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Editions L'Age d'Homme
Rue de Genève 10
1003 Lausanne
Tél. 021 312 00 95 - Fax 021 320 84 40
info@agedhomme.com
http://www.lagedhomme.com


Parutions 2007-2008

Sous la direction d’Olivier Penot-Lacassagne / Artaud en revues
automne 2008 - 208 p. - ISBN 2-8251-1966-0
La lecture que nous proposons ici d’Antonin Artaud est à la fois une biographie et une cartographie littéraire d’une postérité. Elle porte tout à la fois sur la diffusion des écrits d’Artaud dans les revues qui lui sont contemporaines et sur leur réception dans celles qui lui sont posthumes.Les premières traduisent sa revendication d’un droit à parler, sa recherche d’une légitimité. Les secondes témoignent de la formation d’un mythe et de l’exploitation d’une mythologie. Le nom d’Artaud circule, se monnaie, s’échange.

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Max Nordau / La dégénérescence
automne 2008 - 400 p. - ISBN 978-2-8251-3842-7
La Dégénérescence est une attaque moralisatrice contre l'art dit "dégénéré", ainsi qu'une polémique contre les effets d'une série de phénomènes sociaux émergeant à cette période, tels que l'urbanisation rapide, et ses conséquences sur le corps humain. Le livre présente de nombreuses études de cas d'artistes, écrivains et penseurs (Wilde, Ibsen, Wagner et Nietzsche, etc.), mais son principe de base reste que la société et les êtres humains sont en train de se dégénérer et que cette dégénérescence est aussi bien reflétée qu'influencée par l'art.

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François Rothen / Les jumeaux de neptune
automne 2008 - 160 p. - ISBN 978-2-8251-3873-1
Un étonnant roman historique et scientifique, qui traite de la course à la découverte de Neptune au XIXe siècle, par un écrivain lausannois de talent qui, par ce livre, nous plonge dans le monde exaltant de l'astronomie à ses débuts.
François Rothen est professeur honoraire à l'université de Lausanne.

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Les formalistes russes et le cinéma
automne 2008 - 264 p. - ISBN 978-2-8251-3853-3
Dans le domaine littéraire, l’apport des formalistes russes est reconnu. Ils sont à l’origine directe de la poésie moderne. On sait moins qu’ils se sont très tôt intéressés au cinéma comme cinéphiles, critiques, scénaristes, et surtout théoriciens. Publié à Léningrad en 1927, cet ouvrage collectif est devenu un classique de la théorie du cinéma dans plusieurs pays. Cette édition ajoute au recueil initial un grand nombre d’articles des mêmes auteurs, un index raisonné des notions et une bibliographie internationale très complète.

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Jacques Rossel / A travers le monde
automne 2008 - 320 p. - ISBN 978-2-8251-3872-4
Suisse, URSS, Inde, Singapour, Hong Kong, Corée du Sud, Japon, Indonésie, Thaïlande, Ethiopie, Kenia, Soudan, USA. Mexique, Brésil. Ce privilège, je voulais le partager. C'est la raison de ce livre. J'ai étudié avec intérêt l'hindouisme et le bouddhisme, mais je ne suis pas parvenu à en vivre. Le christianisme que j'ai pu visiter, en tant d'endroits, demeure la religion dont je vis. J'ai compris une chose qui pour moi est importante: la vocation du christianisme n'est pas, avant tout, de préparer les gens à l'au-delà, mais de les former pour la vie présente.

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Aeschlimann Richard / Un monde unique au monde
L'irruption quotidienne de la réalité tragique du monde déferle comme une vague dans ma conscience. Puis, lentement au fil du jour elle reflue, laissant derrière elle une empreinte nocive qu'il faut digérer, éliminer jusqu'à l'arrivée de la vague du lendemain.
Je me sens impuissant à changer la nature de ces vagues d'horreur, ne les recevant que tel un écho lointain venu d'un autre univers. Ma parade contre cette marée, c'est le chant des oiseaux, le visage d'une inconnue, le rire d'un enfant et, parfois, les aboiements de joie d'un chien en promenade. Je sais alors que, même si tout change, que le temps lui-même vieillit, la beauté, la tendresse, la passion sont toujours au rendez-vous ; fidèles à ce monde unique au monde.
R.A.

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Bass Eduard / Les onze de Klapzuba
Comment sortir de la misère quand on a onze fils et pas un sou en poche ? Le père Klapzuba a trouvé la solution : il va faire de ses petits gars une équipe de football.
Voilà une bonne idée : l'équipe remporte tous les matchs ! Mais à l'heure où elle doit donner le meilleur d'elle-même, lors de la grande finale, le succès monte à la tête des joueurs, et ce n'est que grâce à la persévérance, à l'amour filial, à la passion du jeu et à la volonté de gagner que l'équipe des Onze de Klapzuba viendra à bout de son plus grand adversaire : la tentation de s'endormir sur ses lauriers.
Une fable pour tous les âges, pleine d'humour et d'aventures rocambolesques, de l'écrivain tchèque Eduard Bass (1888-1946), un hymne au football, à la camaraderie et au fair-play.

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Dušan T. Bataković / Kosovo un conflit sans fin ?
10/2008 - collection Mobiles historiques - 314p. - ISBN 978-2-8251-3875-5
Traduit du serbe par Marko et Slobodan Despot
Le Kosovo, province serbe méridionale, est depuis des siècles le théâtre d'une rivalité entre Serbes et Albanais fondée sur des antagonismes ethniques, religieux,  nationaux ou idéologiques, qui s'est transformée avec le temps en un conflit virulent. L'escalade des hostilités après la mort de Tito en 1980, causée par le nationalisme albanais, entraîna la dernière guerre européenne du XXème siècle: la campagne aérienne de l'OTAN contre la République fédérale de Yougoslavie , de mars à juin 1999. Emmenée au nom de la démocratie, de la liberté et de la cohabitation multiethnique au Kosovo, l'action militaire de l'OTAN aboutit, après juin 1999, dans la province  administrée par les Nations Unies (MINUK) et la KFOR, à une muette approbation de l'épuration ethnique menée contre les Serbes et les autres populations non-albanaises, passée sous silence dans les médias et au sein même de l'administration des Nations Unies. Après deux années de négociations infructueuses, sans l'assentiment de Belgrade, des Serbes du Kosovo et des autres communautés ethniques de la province, les Albanais du Kosovo proclamèrent unilatéralement leur indépendance en février 2008, réfutant ainsi non seulement la souveraineté de la Serbie (héritière de la Yougoslavie apès la séparation pacifique d'avec le Monténégro, la Serbie annula immédiatement cet acte illégal), la Charte de l'ONU (1945), l'Acte final d'Helsinski (1975) et la Résolution 1244 des Nations Unies (1999), mais créant un dangereux précédent aux conséquences imprévisibles, suceptible d'engendrer un effet domino en Europe et, plus largemennt dans toute l'Eurasie. Malgré la volonté occidentale de présenter le Kosovo comme un cas à part, la sécession de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie ne fait que confirmer les mises en garde répétées du gouvernement de Belgrade qui, depuis le début, soutient que la réaction en chaîne est inévitable, position partagée par la majeure partie des Etats du monde qui refusent toujours de reconnaître l'indépendance du Kosovo.
Ce livre de référence est une synthèse rigoureuse, une analyse subtile fondée sur une somme impressionnante de connaissances, d'expériences et de témoignages personnels, l'auteur ayant participé aux négociations de Vienne sur le statut de la province sous les auspices de l'ONU (2005-2007). Retraçant les grandes étapes de l'histoire serbe et serbo-albanaise au Kosovo du Moyen Age jusqu'à nos jours, cet ouvrage se clôt sur une analyse de l'administration onusienne et des pourparlers de Vienne.
Du san T. Batakovic, historien et diplomate, est un expert de renom pour l'histoire balkanique. Docteur en histoire (Sorbonne-Paris IV), directeur de l'Institut des Etudes balkaniques et enseignant à l'Iniversité de Belgrade, il est l'auteur de dizaines de monographies, dont le moitié consacrée au Kosovo, parmi lesquelles sa trilogie déjà classique en serbe (La question de De cani, Le Kosovo et la Métochie dans les relations serbo-albanaises, Kosovo et Métochie. Histoire et idéologie, deuxième édition 2007-2008), en anglais The Kosovo Chronicles (1992) et Kosovo & Metohija. Living in the Enclave (sous la dir. 2007), en français Kosovo. La Spirale de la haine (1993, 1998) Ses ouvrages de référence en français sont : Yougoslavie. Nations religions idéologies (1994) et (sous la dir.) Histoire du peuple serbe (2005). Ambassadeur de la République fédérale de Yougoslavie en Grèce (2001-2005), conseiller du président serbe pour le Kosovo (2005-2007), Du san T. Batakovi c est actuellement ambassadeur de Serbie au Canada.

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Edward Bellamy / Le futur antérieur
08/2008 - 197 p. - ISBN 978-2-8251-3861-8
Julian West, le héros de ce roman, fait un mystérieux bond dans le futur. Il s'assoupit à la fin du XIXe siècle dans un monde fondamentalement mauvais, où la guerre, la faim, l'exploitation de l'être humain sont choses admises. Il se réveille un siècle plus tard dans une ville de Boston qu'il a de la peine à reconnaître. Le monde qu'il découvre est idéal: les guerres ont cessé, le chômage a disparu, la pauvreté est éradiquée.
Publié en 1888, ce roman prophétique a été l'un des livres les plus lus aux États-Unis. Son influence fut immense: il inspira les plus grands intellectuels américains, philosophes, sociologues, économistes, tels John Dewey, William Allen White, Eugene Debs, Norman Thomas, Thorstein Veblen, et tant d'autres écrivains et pamphlétaires. Alors que la littérature d'anticipation propose généralement une réflexion sur une société moins bonne que la nôtre, mettant en garde l'homme contemporain contre les dérives possibles du monde où il vit, Le Futur antérieur (Looking backward) offre une vision idéale de la société de l'avenir.
Cependant, comme toutes les utopies, Le Futur antérieur a sa face sombre, qui fait de ce récit en même temps une parfaite et surprenante contre-utopie. Ce livre a tellement marqué son temps que la société américaine contemporaine et, par conséquent, mondiale, présente bien des similitudes, souvent inquiétantes, avec les prémonitions socialistes d'Edward Bellamy.

