitié de l’essai original. En effet, la version proposée n’en considère que la première partie, tandis que la deuxième, dédiée à la métrique grecque et à son rapport avec la langue allemande n’est présente que dans son début. Notre travail s’insérant dans le cadre d’une recherche qui s’occupe principalement de l’étude de l’enjeu philosophique des textes solgeriens, nous avons choisi tant de limiter notre traduction à la version éditée dans les écrits posthumes, que de restreindre notre commentaire critique aux thèmes constituant une véritable genèse de la pensée postérieure du Solger philosophe, en laissant la richesse des réflexions proprement linguistiques aux spécialistes du domaine. " (Extrait de l’avant-propos)

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Starets Thaddée / Paix et joie dans le Saint-Esprit
10/2010 - 330 p. - ISBN 978-2-8251-4102-1 - Collection Grands spirituels orthodoxes du XXe siècle

Enseignements - homélies - entretiens

Le Starets Thadée (Štrbulović) de Vitovnica (1914-2003), moine serbe formé dans la tradition des startsi russes d’Optino à la spiritualité orthodoxe, a donné à celle-ci, à travers son expérience personnelle, une marque particulière.
Le thème de la maîtrise des pensées occupe dans son enseignement une place centrale, avec l’idée forte que chacune de nos pensées (pensées au sens propre, mais aussi représentations, imaginations, intentions …) a, selon sa qualité spirituelle positive ou négative, une influence directe (le plus souvent inconsciente) sur notre état intérieur, mais aussi sur celui des personnes de notre entourage, et même celui des animaux et des plantes qui se situent dans notre environnement. Par le contrôle spirituel de nos pensées (acquis par une conjugaison de notre effort personnel et de la grâce divine), nous pouvons donc agir positivement sur nous-mêmes, mais aussi sur les êtres qui nous entourent, et ainsi nous transformer et transformer notre environnement dans un sens conforme au projet bon de Dieu à l’égard de tous.
A travers ce thème constamment replacé dans le contexte global de la spiritualité orthodoxe traditionnelle mais qui en présente une vision renouvelée, le Starets Thadée a constitué une véritable méthode qui permet à chacun de gérer à chaque instant sa vie spirituelle d’une manière efficace et d’y progresser jusqu’à y trouver, pour lui-même et pour ses proches, « la paix et la joie dans le Saint-Esprit ».

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Vlada Uroesvic / Ma cousine Emilie
06/2010 - 237 p. - ISBN 978-2-8251-4058-1
Collection Archipel slave.Traduit du macédonien par Jeanne Delcroix-Angelovski
Roman en dix-huit récits
Ce livre a une structure particulière. Il est en effet composé de 18 récits, dont chacun peut être lu indépendamment, comme une œuvre à part, mais qui, placés l’un à la suite de l’autre, constituent un tout qui peut être considéré comme un roman ayant une importante dose de cohérence. L’apparition, au long des divers récits, des mêmes personnages, d’une même ambiance et atmosphère renforce l’impression qu’il s’agit là d’une œuvre en prose constituant un tout, très proche d’un roman.

L’histoire se passe au début de la Seconde Guerre mondiale (lequel dans les Balkans se situe en 1941). C’est alors que, dans une famille macédonienne vivant à Skopje, un couple de parents éloignés qui doivent partir d’urgence quelque part laissent en garde leur fille Émilie, âgée de huit ans. La fillette devient vite un membre de la famille à part entière et participe à tous les événements qui constituent la vie de la maisonnée. Le narrateur, un garçon âgé de trois ou quatre de plus qu’Émilie, est fasciné par l’apparition de ce nouveau membre de la famille. Très vite, tous deux se lancent dans des aventures où ils s’efforcent de résoudre les énigmes que posent devant eux la ville, les rapports entre les membres de la famille, les événements inhabituels qui se déroulent autour d’eux. La guerre, puis les premières années de l’après-guerre marquées par la faim, par le dénuement, par de violents changements dans les rapports sociaux, tel est le cadre dans lequel évoluent Émilie et le narrateur dans leurs promenades à travers les vieux quartiers de la ville où, seulement pour eux, existent des signes mystérieux disant que tout n’est pas gris et banal comme cela peut sembler à première vue. A leurs yeux fascinés se découvrent d’inexplicables dérèglements dans le domaine de l’espace et du temps, et derrière les façades d’une ville réelle se montrent d’étranges, inhabituelles et incroyables choses. Les parents d’Émilie ne reviennent pas : ils ont disparu dans la tourmente de la guerre. Mais, quelques années après la fin de la guerre, parviennent des nouvelles par lesquelles Émilie et le narrateur en même temps découvrent qu’Émilie n’est, en fait, absolument pas un membre de la famille – ses parents l’ont amenée dans la maison pour la cacher et la sauver de l’holocauste. Émilie part pour Israël…