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Nicolas Berdiaev / De l'inégalité
09/2208 - Collection Sophia - 242 p. - ISBN 978-2-8251-3860-1
Traduit du russe par Anne et Constantin Andronikoff
Je veux opposer la liberté de l'esprit humain au chaos des ténèbres élémentaires qui font retourner la société à la barbarie, mais l'opposer aussi aux systèmes simplificateurs, utopistes, rationalistes, matérialistes.
La passion égalitaire provoque toujours un abaissement du niveau de la personne humaine. La démocratie, idéologie des quantités, ne peut manquer de conduire au règne des pires et non des meilleurs. La qualité, elle, est fonction d'un ordre de l' inégalité . C'est par la culture, et non par la politique ni par l'économie, que la société atteint ses fins.
Or il y a dans le monde un conflit et une incompréhension tragiques entre l'homme qui aspire à la liberté créatrice et la masse qui veut la satisfaction mécanique des besoins. Et tous deux sont moteurs de nos destinées.
La solution nous est-elle apportée par la raison, qui triomphe dans les système étatiques? La guerre est une réfutation expérimentale de la conception rationaliste de l'histoire. Alors, l'anarchie? Elle est un homicide tout comme l'est le socialisme; car, détruire la structure hiérarchique du cosmos historique, c'est détruire l'histoire, et non pas la faire .
Ni "de gauche" ni "de droite", je veux que commence un mouvement vers ce qui est élevé et profond,
Telle est la visée de cette oeuvre maîtresse de Berdiaev, réquisitoire véhément contre tous les réductionnistes politiques et sociaux, plaidoyer inspiré et réfléchi pour le sens réel de la vie de l'homme dans le cosmos.
C'est le grand Berdiaev, l'un des penseurs les plus incisifs du XXème siècle, le plus prophétique des écrivains russes, qui analyse ici avec feu l'histoire de notre temps et qui met en procès la démocratie et le libéralisme, la guerre et la révolution, l'anarchie et l'Etat, l'aristocratie et la culture, en rendant à César et à Dieu ce qui leur appartient, à l'homme ses droits, mais aussi son devoir.

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Berger François / Revenir
Tout se tient dans ce roman, cette saga peut-on dire, où l'action se déroule depuis l'arrivée des réfugiés Hongrois en 1956 jusqu'à aujourd'hui. Un monde qui a profondément changé, comme cette fresque de la maison de Toscane, menacée de disparaître, et qui pourrait réserver bien des surprises.
Un style dense et de forts personnages, une histoire pleine de rebondissements, qui se lit d'un trait.
François Berger est né à Neuchâtel (Suisse) où il est avocat au barreau. Il est également membre de la société européenne de culture, de plusieurs sociétés d'écrivains et animateur d'une émission littéraire sur une chaîne de télévision. Auteur de cinq livres de poésie, d'un récit et de quatre romans. Prix Louise Labé 1982, Distinction de la Fondation Schiller Suisse 1985, Prix Auguste Bachelin 1988, Prix du roman poétique 2001 de la Société des poètes et d'écrivains d'expression française. Il a été traduit en italien, roumain, macédonien, grec et arabe.

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Biely Andréi / La colombe d'argent
Lorsqu'il écrivit La Colombe d'argent, son premier roman, en 1909, Andréi Biély se plaça d'emblée dans la lignée de Gogol. Voici la province russe, un village et sa galerie de grotesques : hobereaux, marchands, artisans, fonctionnaires, filous, popes et paysans. Voici la plaine russe parcourue par les vagabonds, et puis la forêt, l'immensité, l'espace, les troïkas qui filent...
Intellectuel occidentalisé, déçu par toutes les idéologies mais ayant toujours au coeur la nostalgie d'un idéal inconnu, le héros de La Colombe d'argent, Darialski, se laisse séduire par une paysanne inculte, symbole pour lui de la Russie profonde, de la terre, et tombe sous la coupe d'un homme sombre et rusé, fondateur d'une secte maléfique. Cela finira mal... C'est une Russie mi-païenne, mi-chrétienne, la Russie des convulsionnaires et des flagellants, mais aussi la Russie en proie à l'essor du capitalisme et à l'effervescence révolutionnaire, infiltrée d'espions et de provocateurs qui est présentée ici. Les scènes d'envoûtement ou de transes érotico-mystiques, scandées de formules magiques, de refrains naïfs ou paillards sont parmi les pages les plus extraordinaires du roman. Est-ce bien un roman? Oeuvre de mystique, de poète, récit initiatique et rapport d'ethnographe, conte philosophique et roman policier, satire hilarante et drame sanglant, La colombe d'argent est inclassable. Elle à ébloui Blok et Essenine et influencé toute la littérature russe du XXème siècle.

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Boulanger Mousse / Aussi mince que l'oiseau
"Aussi mince que l'oiseau", pour glisser entre les vents, vivre à la cime d'un arbre, écouter le temps passer. Si Mousse Boulanger est attentive à la malice de la pluie et au frémissement du soleil, elle ne reste pas indifférente à l'inquiétude qui pèse dur notre temps. Elle sait que la joie des arbres éclate sur une musique de becs, mais que la vie s'érode à l'émeri des heures. A la suite d'une chute, elle a exploré les rumeurs et les craquelements d'un bras cassé qui chante comme on tape sur une casserole fêlée.
Mort et vie sont liées au coeur du poème, l'espérance vrillée à la fibre et l'oeil toujours tendu vers la clarté du jour.

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Buache Freddy / Daniel Schmid
Sous le titre de Portrait de Daniel Schmid en magicien, Freddy Buache publia, en 1975 aux Editions l'Age d'Homme, un lilvre (épuisé, repris ici) qui tenait compte, à ce moment-là, des deux longs métrages, Heute nacht oder nie (Cette nuit ou jamais, 1972), La Paloma /1974), et un court métrage, Thut alles im Finstern eurem Herrn das Licht zu ersparen (Faites tout dans le noir pour épargner les chandelles de votre mâitre, 1970) portant la signature de ce grand cinéaste suisse, l'un des meilleurs de ceux qui, vers le dernier quart du XXè siècle, éveillèrent l'intérêt de la critique internationale.
Né dans le canton des Grisons, parlant donc le romanche, Daniel Schmid multiplia son don des langues et tourna très indifféremment en allemand, français, italien, et même en japonais lorsqu'il réalisa Le visage écrit (1966),
admirable envoûtement cinématographique mûri grâce aux sortilèges chorégraphiques d'un lieu et de ses créateurs autour de Kazuo Ohno.
Une grave maladie le saisit tôt, ce qui ne l'empêcha pas d'exprimer le septième art juaqu'à sa dernière oeuvre (Bérésina, 1999) comme par ses mises en scène d'opéras, son univers personnel de visionnaire. Son immense culture (préparée d'abord à Berlin sous l'influence de Peter Szondi, puis au gré des tourments et des utopies de R.W. Fassbinder) ou, mieux encore, avec l'appui de sa rare sensibilité, se développa, malgré tout, au milieu des circonstances d'une économie qui ne manque jamais d'écorcher la vie réelle ou rêvée pour la remplacer par l'aliénation des clichés à la mode.
Or ces clichés, il en accepta le caractère trivial afin de mieux les détourner et de constituer, avec eux, une poétique spirituelle démystification. Il a choisi des scénarios adaptables à son attitude mentale et les organisa, fou de musique, de peinture, sur des formes émotives liant à son coeur l'intelligence du sourcier porté par les vertus de la voyance.
Un entretien de ses débuts (en compagnie de son ami Renato Berta, directeur de la photographie) rappelle ce qui disposa de son originelle inspiration, dès son enfance.

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Carême Maurice / Être ou ne pas être
Maurice Carême n'a rien perdu de cette magie du langage, de cette musicalité des mots dont il a eu comme le génie. Les poèmes du recueil posthume Être ou ne pas être se déroulent comme une longue interrogation posée tour à tour sur les ombres et sur le clartés qui assombrissent ou éclairent le destin des hommes.
Traduits dans quasi toutes les langues euopéennes, mais aussi en arabe, en vietnamien, en afrikaans, en chinois, en japonais, en persan, les vers de Maurice Marême ont inspiré à ce jour aux musiciens 2570 mélodies, choeurs, musique de chambre, chansons.
Les paroles de Bernard Clavel sont toujours d'actualité trente ans après la mort du poète le 13 janvier 1978.
"Chaque page est un moment de l'homme avant même d'être un moment de poésie."

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Charles David / La part du vide
On ne le dira jamais assez, la perfusion est planétaire. L'euphorie gagne, le divertissement est généralisé, la consommation se porte bien. Tout le monde est content, tout va pour le mieux. Il est une force, cependant, derrière le feu d'artifice. Invisible, puissante, infinie.
Catapulté vers Zurich, l'oeil critique, la solitude solide, l'allemand boiteux, le narrateur va profiter à fond de sa mise en retrait. Mieux, il va en faire un exercice de tous les instants.
Qui suis-je ? Avec ce genre de question, on atteint trop souvent l'objet utile à d'autres, l'acteur. Et d'ailleurs, qui est ce "je" au-delà de sa mémoire, autrement dit, au-delà de ce qu'il a appris à penser qu'il était ? Trop de tout, n'est-ce pas, trop de mémoire, d'informations, de jeu - de société -, de propagande, de lavage de cerveau.
Alors déconnecter, débrancher, enlever la perfusion et ne pas s'en faire, car il faut que cela se passe.
D.C.