Telle est l’histoire globale du roman. Cependant, dans le cadre de cette histoire existent de nombreux épisodes qui s’éloignent du plan concret de la situation historique et touchent les thèmes éternels de l’entrée dans les régions obscures de la rencontre avec l’invraisemblable et de l’affrontement à l’inexplicable. Les événements extrêmement réels de la guerre et de l’occupation eux-mêmes sont, ici, vus à travers les yeux de l’enfance, enveloppés d’une aura particulière d’événements d’un autre monde, où règnent les lois d’une autre logique. Les petits détails même de la vie urbaine quotidienne reçoivent, avec une telle vision, une couleur de mystère, apparaissant comme les présages de rapports et de liens ne pouvant être perçus qu’avec un sens particulier du merveilleux qu’on ne possède que dans les jeunes années, avant que l’habitude et la routine de l’âge adulte ne le détruisent.

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Saint Nicolas Vélimirovitch / Les symboles et les signes
03/2010 - 112 p. - ISBN 978-2-8251-4063-5
Traduit du serbe par Marko Despot - Collection Archipel slave

« Maintes fois vous m’avez demandé si le christianisme possédait sa propre philosophie. On vous a enseigné que, dans l’histoire de la philosophie, Descartes, Kant, Leibniz, Berkeley, James ou Soloviev sont considérés comme des philosophes chrétiens. Vous avez appris que les scolastiques catholiques avaient adopté Aristote comme leur philosophe officiel, bien que Tertullien eût déclaré que "les philosophes sont les pères de l’hérésie". Mais vous êtes troublés par les divergences de ces philosophes sur les questions essentielles. Comment peut-on les appeler philosophes chrétiens alors qu’ils ne possèdent pas la même notion de Dieu, de l’âme, de la nature ?

J’ai répondu à votre question : le christianisme possède sa propre intelligence de la vie et du monde, organique et systématique, différente de toutes les philosophies humaines. Ô combien. Mais je vous ai promis que je vous exposerai plus en détail cette intelligence chrétienne. Mettant ce petit livre à votre disposition, j’ai tenu ma promesse. »

Ce court ouvrage, écrit en 1932 et dédié à l’origine aux étudiants de théologie de l’Université de Belgrade, est un abrégé pastoral destiné au travail quotidien des futurs prêtres orthodoxes. Tout en expliquant la différence entre les symboles et les signes, entre le monde matériel et la réalité spirituelle du Royaume de Dieu, saint Nicolas Vélimirovitch (1881-1956) y résume les grands thèmes de sa philosophie chrétienne dans un langage limpide.

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Thierry Vernet / Noces à Ceylan
02/2010 - 236 p. - ISBN 978-2-8251-3825-0
32 illustrations de Floristella Stephani et Thierry Vernet

Peindre, écrire chemin faisant, livre désormais culte publié aux Editions L’Age d’Homme, s’achevait en Afghanistan le 20 octobre 1954, sur la séparation entre Thierry Vernet et Nicolas Bouvier. Les présentes Noces à Ceylan débutent trois jours plus tard à New Delhi. On y retrouve la même dévotion, la même joie du jeune peintre, alors âgé de 27 ans, face à son travail, avec une différence notable cependant : il pourra enfin partager son bonheur avec sa fiancée Floristella Stephani – la tendre môme –, peintre elle aussi, partie en paquebot le rejoindre à Colombo pour l’y épouser.

Ceylan, c’est aussi l’aboutissement du long périple indien de Nicolas Bouvier ; il y célébrera le mariage de ses amis genevois : ce sont eux, les « Paul et Virginie » pudiquement évoqués au début du Poisson-scorpion.