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Jean Michel Chavin / Noires couleurs
08/2008 - 102 p. - ISBN 978-2-8251-3891-5
Partir d'un bourg industrieux, sis dans un creux jurassien, parmi des paysages qui le hantent comme, du "Fils du Soleil", les Ardennes natales, l'auteur a vécu sur les chemins de Rimbaud, dans l'Ethiopie du Roi des Rois, sous les mosquées de Harrar. Entre l'Europe "aux anciens parapets", les Amériques et l'Afrique, au plus loin de ses origines familiales, il a épousé "Bethsabée", dans l'île de la Barbade.
Paris. Tempes grisées, montures carrées, pour les Présidentielles croise, Rose et Bleu au-dessus des toitures, le sourire large des Factions de la Haine... Et l'idée, dans l'abîme, qu'un chien ne fait pas un chat!... Chemins tortueux, sentiers improbables: nous sommes fils de la guerre... Et leurs affidés bouclent la boucle - "Tu es Noire et tu es si belle!" Est-ce que déjà demain reflue? L'obscène s'affiche plus que jamais!
L'auteur a enseigné à l'Université de Franche-Comté la langue et la culture françaises. Pour son premier ouvrage, en 1997, le Prix Comtois lui a été attribué. Jean Michel Chavin a publié, depuis, de nombreux volumes. Aujourd'hui à la retraite, il poursuit ses travaux en écriture.

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Chessex Jacques / Charles-Albert Cingria
Contemporain de Claudel et de Stravinsky, Charles-Albert Cingria va son chemin dans le Moyen-Age des antiphonaires et la plus libre invention moderne. C'est qu'il vit comme personne l'instant et l'intemporel, soucieux de Dieu, de style. d'images, de stupeur inspirée au choc des figures et des choses.
Prosateur au génie dru, conteur d'histoires enluminées comme autant de miracles quotidiens, il pratique la disgression du chat et la halte du pèlerin comblé par la grâce d'être là. Ecrivain sauvage, mondain, intransigeant, et l'un des styles les plus élaborés et printaniers du vingtième siècle.
Jacques Chessex

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Cogné Christian / Toute une nuit au pirée
"Seul le solitaire des hauts-fonds parvient à doubler le cap de l'irrationnel en toute quiétude."
Un shomme se sachant condamné se rend au Pirée pour y finir sa vie. Il va employer ses dernières heures à réécrire ou corriger les cinq nouvelles fantastiques qui constituent le puzzle de sa vie. Il ne sait pas qu'une femme étrange a payé un détective pour le retrouver...
Une course-poursuite s'engage à travers le monde ayant pour point de départ ou d'arrivée la Grèce. Un suspense maîtrisé de nouvelle en nouvelle jusqu'au dénouement où l'auteur dévoile une machination diabolique.
Sur les traces, entres autres, de Marcel Béalu, de Dino Buzzati, l'auteur renoue ici avec le genre fantastique dans une dynamique onirique pour proche de l'absurde.
Christian Cogné vit et enseigne en banlieue parisienne, il a écrit des ouvrages sur la Grèce, deux romans, Le Roi d'Asiné, L'Age d'Homme, 1998; JF aux semelles de vent, Calmann-Lévy, 2004, et des pièces de théâtre jouées à Paris et en banlieue.

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Coquoz Nadia / Les démons du hasard
Fille du hasard et de l'attente, Ella veut "choisir de ne pas choisir". Pour ne pas souffrir. Pour ne pas devoir mourir à chaque fois qu'une décision prise éloigne définitivement toute autre alternative.
Elle prendra tout ce que la vie lui présente, et s'en accommodera. Mais jusqu'à quel point ? Comment vivre au fil des choses qui arrivent, sans toutefois se laisser engloutir par elles? Le voyage en en Inde, dans tout ce qu'il comporte de mythique et de fantasmé, le lui révélera.
Charles voudrait vivre ses rêves, mais n'en a ni la force, ni le courage. Il court d'une frustration à l'autre, vit de succédanés. Son rêve devient handicap, qui l'empêchera peu à peu de respirer, d'exister, d'être. Comment l'abandonner, sans avoir l'impression de se résigner, d'avoir échoué?
L'histoire mêlée de deux trentenaires façonnés par les rêves des autres, et aux prises avec leurs propres désillusions.
A la recherche de leur propre liberté. Au travers d'elle, de leurs limites.
Nadia Coquoz est née en 1977 à Vevey, en Suisse, et a grandi dans le Chablais valaisan; licenciée en histoire contemporaine, elle vit actuellement à Berne avec son compagnon et leurs trois enfants. Les Démons du hasard est son premier roman.

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Eugenio Corti / Les guaranis
10/2008 - collection Au coeur du monde - 420 p. - ISBN 978-2-8251-3858-8
Roman traduit de l'italien par Andrea Vanicelli avec la collaboration de Jean-Marie Debois
Ce roman historique évoque l'épopée et la tragédie des Guaranis au XVIIIème siècle, à l'époque des reducciones jésuites en Amérique du Sud. On sait que ces missions jésuites auprès des Indiens guaranis ont duré près de 150 ans, de 1609 à 1768. Les terres des Guaranis s'étendaient sur une surface immense, correspondant, en termes actuels, au nord de l'Uruguay, au sud-est de Paraguay et traversant le Brésil et l'Argentine. Le fonctionnement des "réductions" était tout à fait particulier. Toutes bâties sur le même plan - au centre du village se trouvaient l'église et un collège (l'enseignement pour les garçons et les filles était obligatoire pendant cinq ans), qu'entouraient des écoles d'artisanat et des ateliers - elles étaient gouvernées par un corregidor guarani, l'autorité spirituelle étant exercée par les deux jésuites - au maximum - qui vivaient dans chaque "réduction". L'élevage et la culture du maté étaient les grandes ressources de ces communautés ou les Guaranis, qui s'étaient volontairement mis sous la souveraineté du Roi d'Espagne, vivaient lilbres, dispensés du du servage.
La Terre des Guaranis nous fait revivre, à partir de 1740, la vie d'une de ces "réductions", à l'époque de leur apogée puis de leur déclin. Les razzias des bandeirantes , esclavagistes portugais du Brésil, constituent une menace permanente. Les appétits des grandes puissances sont manfestes. Le traité signé en 1750 entre le marquis de Pombal et Ferdinand VI, au terme duquel l'Espagne cède au Portugal une grande partie du territoire des Missions, sonne le glas des "réductions". La suppression de la Compagnie de Jésus aggrave la situation des Guaaranis. Ils ne pourront résister longtemps aux armées espagnole et portugaise qui imposent l'application du traité. Mais l'idéal des "rédcutions" n'est pas pour autant effacé des terres ni des coeurs des Guaranis, qui semblent pourtant condamnés é retourner à l'état nomade.
Eugenio Corti a peint ici une superbe fresque historique sur trois générations, nous faisant suivre les vicissitudes d'une communauté qui ne plie pas devant la violence de l'Histoire, et a créé des personnages inoubliables. La peinture de la vie quotidienne de la "réduction" et des éternelles passions des hommes, alternent avec d'admirables descriptions de scènes de batailles, de la forêt, de voyage vers les grandes villes, où parviennent, tamisés, les échos des évènements qui sont en train de bousculer l'Europe. Dans ce roman, l'auteur du Cheval rouge use d'une technique narrative inédite, d'une grande efficacité, qui situe le lecteur à la fois au coeur des évènements et de la création littéraire, le plongeant dans une atmosphère captivante qui constitute sa signature.

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Dunilac Julien / Lettre du placard
Victime de l'ambition dévorante et des intrigues d'Alberto, fils d'immigrés, Gérard est mis au placard par le conseil d'administration de sa propre entreprise familiale. Il vient à son bureau, mais n'a plus de possiblité d'y faire quoi que ce soit : plus de courrier, plus de réseau téléphonique et informatique, il est coupé de l'entreprise et n'a plus de mandat.
Cette épreuve, heureusement pour lui de courte durée, illustre néanmoins ce que vivent de nombreux cadres de l'économie frappés par la même infortune.
Elle est aussi, pour Gérard et Anna-Maria, son admirable épouse, également filles d'immigrés, l'occasion de réfléchir sur les liens qui les unissentet sur les valeurs dites bourgeoises...
Pas de sexe délirant. Pas de violence gratuite et pas de polémique cauteleuse. Par les temps qui courent, presque une provocation.
Dans sa retraite neuchâteloise, Julien Dunilac poursuit, à travers romans et recueils de poèmes, son inlassable questionnement sur le monde et le sens de l'aventure surprenante que nous y menons. Lettre du placard est de la même veine que Le dos au mur ou, plus récement, Le Funiculaire.

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Floquet Michel / Julie Sordat
Une jeune Savoyarde, Julie Sordat, est placée au pair dans une famille lausannoise. Elle a douze ans et nous sommes au début du XXème siècle.
Michel Floquet nous raconte l'histoire de sa grand-mère. En essayant de ne rien omettre et de ne rien déformer. La plus grande transparence, la plus humble simplicité sont ici garants de l'authenticité. Ne pas faire écran entre cette Vie simple et sa restitution. Mais tenter, par de menus détails, par le langage, par la justesse des descriptions de recomposer patiement le puzzle d'une existence, dans ses joies, ses exaltations et le plus souvent ses peines, ses difficultés, ses inconsolables chagrins.
L'histoire d'une vie entre les deux côtés du lac, de Choisy à Lausanne, puis à Genève. Rien qu'on ne sache, d'une certaine façon, mais tout ce qu'on ne sait plus. Parce qu'on a oublié jusqu'au rythme de ce temps-là.
L'auteur a retrouvé ce rythme, cet air qu'on respirait avant la guerre de 14, la mentalité d'une époque pas si lointaine qui nous paraît pourtant surgir d'une armoire hermétiquement verrouillée, qui fleure bon le linge repassé. Une vie ordinaire, peut-être, celle que nos grands-parents ont vécue à Genève et en Suisse romande. Quelque chose de mélodramatique, dans le meilleur sens du terme, une émotion, des rires et des larmes pas encore maquillées par notre époque de détournement des sensibilités.
Pour cette nouvelle édition, Michel Floquet a enrichi ron roman d'un épilogue qui ceint son héroïne d'une lumière rassénérée.
Michel Floquet vit à Genéve,il a publié deux recueils de poèmes à l'Age d'Homme: Dômes du silence (1989) et Clameur bleue (1993), ainsi qu'un récit, Haïti (1999) et un recueil de nouvelles, La noce à Thomas (2004).

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Jean Fournier / Histoire de l'oiseau de la vache et de la jeune fille
10/2008 - 110 p. - nombreuses illustrations - ISBN 978-2-8251-3896-0
Sur le conseil d'amis, je me hasarde à vous communiquer ces contes, certains vieux de cinquante ans.
Je les avais écrits pour mon plaisir au cours de longues traversées en bateau, car habitant l'Inde à ce moment-là, je revenais de temps en temps en France.
Ne pouvant travailler en mer, je suis artiste-peintre, je m'occupai de cette façon.
Jean Fournier

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Futurisme et Surréalisme
Les rapports entre le Futurisme et le Surréalisme semblent avoir été marqués par une incompréhension réciproque (d'ailleurs tributaire, en partie, de la dynamique même des avants-gardes, fondée sur la rupture et sur l'utopie d'un commencement absolu) : une incompréhension faite de silences, de méprises - ou de mépris -, sur un fond affiché d'opposition idéologique et de rivalité : mais il est de fait qu'à partir de 1909 et de 1924, ces deux puissants catalyseurs de modernité, italien et français, agissent, sinon de concert du moins en synergie, en Europe et dans le monde.
Ce livre invite à dépasser les cloisons étanches dressées par l'histoire littéraire et montre que le dialogue entre Futurisme et Surréalisme, qui fait ici l'objet d'études portant sur les manifestes et certaines thématiques, est nécessairement un dialogue croisé à plusieurs voix, dans un contexte plus large; le souffle de l'avant-garde se joue en effet des frontières. C'est cette dimension européenne - allant de l'espagne à la Russie, en passant par la France, l'Italie, la Suisse, l'Allemagne - que les dix-huit études réunies en trois sections - Intersections, Figures et problèmes, Dialogues - mettent en valeur, dans un esprit d'ouverture interdisciplinaire, attentif aussi bien à la littérature (poésie, roman, théâtre) qu'à la peinture et aux arts plastiques, à la musique et au cinéma.
Par la diversité de ses objets et la rigueur concertée des approches historiques et méthodologiques mises en oeuvre, ce volume reflète la vitalité de deux mouvements qui ont animé - voire agité - le monde culturel de la première moitié du siècle dernier et, à la fois, illustre de façon suggestive le fonctionnement de ces contre-institutions (mais institutions quand même, contradictoirement) que sont les avants-gardes. Il place ainsi, à distance de temps, les jalons d'une vue historique fondée sur un examen attentif et sans préconceptions des intentions et des réalisations.

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Gehrig Virgile Elias / Pas du tout Venise
Accompagné de sa soeur, ses deux frères et de son père. Tristan, un jeune homme éperdumenet amoureux, va faire ses adieux à sa mère mourante dans un hôpital de banlieue. Histoire banale peut-être, mais l'on sait bien, depuis les existentialistes et le Nouveau Roman, que le sujet est assez accessoire. Comme il est impossible à l'homme moderne d'établir entre le monde et lui un autre raport que d'étrangeté, Virgile E. Gehrig a élaboré son roman par sédiments, accumulant et évidant de la matière tout ensemble, conscient qu'au bout du compte, le texte lui échappera et qu'il en saura plus que lui-même.
Pas du tout Venise se révèle ainsi une traversée orphique plus riche et plus étrange que tout ce que l'auteur en avait espéré en l'entamant.
Né à Sion en 1981, V.E. Gehrig signe là son premier roman, tandis qu'il achève des études de lettres et de philosophie à l'Université de Fribourg.

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Gisiger Hanjsörg / L'interview
Hansjörg Gisiger est né à Bâle, (1919-2008).
Après des études de médecine, il se consacre à la sculpture, parfois monumentale, travaillant l'acier depuis 1956 et acquérant peu à peu une réputation internationale qui, depuis cinquante ans, ne s'est pas démentie.
Ecrivain à ses heures, il est l'auteur de quatre livres de nature autobiographique, qui nous restituent, outre son parcours de sculpteur et graveur, sa vision philosophique et esthétique en relation avec l'art contemporain.

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Godin Noël / Anthologie de la subversion carabinée
Les points d'orgue de la subversion bel et bien carabinée puisque nous avons affaire ici à la première association de gros calibre de textes résolument malfaiteurs:
- à travers toutes les formes rocambolesques de subversion : appel au meurtre, grève orgiaque, tour pendable, pétrolage gloupitant, pique-assietisme sauvage, détournement pernicieux, cannibalisme justicier, sabotage polisson, attentat pâtisser, etc.
- à travers tous les genres littéraires : libelle, reportage, poème satirique, dessin pamphlétaire, tract, mots croisés, utopie, scénario, essai théorique, conte licencieux, comic strip, chanson pillarde, théâtre d'agit'prop, harangue, aphorisme, ghoost story, lettres d'insultes, etc.
- à travers toutes les écoles du crime donquichottesque : des émeutiers galope-les-cotillons de l'Antiquité aux chaos-spontex de 68 et d'après, en passant par les iconoclastes du Moyen-Age, les "emporte-pièce" de 1789, les "amazones-crapule" de la Commune, les chevaliers de la dynamite de la Belle Epoque, les magiciens anarchisants, les pirates utopistes, les fuck-rebels yippies et le grain fin des "boutefeu de sédition" slaves, chinois, égyptiens, latino-américains ou belges...
- à travers tous les catalogues d'auteurs dépassant les bornes : d'Allais et Fourier à Stirner et Wilde, de Darien et Forton à Leroux et Swift, de poètes-assassins ayant prémédité de "mettre le terme au maître" (Baader, Péret, Bonnot, Solanas...) à des fauteurs de troubles plutôt inattendus : Balzac, Claudel, Mérimée, Tchouang-Tseu, Valéry, La Fourchadière, saint Epiphane...
Noël Godin est né à Liège en 1945 en hurlant : "Vive Ravachol ! "
Collabore fourbement à moult périodiques niguedouilles (Ciné Revue, Actuel...) en y injectant un maximum de faux.
Accouche de monstres littéraires mal léchés : Crème at châtiment (Albin Michel), Godin par Godin (Yellow Now), Grabuge, avec d'autres pieds nickelés, Armons-nous les uns les autres !, Entartons entartons les pompeux cornichons ! (Flammarion tous les trois).
S'affirme comme un fin expert en gags inoffensifs désolants : lâcher de hargneux volatiles lors du final des Oiseaux d'Hitchcock : de pets préenrengistrés pendant des messes de requiem; de sceaux de colle à tapisser sur des sommités universitaires.
Réalise plusieurs courts-métrages éducatifs : Prout Prout Tralala 1974; Grève et pets 1976; Si j'avais dix trous de cul, 1999.
Sous le nom et la barbe de Georges Le Gloupier, entarte loufoquement les pompeux cornichons (Duras, PPDA, Chevènement, Elkabbach, Bill Gates, Sarkozy, BHL à sept reprises, etc.).
La nouvelle édition de la brique pousse-au-crime est complétée par une très-très dodue bibliographie mécréante.

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Philippe Grosos / L'existence musicale - Essai d'anthropologie phénoménologique
09/2008 - collection Etre et devenir -131 p. - ISBN 978-2-8251-3855-7
Parler et donc chanter, marcher et donc danser, être au monde et donc, dans la construction, l'habiter: à chaque fois la musique est présente et c'est à elle que revient de rendre possibles de telles manifestations. C'est dès lors en les interrogeant, dans leurs possibilités comme dans leurs enjeux, que nous commencerons à comprendre ce que signifie pour l'homme l'existence musicale.
Philippe Grosos est professeur de philosophie moderne et contemporaine à l'Université de Lausanne.

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Grossman Vassili / Pour une juste cause
Première partie du légendaire Vie et Destin, Pour une juste cause est déjà tout parcouru du souffle épique qui anime le chef-d’oeuvre de l’écrivain soviétique. Avec ce roman, nous entrons de plain pied dans les moments les plus tragiques et les plus poignants de la IIe guerre mondiale.

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Haldas Georges / Cortège des vivants et des morts
Je descends ici dans le palais redoutable à la fois et somptueux des insomnies, situées à mi-chemin entre le rêve et l'état de veille. Et, pour les personnes d'un certain âge, à proximité de la mort. D'où leur caractère insolite et leur intensité. Mais - que je précise tout de suite -, ces insomnies, en ce qui me concerne, sont le plus souvent accompagnées par la remémoration des diverses phases de ma vie. Or, il en va des remémorations comme de nos conversations : il y a celles que l'on tient durant la journée, ordinaires, courantes, comme on dit, banales souvent; et puis il y a celles que l'on poursuit, la nuit, avec un ami, sur des questions graves, ou au sein d'un couple, entre homme et femme, plus pénétrantes, plus intimes, plus confidentielles, bref, plus proches des assises de notre vie. Il en va donc de même avec les remémorations. Celles qui accompagnent mes insomnies, de par leur proximité avec le rêve et la mort, ont quelque chose de métaphysique, comme on ne manquera pas de la voir ici. Mais le principal est que, au sein de ces remémorations nocturnes, je retrouve tous les personnages que j'ai rencontrés au long de mon existence. Non, dans l'ordre chronologique où je les ai rencontrés mais selon les affinités issues des secrètes associations de la mémoire, comme je l'ai dit maintes fois. Il va de soi que parmi ces personnages, plusieurs sont morts; d'autres sont vivants, mais dans un état précaire: maladies ou infirmités; il y a enfin ceux qui, ayant disparu de mon horizon, je ne sais plus s'ils sont vivants ou morts. N'importe. Tous, dans ces remémorations sont également présents. Et c'est d'eux, précisément, que je veux parler ici. Un veritable cortège des vivants et des morts.
G.H.

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Jacques Henrard / Le marcheur à genoux
09/2008 - collection La petite Belgique - 106 p. - ISBN 978-2-8251-3856-4
Il marche dans sa maison, dans les sentiers de son jardin et de ses souvenirs. Vers où? Vers qui? Celui auquel on donne le nom de Dieu? Ce Dieu qui l'a quitté sur la pointe des pieds à un tournant de sa jeunesse. On se retourne, il n'est plus là. A l'âge de la retraite, il se vide la mémoire de tout ce qu'on lui a appris à son sujet et entreprend de partir à sa recherche. Ce sera l'errance d'un sans mémoire à la rencontre d'un sans visage.
Avec une sincérité totale, mais sans aucune agressivité, Jacques Henrard tente d'arracher Dieu à ses prisons et à ses geoliers. Il développe le paradoxe d'un attachement viscéral à une Eglise dont il critique avec fermeté la sclérose, l'immobilisme fatal dans une époque qui galope.
Jacques Henrard a écrit une douzaine de romans et une vingtaine de pièces de théâtre dont plusieurs touchent au religieux.