Le séjour de cinq mois environ sur cette île enchanteresse ne sera pas exempt de difficultés (matérielles, de santé), mais ce qui prédomine dans ces pages adressées à la famille de l’auteur, c’est la confiance lumineuse de celui-ci en l’avenir, et sa curiosité très plastique pour les êtres et les cho­ses qui croisent son regard, transmise avec une verve et un naturel désar­mants.

Patrick Vallon

Il y a une chose encore que j’aimerais dire pour l’avoir éprouvée maintes fois. Il s’agit du plaisir, plus encore, de la joie et de l’émotion que les œuvres écrites ou peintes de Thierry et de Floristella nous offrent. A en croire les philosophes de l’Abîme, l’âme humaine libérée est dissoute dans l’absolu comme un morceau de sel est dissous dans l’eau. Tout disparaît, tout s’efface. Ceux qui ont eu le privilège de lire les textes de Vernet ou de contempler les peintures de l’un ou de l’autre, savent que ces arguties sont ineptes et que c’est en chacun de nous que désormais se réfugient les par­celles de ce vécu qu’ils nous ont offert, telle une mémoire vivante.

Richard Aeschlimann

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Uli Windisch / L'affaire UW: un révélateur politique et médiatique
04/2010 - 272 p. - ISBN 978-2-8251-4066-6 - Collection Objections
L’auteur du livre raconte et analyse l’affaire qu’a déclenchée une simple chronique journalistique dans laquelle il voulait répondre à l’ancien minis­tre socialiste des Finances allemand dont la grossièreté et la vulgarité des attaques contre la Suisse l’avaient indigné, comme nombre d’autres Suisses révoltés. Sa volonté de défendre énergiquement son pays et sa critique des potentialités totalitaires de certains socialistes se sont retournées contre lui sous la forme d’un véritable procès d’intention tant de l’Université que du parti socialiste suisse, ce dernier allant jusqu’à demander des sanctions professionnelles ressemblant au fameux Berufsverbot, contre lequel il prétend pourtant lutter ; n’hésitant pas à intervenir auprès de l’Université, devenue pourtant récemment autonome, de même qu’auprès du chef du DIP, également socialiste.

L’auteur décortique le processus suivant lequel un incident, qui aurait pu rester purement interne et insignifiant, est devenu une véritable affaire à la fois universitaire, médiatique et politique ainsi qu’un puissant révé­lateur social et politique. Ce processus fait aussi apparaître le manque de compétences en communication et en gestion d’événements crisologiques. À coup sûr un cas d’école. L’affaire ayant duré des mois, elle a créé un sus­pens de longue durée s’apparentant par moments à la trame d’un véritable roman policier.

L’auteur montre en quoi consiste au juste ce qu’on appelle couramment médiatisation : sa logique, son processus et ses effets, négatifs pou1r cer­tains et salvateurs pour d’autres, pour l’auteur en l’occurrence.

Cette affaire illustre le rôle capital que peuvent jouer les médias lorsqu’il s’agit de défendre la liberté de parole, même dans une démocra­tie comme la nôtre, et même à l’Université ! L’espoir vient parfois non de gens de gauche mais des citoyens eux-mêmes, dont la capacité d’indigna­tion peut se manifester de manière étonnante et massive, au point de faire reculer les censeurs et autres lâches. Ceux qui prétendent que la bien-pensance de gauche et le politiquement correct font partie d’un passé bien révolu, devraient être détrompés et incités à rester toujours vigilants, encore plus sur une partie du flanc gauche, qui, s’il appelle constamment à l’antifascisme, n’est peut-être pas nécessairement antitotalitaire…

Uli Windisch est professeur à l’Université de Genève en sociologie, communication et médias. Il dirige également le Programme du Master et de l’École doctorale en scien­ces de l’information, de la communication et des médias. Uli Windisch et son Groupe de Recherche Diagnostic Médiatique et Socio-politique effectuent des recherches, tant fonda­mentales qu’appliquées, sur les problèmes culturels, sociaux, politiques, communication­nels et médiatiques de nos sociétés actuelles.

 

Page créée le 26.02.10
Dernière mise à jour le 04.02.11

 

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