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Serge Heughebaert / Le jour ou l'autre
08/2008 - Contemporains -176 p. - ISBN 978-2-8251-3848-9
- Pour moi, un café sans caféine. Vous avez?
- Du café Haag, ça vous convient un café Haag? demanda la serveuse. Elle avait un accent.
- Et puis on m'a dit que c'est la meilleure saison. Il paraît qu'on voit des lions. A moins de dix mètres.
- Le Kenya est réputé pour ça. Ç a me plairait aussi...Mais je n'aime pas l'avion. Je ne l'ai jamais pris. Je crois que j'aurais trop peur... Moi, je prendrais bien un thé de cynorhodon... J'ai jamais vu des lions qu'au Knie, tu penses! Ç a doit être impressionnant...
- Le cynorhodon, pour vous, c'est bien ça? vérifia la serveuse.
- Le sachet à part. Et un pot pour l'eau chaude, si ça ne vous fait rien... Un dresseur disait que s'il n'y avait pas eu les cirques et les zoos, certaines espèces, on ne les verrait plus... J'ai demandé le sachet à part parce que souvent on nous le sert noyé dans l'eau chaude. Moi, je préfère verser l'eau chaude dessus.
- Je préférerais de la vraie crème. Si vous en avez, dit la femme qui avait commandé le café décaféiné.
Puis elle soupira, dès que la serveuse eût le dos tourné:
« Encore une qui doit venir du Kosovo ou de je ne sais où ! »

On peut aimer l'autre lorsqu'on en fait usage.
On peut aimer l'autre tant qu'il n'est pas là.
On peut aimer l'autre dès lors qu'il nous ressemble.
Et puis vient le jour où l'autre ...

Avertissement:

Un être identique peut en cacher un autre.
Un étranger aussi.

Toute ressemblance avec une personne existante
ou ayant existé serait le fruit d'un pur hasard !

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Jolidon René-Marc / Comptes inrendus
Débarqué dans le nord du Cameroun à la fin des années 1980 pour une mission humanitaire, Rémy Borry, médecin fraîchement diplômé, est plongé dans un univers nouveau et fascinant, où se marient le dénuement et la générosité, le malheur et la beauté, la souffrance et le plaisir. Soumis à un flot d'images et d'évènements qui les surprennent toujours, le révoltent parfois et l'enthousiasment par instant, le jeune homme voit son voyage en Afrique se transformer en un périple intérieur avec pour thème, la condition humaine.
René-Marc Jolidon est né en 1959 dans le Jura suisse.
Docteur en médecine, spécialiste en médecine interne et en maladies infectieuses, diplômé de Santé Publique et de Médecine tropicale, il a participé à plusieurs missions humanitaires avant de s'installer en Suisse romande. Il a écrit plusieurs articles scientifiques et relatifs à la politique de santé en Suisse. Comptes inrendus est son premier roman.

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Jolidon René-Marc / Zaccharie ou une histoire sans vie
L'histoire du Rwanda ne commence pas en 1994 au moment du génocide.
En 1985, Simon s'engage comme médecin sans frontières dans un camp de réfugiés tutsis, dans l'Akagera, à l'est du pays des Mille-Collines. Il y ressent un malaise annonciateur de catastrophe. Il fait la rencontre de Zaccharie, un Rwandais exilé depuis son plus jeune âge. Le destin de cet apatride, prisonnier de cette région troublée par les dissensions ethniques, la pauvreté et la négligence de la communauté internationale, sert de trame à ce récit. L'homme peut-il échapper à sa condition ? Comment lutter contre l'incontournable ? Simon l'humanitaire et Zaccharie le réfugié assistent au théâtre du monde qui alimente leur questionnement intérieur. A la recherche d'un apaisement qui semble inatteignable, d'où que l'on soit issu.
Après Compte inrendus, publié en 2007, qui avait emmené les lecteurs dans le Nord-Cameroun, René-Marc Jolidon situe son deuxième roman en Afrique centrale pour un nouveau voyage au coeur de ce continent, né en 1959, il vit en Suisse romande.

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Kama Sywor Kamanda / Oeuvre poétique
09/2008  - Collection Au coeur du monde - 954 p. - ISBN 978-2-8251-3782-6
Après la lecture de cette somme, une question demeure:  « Y a-t-il un thème qui n'a pas été abordé? »
L'oeuvre de Kama Sywor Kamanda est profondément enracinée dans la terre africaine. Elle s'inspire de l'histoire, de la vie quotidienne et des réalités des peuples qui la cultivent, la remuent et la façonnent depuis la nuit des temps.
Les crises sociales, les guerres, la violence, la pauvreté, les manipulations politiques, l'amour, la résistance à la tyrannie, le rêve d'un lendemain meilleur, le combat pour la liberté, la souffrance des peuples opprimés, la vie quotidienne, l'exil et la quête d'absolu demeurent ses thèmes récurrents.
Dans un lyrisme aux tonalités prophétiques, le poète, hanté par la condition humaine, nous offre une poésie qui explore les abîmes de l'âme. Elle exprime la réalité, transfigure l'utopie et crée un monde où tous les rêves sont possibles.
Elle exalte les valeurs auxquels l'homme se doit de croire pour améliorer le sort de l'humanité.
Il n'en demeure pas moins que Kamanda est fasciné par les questions historiques qui restent sans réponse. Il dénonce l'injustice, la médiocrité, le mépris des autres et l'Afrique oublieuse de son passé. Cette poésie constitue un acte de foi dans les plus nobles causes humaines.
Dans sa quête d'autenticité, le poète réinvente le langage. Il dénonce la pensée esclave des peuples martyrs, colonisés et opprimés, espérant qu'un jour, la force de l'idéal révolutionnaire finira par l'emporter sur les machinations politiques.
Dans cette poésie de l'amour, de l'espoir et de la liberté, tout nous interpelle quand le poète nous invite à suivre le regard qu'il porte sur le monde.

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La lumière du Thabor 51-52 La reine s'est tenue à droite
09/2088 - 267 p. - ISBN 978-2-8251-3859-5
La Lumière du Thabor est une revue internationale de théologie orthodoxe. Elle fait connaître des textes inédits des Pères de l'Eglise, et des vies de saints, anciens et nouveaux; elle publie des analyses de théologiens, des articles de fond sur l'histoire, l'iconographie et l'hymnologie de l'Eglise Orthodoxe. On y trouve aussi des notes de lecture et une information commentée ecclésiastique.
Le présent numéro est consacré à la Mère de Dieu, à ses fêtes, à son iconographie et à ses miracles dans l'Eglise Orthodoxe. Tous les saints la célèbrent: saint Grégoire Palamas, sa nativité; saint Dimitri de Rostov, son entrée au temple; saint Nicodème, son annonciation; saint Photios son icône; saint Jean de Changaï, sa juste vénération; Elie Miniatis, son intercession. La vie de saint Maxime le Kavsokalyve est un exemple de la protection qu'elle donne aux saint, et un joyau de la spiritualité orthodoxe.
Complètent cet ensemble, un texte de Père Nicolae Dura, spécialiste international des Canons, et une ample chronique éclairant livres et évènements à la lumière de la « pensée du Christ ».

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Kuffer Jean-Louis / Vladimir Dimitrijević personne déplacée
Il faut relire, aujourd'hui, le beau portrait que Jean-Louis Kuffer a fait, en 1986, de Vladimir Dimitrijevic dans Personne déplacée, car il n'a pas pris une ride.
Roman de formation et d'aventure, carnets d'un grand lecteur, écrit dans l'étroite distance que permet l'amitié, c'est le portrait fidèle d'un éditeur hors norme, fondateur des Editions l'Age d'Homme, qui, en 40 ans d'existence, auront publié près de 4000 titres dans les domaines les plus divers : le monde slave, classique et contemporain, représente environ le quart du catalogue. La Suisse, bien évidemment, constitue le fonds même du travail de la maison, avec quelque 1500 titres traitant de tous les aspects de la culture helvétique : littérature, histoire, sociologie, philosophie, théâtre, cinéma.
Vingt ans plus tard, il vaut la peine de revenir sur le parcours d'un homme - éditeur avant tout - qui aura poursuivi, contre vents et marées, sa vocation de passeur et dont la devise, malgré les tempêtes de l'histoire, est restée inchangée : une ouverture sur le monde.
Une alliance indestructible
, texte de Jean-Louis Kuffer, actualise et justifie la présente réédition.
Jean-Michel Olivier
Lecteur infatigable, journaliste, écrivain, Jean-Louis Kuffer est né en 1947 à Lausanne. Il est l'auteur d'une douzaine d'ouvrages dont Les Bonnes dames (2006) et Impressions d'un lecteur é Lausanne (2007) publiés chez Bernard Campiche. Depuis 1982, il anime également la revue littéraire Le Passe-Muraille. De Jean-Louis Kuffer, Poche Suisse a publié Le Pain de Coucou (Prix Schiller 1984).

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Henry Michel / Du communisme au capitalisme
L'effrondement à l'Est des régimes dits socialistes ne résulte pas seulement des circonstances politiques. C'est surtout le signe de la faillite d'un système qui, prétendant nier la réalité au profit d'abstractions et de principes faussement universels, s'apparente au fascisme.
Mais de Prague ou de Bucarest, ceux qui se précipitent à l'Ouest ne savent pas encore qu'une autre forme de mort les attend au rendez-vous: le nivellement des valeurs et des individualités, tel qu'il s'est développé à l'ombre du capitalisme, sous l'empire de la technique moderne.
Entre Marx et Heidegger, entre Hanna Arendt et Herbert Marcuse, entre Est et Ouest, Michel Henry dénonce la barbarie culturelle contemporaine. Il se livre ici, en une belle méditation, à un plaidoyer émouvant d'humanité et d'indignation contre tout ce qui porte atteinte à l'individu, dans son corps, dans ses émotions et ses créations. Pour que la "défaite de la pensée" ne soit pas aussi la destruction de la vie.
Michel Henry (1922-2002) est reconnu comme un des philosophes contemporains les plus importants. Refusant les systèmes existants enfermés dans le tête à tête de la pensée avec le monde extérieur, sa phénoménologie qui prend en vue la vie tout entière accomplit un renversement. Elle définit l'individu à partir de son origine, la vie immanente, essence invisible présente en chacun, qui le porte et assure sa qualité de sujet, son ipséité, ainsi que sa dignité.

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Le Bal Henry / La porte suivi de une heure 1/4
Le narrateur de cette histoire est un concierge. Le concierge de la plus grande bibliothèque du monde. Elle est tout son univers, son monde. D’ailleurs, il y est né. De génération en génération, depuis son origine, on est le concierge de père en fils. Et lui, de plus, il n’en est jamais sorti. Un soir, dans les sous-sols du bâtiment le plus ancien, le concierge découvre, derrière une cloison, une porte inconnue qu’il va déverrouiller. Mais puisque tous les livres sont ici, même si un concierge n’a pas le temps de lire, qu’y a-t-il à trouver là-bas?

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Le dialogue des arts dans le symbolisme russe
Le dialogue des arts dans le symbolisme russe s'attache à l'examen des nombreuses facettes de ce mouvement capital de la fin du XIXè et du début du XXè siècles, dont l'une des aspirations les plus marquantes aura été la synthèse des diverses incarnations du Rythme universel dans les rythmes particuliers du verbe, du pictural, du théâtre ou de la musique.
Georges Nivat, Catherine Depretto et Jutta Scherrer nous montrent les spécificités du Symbolisme russe à travers "la quête du paradis originel", les préoccupations d'esthétique, le développement de la théorie littéraire et la création de "Sociétés de philosophie religieuse". Grigori Sternine et Anastassia Zelvenskaïa donnent des exemples des rapports Russie-France (collections d'art, Maurice Denis).
Plusieurs artistes symbolistes sont mis en avant : Vrouble (Nicoletta Misler), Bakst (John Bowlt) Maximilien Volochine (Marie-Aude Albert), Kandinsky (Marcella Lista, Michel Draguet), Malévitch (Jean-Claude Marcadé, Michel Draguet), le sculpteur Naoum Aronson (Dominique Jarrassé).
D'importants écrivains font l'objet d'analyse détaillées : Zinaïda Hippius (Christa Ebert), Rémizov (Alexandre Lavrov), Maximilien Volochine et Alexis Tolstoï (Guy Verret).
Enfin le théâtre de Meyerhold (Béatrice Picon-Vallin, Gérard Abensour), de Kandinsky (Boris Sokolov), ainsi que la musique (Jean-Pierre Armengaud) terminent cette investigation des interactions artistiques dans le Symbolisme russe.
Les auteurs français, belges, russes, allemands, américains, italiens sont tous des spécialistes internationalement reconnus du monde de l'art russe du premier quart du XXème siècle.

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Lysek Daniel - Gariglio Daniela / La créativité bien-être
L'être humain est créatif par nature, indépendamment de tout don artistique ou littéraire. Alors pourquoi tant de personnes mènent-elles une existence routinière et ennuyeuse à force d'être répétitive? Qu'est-ce qui empêche leur potentiel créatif de se manifester? Comment le faire refleurir? D'où vient la poussée à créer?
Daniel Lysek et Daniela Gariglio apportent des réponses originales à ces questions. En se basant sur leur expérience d'analystes, ils explorent les sources profondes de la créativité, à la recherche de ce qui l'inhibe et de ce qui peut la débloquer.
Ils partent d'un constat: une personne qui fait une analyse tend à devenir plus créative quand ses conflits psychiques se résolvent et qu'elle souffre moins. On ne crée donc pas seulement pour exprimer une souffrance et tenter de guérir des blesures de l'âme. La création serait aussi le fruit du mieux-être.
A partir de là, le livre propose une vision nouvelle de la créativité. Il oppose d'abord la création à la répétition névrotique, puis il relie la créativité à des vécus d'apaisement, de satisfaction et de détente, parfois très anciens, dont le psychisme garde la mémoire. Lorsque ces traces parviennent à s'exprimer, il se produit une "recombinaison créative". La mémoire du bien-être contrecarre les poussées à répéter les conflits et insuffle une activité créatrice. Cela fait souvent émerger un processus créateur particulier, que les auteurs appellent "créativité bien-être". Expression de liberté intérieure, la créativité bien-être peut se faire une place chaque fois qu'il y a équilibre psychique.
Créativité bien-être décrit ainsi le cheminement souterrain que suit la création à partir des profondeurs du psychisme. Il en explicite différentes formes dans un langage accessible et en s'appuyant sur des exemples concrets. En soulignant le rapport que la création entretient avec la résolution des conflits psychiques et la mémoire inconsciente du bien-être, il donne quelques pistes pour mener une existence plus créative.
Daniel Lysek est médecin, micropsychanalyste didacticien et directeur de l'Institut suisse de Micropsychanalyse. Il exerce à Peseux (Neuchâtel/Suisse). Il a participé à l'élaboration de la théorie micropsychanalytique et il publie régulièrement dans des ouvrages collectifs, ainsi que dans des revues de psychanalyse et de psychiatrie.
Daniela Gariglio, psychologue-psychothérapeute, micropsychanalyste, exerce à Turin (Italie) et travaille sur la créativité depuis longtemps. Elle publie des travaux analytiques, des romans et des recueils de poèmes. Chez Tirrenia Stampatori, elle a fondé et dirige la collection I Nuovi Tentativi, consacrée à la créativité issue du travail analytique.

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Mélusine 28 / Le surréalisme en héritage
"Le surréalisme, pourtant, a sa statue, ses dieux et sa mythologie, ses croix-de-feu et sa légende, ses recettes et ses dogmes, son patois, et rien n'est plus facile, pour les collectionneurs, que de le mesurer à un centimètre près : les statues sont les plus dociles cadavres" (Dotremont)
- "Dans l'occultisme ou l'alchimie, Breton n'a proposé que du bavardage insignifiant de sous-"souffleur" ou de sous-"non-initié"; dans l'économie politique, il n'a produit que du sous-trotkysme invertébré." (Isou)
- "Breton, aujourd'hui c'est la faillite. Il y a trop longtemps que votre entreprise est déficitaire. Ce ne sont décidément pas vos associés qui vous sortiront de là. Ils ne savent même pas se tenir à table." (Internationale Lettriste)
Contributions de : Henri Béhar, Jean-Pierre Bobillot, Myriam Boucharenc, Christophe Bourseiller, Stéphanie Caron, Bertrand Clavez, Fabien Danesi, Maria Doga, Boris Donne, Jérôme Duwa, Philippe Forest, Bénédicte Gorillot, Renée Mabin, Eric Monsinjon,
René Passeron, Olivier Penot-la-Cassagne, Emmanuel Rubio, Robert Sabatier, Yalla Seddiki, Michèle Sicard.
Correspondance inédite entre André Breton, Paul Eluard, Georges Hugnet, Herbert Read.

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Mérejovsky Dimitri / Petite Thérèse
Le contenu du livre de Mérejkovsky sur Thérèse est cerrtes "atypique," hors norme par rapport aux lectures de sa spiritualité auxquelles nous sommes habitués. C’est une voix russe, passionnée et vibrante, provenant de cette intelligentsia russe du début du siècle, ouverte à tous les courants et prodigieusement cultivée, et malheureusement encore si mal connue en France. Il est vrai qu'un théologien scrupuleux, et prisonnier d'une étroitesse de regard si étrangère à l'auteur, pourrait y trouver des idées qui s'écartent de la stricte orthodoxie : critique de l'Eglise "romaine", millénarisme à la Joachim de Flore, entre autres ... Ce serait néanmoins une grave erreur que de vouloir réduire ce texte à un ensemble de "thèses". Il est préférable de se rendre sensible à un certain style, à une certaine tonalité, parfois dérangeante, mais qui, du fait même, invite à déplacer le regard, à voir autrement. On ne peut qu'être frappé justement par l'acuité du regard de Mérejowsky, un regard qui transperce l'apparence des choses pour tenter de mettre en lumière ce qui s'y joue et qui va au-delà de la psychologie d'un personnage ou des disputes doctrinales. Celui qui a traversé la révolution russe est sensible à ces grandes étapes, ces lieux et ces personnages symboliques où se révèle le destin de l'humanité. Qu'aux yeux d'un intellectuel russe, orthodoxe, la "petite sainte" de Lisieux ait une telle dimension, proprement universelle, cela vaut la peine d'être entendu.
Père François Euvé, sj

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Moussa Cantova Ginette / Jean-Claude Fontanet
C'est à Leysin, vers 1947, que j'entendis, pour la première fois, parler de Jean-Claude Fontanet. L'ai-je rencontré? Je l'ai vu, de loin, dans la salle à manger du Sanatorium universitaire, mais je ne crois pas avoir causé avec lui. Aujourd'hui, je me souviens avec certitude de sa réputation, qui était celle d'un étudiant à la forte personnalité, jouant volontiers les frondeurs. Personne ne soupçonnait qu'il écrirait - qu'il écrivait ?
Trente ans plus tard, à l'isue d'une séance de la Société genevoise des Ecrivains, en l'aristocratique salon de l'Athénée, le même, oui, le même, je n'hésite pas une seconde à le reconnaître, s'avance dans ma direction, tandis que l'image de notre rencontre se joue sur le miroir qui me fait face. Un mince et élégant volume me parvenait le surlendemain : Mater dolorosa.
Dans la soirée. j'en commençais la lecture. Dès les premières lignes, je sus que j'irais sans désemparer jusqu'au bout. Au matin suivant, qui était un dimanche, le geste aimable de l'auteur était devenu un appel impérieux: j'y répondis en lançant du côté d'Anières un cri d'admiration que rien, ni lectures ultérieures, ni analyses répétées, n'a affaibli. Je venais de rencontrer un texte unique, un texte sans la moindre faiblesse...
L'année se passa à la découverte des écrits de Jean-Claude Fontanet. Se noua une amitié, naquit le désir de partager le bonheur de ma lecture avec mes proches - parmi eux, les étudiants- puis avec tous ceux, inconnus, qui sont en attente d'un écrivain authentique. J'aimerais que ma rencontre avec l'oeuvre de Jean-Claude Fontanet soit la leur.
G.M.C.

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Nivat Georges / Vivre en Russe
Slaviste de renommée mondiale, Georges Nivat propose ici un chemin au travers des grandes problématiques de la culture russe, tout en indiquant quel a été son propre parcours.
Aussi cet ouvrage ressortit à l’autobiographie intellectuelle comme à l’histoire de la culture. Les clés de la culture russe – orthodoxie, utopie, fuite hors du monde, complexe de l’échec, éclairent des relectures de Pouchkine, Dostoïevski, Tolstoï, Tchékhov, Blok, Biély, Chalamov et Soljénitsyne. Le « menti-vrai » de l’idéologie communiste y est étudié, ainsi que la presque « indicibilité » du goulag en tant qu’image honteuse pour l’homme survivant. De courtes analyses des auteurs actuels voisinent avec de longues plongées dans l’univers des « grands visuels » russes comme le peintre et graveur Alexeieff, le cinéaste Sokourov, ou le peintre Music. Des échappées vers la littérature française avec Volkoff, ou serbe avec Tchossitch, élargissent l’horizon de la « russitude ». L’instabilité de la conscience nationale russe s’éclaire au fil du livre, ainsi que ce primat du spirituel qui pousse l’homme russe à la fuite hors du monde ou à la dissidence, et amena le poète
Pouchkine à s’inspirer du grand poète puritain anglais Bunyan et de son Voyage du Pèlerin.
L’incertitude sur la place de la Russie dans l’Europe, croisement contradictoire des axes Nord-Sud (des Varègues aux Grecs) et Ouest-Est (le mouvement eurasien) amènent l’auteur à une conclusion relativement pessimiste sur ce qu’est aujourd’hui la « traversée d’Europe », le « désir d’Europe » qui jadis poussa le poète suisse Blaise Cendrars vers le mirage de la « légende de Novgorod ».
Journal de son propre désir de Russie et mise en perspective de ses études sur la littérature et la culture russes, Vivre en russe, que propose aujourd’hui Georges Nivat, clôt une trilogie dont les premiers tomes furent Vers la fin du mythe russe et Russie-Europe: la fin d’un mythe.

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Ottino Georges / Un amour d'Allemagne
Depuis longtemps, et malgré l'opposition de son prère, Bernard Quentin veut être peintre. quand, après des débuts laborieux, il rencontre Bettina, qui n'a qu'une idée, devenir une grande cantatrice, il peut croire que leurs destins confondus les conduiront, dans l'amour et la complicité, vers l'aboutissement de leurs rêves.
Mais les rêves ne sont pas toute la vie, puisque personne, jamais, n'y fait entrer les souffrances ni la mort. Sur sa route, Bernard Quentin ne rencontrera que trop souvent ces cruelles fatalités. Elles ne l'en feront pas dévier, bien au contraire. Que leur opposer en effet sinon, fragile pourtant et menacée, la permanence de l'oeuvre d'art ?
Georges Ottino est né à Genève en 1925. Romancier et critique littéraire. Un amour d'Allemagne est son sixième titre publié à l'Age d'Homme.

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Perruchoud Michaël / Bartoli sans ses clopes
« Les catholiques disent que la nature de Jésus est double; à la fois divine et humaine. Je prétends pour ma part que le Tour de France est double lui aussi, qu'il relève autant du spectacle que de l'épreuve sportive. Une telle course détruit naturellement toutes les dérives. Le problème, ce n'est pas le dopage, la tricherie, mais bien l'épreuve qui en est le terreau. En feuilletant l'histoire cycliste, tourmentée. invraisemblable, on découvre que le scandale est le premier socle de l'exploit... A quoi sert de se récurer la peau quand on a le coeur sale? On ne peut pas laver de Tour, car le Tour n'est pas propre; il est tordu, pouilleux, poilu et il refoule de la gueule; il est d'argile et d'airain; il est une sculpture d'or et de morve, d'exploits et de trahison.
C'est ainsi. »
M.P.

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Rencontres internationales / Demains précaires
Dominique Wolton - Marc Augé - Achille Mbembé - Laurent Gervereau - Wang Hui - Bronislaw Geremek - Alexandre Arkhangelski - Abderrahmane Sissako - Elie Barnavi
Cette quarante et unième session des Rencontres Internationales de Genève a tenté de mettre en parallèle les visions d'avenir, ou les déficits d'avenir qui habitent les hommes dans cette première décennie du XXIè siècle.
Après les totalitarismes ardents qui ont brûlé le XXè siècle, s'instaure le sentiment que le politique n'est plus notre avenir, que l'autorité est aujourd'hui de type horizontal, extrêmement difficile à décrypter: après une certaine universitalité des Lumières et le confinement du religieux à la sphère privée, celui-ci fait un retour politique, et sous des formes différentes des églises traditionnelles; après un progrès technique et matériel qui ne semblait pas soulever d'objections de principe, la précarité, plus ou moins relative, est le lot nouveau des enfants de l'Occident qui ne connaîtront pas l'extraordinaire hausse du niveau de vie de leurs parents; après des formes de débat qui correspondaient encore à des confrontations idéologiques, le citoyen d'Internet est formaté à son insu, et la planète, quoique globalisée, est parcourue par le choc de certitudes opposées, qui ne dialoguent plus. Le religieux sous des formes mutantes reste présent, bien qu'il s'efface lentement de l'Occident, et surtout de l'Europe.
Il s'agit donc de confronter l'horizon du citoyen de la vieille Europe à celui de l'Africain, ou du Chinois. Interroger l'horizon de l'Europe unifiée, mais prise d'un doute dépressif sur son avenir, ressaisie par le nationalisme. Comprendre ce qui reste de l'universalisme qui était l'horizon d'attente, jusqu'à récemment, des Européens, des Américains, et de leurs émules dans les autres mondes. L' "horizon d'attente" n'est pas du tout le même ici ou là. L'horizon mental, religieux, idéologique, économique aussi, bien sûr. D'immenses transferts de richesse ont commencé dans le monde, et s'accompagnent d'une faim de modernité dans les pays émergents. Ailleurs a commencé une dévalorisation du moderne, nourrie surtout par des peurs écologiques pour la planète et pour le vivant.
On perçoit une sorte d'engluement du monde occidental médiatisé dans un "mauvais présent" d'inquiétude. On reparle de "nouvelle barbarie", la commercialisation massive de la culture effaçant les différences là où elles semblaient le plus indélébiles. Et l'Afrique fait le procès de l'Occident comme dans le film fable d'Abderrahmane Sissako.

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Richter Anne / L'ange hurleur
Dans L'Ange hurleur, titre de la première nouvelle de ce recueil, Clara porte, blotti sous le sein droit, un renard qui lui mord le coeur et lui inflige de cruelles souffrances. Ces morsures la font hurler de douleur, aux moments les plus inopportuns. Fille d'un pianiste mort prématurément, Clara garde aussi en elle le souvenir des thèmes musicaux associés aux exécutions de l'artiste disparu. L'ange qui hurle sera-t-il apaisé par la musique qui vit en elle, au voisinage de l'animal mystérieux qui la torture ? L'art et l'amour triompheront-ils de la douleur ?
L'art et l'amour traversent les pages de ce livre, tour à tour dramatiques ou ludiques. L'Ange hurleur donne son titre à l'ensemble du recueil, car les thèmes de ces neuf nouvelles gravitent autour des angoisses d'une conscience qui se cherche un monde habitable : tentative sans cesse renouvellée de maîtriser par une parole claire et insurgée le caractère imposée d'une réalité injuste que l'on refuse de subir. Ici, par sa vertu propre, l'étrange éclaire l'ambiguïté du quotidien.
Née à Bruxelles, licenciée en philosophie et lettres, Anne Richeter a enseigné la littérature française. Elle partage son temps entre la création et la critique. Nouvelliste, essayiste, anthologiste, elle est l'auteur d'études sur Milosz, Simenon et des poètes belges, mais le fantastique demeure son domaine de prédilection : elle lui a déjà consacré une douzaine d'ouvrages. Elle a obtenu plusieurs prix de l'Académie de Langue et de Littérature françaises de Belgique, ainsi que le prix du Parlement de la Communauté française. Elle a été, à Bruxelles, pendant de nombreuses années, présidente des Midis de la Poésie.

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Rosten Michel / La houle des jours
Il y a près d'un quart de siècle, l'auteur s'est résolu à prendre des notes, suivant l'inspiration du moment. Il les a accumulées en marge de son travail : journalisme d'un grand quotidien, il en fut l'envoyé spécial dans de nombreux pays d'Europe, d'Asie et d'Amérique. Tout en suivant l'évolution des régimes communistes (jusqu'à leur effrondement), les fluctuations des relations Est-Ouest, la désintégration de la Yougoslavie et en assurant le reportage de grands évènements... sportifs, il a voulu conserver une trace de ces jours qui seraient passés, sinon, sans laisser la moindre prise sur eux.
Le souvenir des rencontres - qu'il s'agisse d'artistes, de politiciens ou d'amis -, la réaction à des lectures et l'archivage de sentiments, que l'on a la faiblesse de croire vivifiants dès lors qu'on les éprouve, ont fourni la matière d'une chronique irrégulière. Au fil du temps, les choses vues et les choses entendues, qui la nourrissent, ont tissé des liens entre elles et coupé, en définitive, le manteau dans lequel s'emmitoufle, aujourd'hui encore, celui qui les rédige.
Mais ces textes d'une écriture fragmentée, la seule possible pour un journal intérieur - dont est livrée ici la première partie -, ont aussi servi de terreau à l'Immortelle, un roman publié par les Editions l'Age d'Homme et distingué par le prix Félix Denayer, décerné en 2005 par l'Académie royale de langue et de littérature française de Belgique.

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Rozewicz Tadeusz / Théâtre II
Tadeusz Rozewicz vient de recevoir le Prix littéraire européen 2008. Il est l'un des poètes et dramaturges polonais les plus connus et les plus en vogue. Mais il ne peut être réduit à l'étiquette du "théâtre de l'absurde" que Martin Esslin lui a plaquée. En effet, né en 1921, ayant pris part à la résistance, victime des deux totalitarismes du XXè siècle, il devient plutôt, avec les techniques théâtrales modernes apparentées aux recherches en peinture, le révélateur de la déconstruction de la réalité de l'après-Auschwitz: consumériste, sans grands désirs, dépourvue de sens. Dans la matière du verbe, tout comme des images scéniques, il a travaillé, bien avant Kantor, sur la notion de la réalité dégradée.
Les trois pièces contenues dans ce volume représentent la meilleure tradition du théâtre polonais contemporain.

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Saraskina Ludmila / Fiodor Dostoïevski une victoire sur les démons
Cette biographie indirecte du grand romancier est un véritable et hallucinant roman de F. M. Dostoïevski. L'auteur a cherché dans les archives et a découvert le véritable modèle de Stavroguine, le personnage clef des Démons. Et le personnage réel, ami de jeunesse du romancier, dépasse même, si l'on ose les comparer, son double littéraire. La plus invraisemblable chevauchée à travers l'Europe, les prisons, l'adultère et toutes sortes de malédictions constitue la trame de cette existence qui, tout au long de la vie du romancier, a exercé sur lui la fascination d'une descente aux enfers.
Ludmila Ivanovna Saraskina, docteur en Sciences Humaines, professeur à l'Université de Moscou et directeur d'Etudes à l'Institut des Sciences et de l'Art de Russie, s'est illustrée par plus de 300 articles sur la littérature russe et en particulier sur Dostovïeski dont elle est une spécialiste incontestée. C'est ce qui lui a valu l'attention appuyée d'Alexandre Soljénitsyne à son retour en Russie. Elle est d'ailleurs membre du jury du Prix Soljénitsyne.
Fiodor Dostovïeski, une victoire sur les démons
, paru en Russie en 1996, a été suivi de Nikolaï Spiechnev. Un destin manqué. Moscou, éd. Nach Dom - L'Age d'Homme, 2000.
Son dernier ouvrage, Dostoïevski, résonnances et attirances (de Pouchkine à Soljenitsyne), est paru en 2006 à Moscou.

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Scepanovic Branimir / La bouche pleine de terre
"Ici et là surgit dans le monde Šćepanović un être qui veut être plus qu'une allégorie humaine, un être qui veut agir en aimant, marcher en rusant, esquisser une malice, un amour, un geste tendre. Mais alors la meute grise des hommes-simulacres se lance à sa poursuite. Et cette chasse à l'homme est ce qui nous bouleverse le plus dans l'oeuvre déjà si mûre de Šćepanović. C'est cette chasse au vivant organisée par la meute sociale qui hante et définit l'étrange univers de cet écrivain."
Georges Nivat (1981)
Branimir Šćepanović a un génie particulier : celui d'instiller une angoisse croissante à ses lecteurs tout en composant ses récits d'une manière inimitable, au-delà du comique ou du tragique. Un intrus surgit, déclencahnt une série de cataclysmes autour de lui indépendament de sa vollonté : c'est le cas notamment dans La mort de monsieur Goluža, mais aussi dans la célèbre Bouche pleine de terre. Šćepanović ne se moque de personne : il laisse planer le fatum et nous relate les dégâts, d'un oeil mi-amisé, mi-compatissant, passant au crible les faiblesses humaines. Un humour noir, mais souriant : "En fait, cette haine que nous avions pour lui était comme un désir terrifiant et merveilleux."

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Scepanovic Branimir / L'été de la honte
"Mais les villageois n'étaient pas naïfs : la peur grandisait dans leurs coeurs. C'est alors que le bâtard qui sautillait sans cesse autour de lui, colporta la nouvelle qu'Isak cherchait une odeur et ne parvenait pas à la trouver. Sans perdre de temps, les villageoirs se mirent à courir les champs et les étables, flairant le sol, les fleurs, l'air et les pierres. Ils se penchaient au-dessus des haies, grattaient les racines, se glissaient dans le foin. Puis ils commencèrent à lui apporter des pommes pourries, des pommes de terre frites, du basilic, de l'absinthe, des chiffons brûlés, de l'hydromel, dans l'espoir qu'en humant tout cela la mémoire lui reviendrait. Il hochait la tête : tout était vain. Ils comprirent alors, désespérés, que tout espoir était perdu, car ils n'avaient pas d'autre moyen de se mettre en valeur et de gagner son amitié."
Radiographie sans pitié d'une communauté déchirée par la bêtise, l'envie, la couardise, dont parfois le prêtre, un étonnant ennemi de Dieu, dresse le portrait prophétique. L'action se déroule dans un village de montagne où les plantes et la poussière ont leurs odeurs, sur une terre abandonnée par l'amour.

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Thinès Georges / André Doms - Entre épopée et lyrisme
" Je pratique André Doms depuis une bonne vingtaine d'années et je m'étonne toujours d'un personnage d'allure et de façon aussi stables dans l'apparence soit aussi insaisissable. Je crois tenir de ce fait une interprétation assez légitime dans la mesure, certes, où l'on peut se targuer de pénétrer l'essence d'un poète par des procédés analytiques. Si Doms me paraît insaisisssable - en dépit d'un échange permanent tant sur le plan personnel que sur le plan proprement poétique (mais peut-on vraiment dissocier des deux points de vue ?) - c'est en raison de sa méfiance à l'égard de toute réalité figée, de tout concept "reçu", de toute convention tacitement acceptée et donc, de tout ce qui pour d'autres appartient au domaine de l'évidence. "
Georges Thinès

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Verhaeren Émile / De Baudelaire à Mallarmé
A l'instar de Paul Verlaine, qu'il admirait tant, Émile Verhaeren n'a pas seulement été un très grand poète, mais en outre un essayiste remarquable. Ses essais, ses études et ses articles restent toutefois mal connus, à l'exception sans doute de son livre sur James Ensor publié en 1908.
Dans le présent volume figurent en majorité les articles les plus pénétrants de ceux qu'il a consacrés dans l'Art moderne à ses pairs, de Charles Baudelaire qu'il n'aura pas eu la chance de connaître à son compatriote Georges Rodenbach, né comme lui en 1855. La justesse de ton de chacun de ces textes de circonstance est d'une étonnante actualité.
Jean-Baptiste Baronian

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Viret Pierre / Du vrai usage de la salutation faite par l'ange à la vierge Marie
Du vrai usage de la salutation faite par l'Ange à la Vierge Marie, et de la source des chapelets, et de la manière de prier par compte, et de l'abus qui y est; et du vrai moyen par lequel la Vierge Marie peut être honorée ou déshonorée,
est un exemple de "vrai usage de la parole de Dieu". Sa première édition, celle de 1544, est le troisième écrit du Réformateur suisse Pierre Viret, petit écrit précédé de deux oeuvres adressées aux Réformés vivants en pays catholiques. Cette première édition portait, tout comme celle de 1545, un titre plus court : Petit traité de l'usage de la salutation angélique et de l'origine des chapelets et de l'abus d'iceux.
Le changement du titre en 1956, titre qui sera repris en 1561 et en 1562, correspond à un dédoublement de la matière désormais divisée en quatre livres. Grâce à ce petit livre remarquable à plus d'un titre, Viret a offert aux jeunes Eglises réformées un enseignement substantiel consacré à la place et au rôle de la mère de Jésus-Christ dans l'Eglise.
Les livres de Viret étayent la vie spirituelle quotidienne. Le Petit Ecrit consacré à la Salutation de l'Ange à la Vierge Marie en est la preuve. Il ne se contente pas d'expliquer le vrai moyen par lequel la Vierge Marie peut être honorée ou déshonorée. Il incite à la prière : " Père céleste, puisque tu nous as fait un si grand bien, que pour nous amener à salut par ton Fils bien-aimé Jésus Christ, tu t'es dédié comme un saint Temple cette sainte Vierge, pour l'habitation d'icelui, pour te manifester en chair à nous, fais que nous en sentions tellement le fruit que nous soyons aussi dédiés et consacrés à toi pour temples saints".
Arthur-Louis Hofer a publié en 1980 la première édition alors connue du premier ouvrage exposant la pensée réformée : Le Sommaire et brève déclaration de Guillaume Farel. Il réédite l'Instrucion Chrétienne de Pierre Viret en vue du 500ème anniversaire de la naisance de ce réformateur en 2011.

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Wndisch Uli / Le modèle suisse
Le système politique suisse de la démocratie directe et la gestion de la diversité culturelle, selon l'adage " l'unité dans la diversité", ont sucité un grand intérêt et de nombreux travaux aussi bien en Suisse qu'à l'étranger.
Des délégations de pays pluriculturels viennetn régulièrement s'enquérir du fonctionnement de ce modèle de gestion politique et culturel, confrontés ques sont ces pays à des conflits meurtriers, voire à de véritables guerres civiles. Abruptement, leur étonnement se résume parfois à la question suivante : " Pourquoi ne vous entretuez-vous pas avec toutes ces différences ? " Uli Windisch travaille depuis de longues années sur ces questions. Au moyen d'articles synthétiques, il réussit à expliquer le fonctionnement quotidien de ce modèle suisse. Il nous montre que ce modèle politique et culturel n'est nullement en voie d'extinction mais qu'il devient au contraire une référence possible, à une époque où nombre de sociétés sont confrontées au problème brûlant de la gestion des diversités. Il va même au-delà : il pense que le modèle suisse est mieux préparé que d'autres régimes politiques pour faire face à ces nouveaux défis.

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  • Andronikof Constantin / Gnoséologie et méthodologie
  • Aaron - Dandieu / Le cancer américain
  • Felix François Schopenhauer ou les passions du sujet
  • Grosos Philippe / Questions de système
  • Tripet Arnaud / Les promesses de l'ombres - Réflexions autobiographiques

 

Page créée le 01.07.08
Dernière mise à jour le 23.10.08

 

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