Der in Berlin lebende Berner Autor und Filmemacher Matthias Zschokke meldet sich zurück. „Das lose Glück“ heisst sein neues Buch, das auf eigensinnige Weise die vorangegangenen Romane „Piraten“ und „Der dicke Dichter“ fortschreibt.

Feiglinge im Glück

Vor acht Jahren zähmten die Piraten ihre Lebensgier, indem sie Lethargie über die romantischen Vorstellungen ihrer Passion wuchern liessen. Und vor vier Jahren verlor sich der dicke Dichter still und heimlich im Berliner Grossstadtgewirr, gescheitert am Widerstand der verlogenen Worte. Allesamt hatten sie es nicht geschafft, im richtigen Leben anzukommen.

Dieses titanische Unterfangen ist auch in Zschokkes jüngstem Roman misslungen. Tana, Portman, Samuel, Linus, Ellen und Roman erfüllen sich ein loses Glück, indem sie sich ganz ihrer Trägheit ergeben. Das Leben hat sie gezeichnet, ermüdet und einsam werden lassen, ihre „Schwermut ist riesengross geworden mit den Jahren, hat allen Saft für sich abgezweigt, während Freude, Lust, Vergnügen und Heiterkeit klein und runzlig geblieben und nacheinander abgefallen sind".

Während Roman in Berlin das Leben in seinem Hinterhof akribisch festhält (und an diesem Roman schreibt?), entflieht seine Freundin Ellen aus der Metropole in eine schweizerische Kleinstadt am See, wo sie auf Tana und ihre drei Bootsgäste trifft. Regelmässig kommen diese zu einer abendlichen Ausfahrt auf dem Wasser zusammen.

Geschichten erzählen

Freunde sind sie nicht, erklärtermassen, und gerade deshalb einander eine gute Gesellschaft. Sie wollen nichts voneinander als sich ehrlich zu beschweigen, den Zeitenlauf zu beklagen und banale Geschichten in die Runde zu werfen, doch ohne Aufmerksamkeit dafür zu heischen. Das rituelle Gleichmass ihres Beisammenseins genügt, um für Augenblicke der bürgerlichen Zelle zu entkommen. Das ist alles. „Überall vergeht die Zeit und es geschehen grossartige Dinge. Hier nicht.“ Die vier und dazukommend Ellen lagern lethargisch auf dem dümpelnden Boot, schweigend und erzählend, kaum miteinander plaudernd. Über ihren Köpfen kreist ruhig der grosse schwarze Vogel Schwermut.

„Das lose Glück“ ist ein eigenartiges Buch. Ereignislos wie das schale Leben und mitreissend wie die Versuche, sich gegen diese Ereignislosigkeit zu wehren. Die Fünf auf dem Boot sind aus der Zeit herausgefallen. Manchmal mit spiessiger Kleinlichkeit, dann wieder mit luzider Abgeklärtheit lassen sie ihre gescheiterte Anstrengung, das
„Gleichgewicht des Schreckens in meinem Innern“, zu Sprache werden.

Trägheit, Bescheidenheit, Feigheit demaskieren die falschen Hoffnungen von einst. Es ist nichts mehr davon übriggeblieben als eine nüchterne Trauer, als Ergebenheit in die Melancholie. „Wir sind nicht begabt, glücklich zu sein.“ Einzig in dieser Einsicht liegt etwas Trost.

Frei von Illusionen

Diese Lethargie wandelt Matthias Zschokke mit erstaunlichen Zwischentönen ab. Er tut dies weniger experimentell ambitioniert als früher. Kunstvoll monologisierend lässt er seine Figuren Abschied nehmen vom Lebensglück. Allein ihr hoher rhetorischer Aufwand ist verräterisch und kaschiert nur unzureichend die gebannte Lebenslust. Der ekstatische Sog hinab in die illusionsfreie Apathie lässt eine nur schwer gebändigte Wut erahnen.

Der Autor scheint diese melancholische Stimmung gut zu kennen. Abgesehen von ein paar Spannungsabfällen hält seine Prosa erstaunlicherweise über die beinahe 300 Seiten hinweg dicht. Allerdings birgt die Stärke dieser
erzählerischen Konsequenz zugleich deren Schwäche. Es gilt sich einzulassen auf die unendliche, gleichtönige
Schwermut ihrer trägen Figuren.

Matthias Zschokke. Das lose Glück. Roman. Ammann Verlag, Zürich. 286 Seiten.

Beat Mazenauer

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Le dernier roman du Biennois séduit par la légèreté de son écriture et son imagination intarissable. A l'ennui du quotidien, il oppose l'attrait de vivre, qu'il convie à découvrir à chaque page.

Matthias Zschokke
Le bonheur du détachement

De Zschokke, l'amateur de théâtre a pu garder en mémoire, grâce à la belle version française de Gilbert Musy, les développements oniriques et enchanteurs de L’Heure bleue ou la nuit des pirates (Zoé, 1993). Cette magie du langage, et la verve inventive de son premier roman Max (Prix Robert-Walser), qui l'a révélé au public de langue française (Zoé, 1988), se retrouvent maintenant dans une cinquième œuvre romanesque, Das lose Glück. Celle-ci aussi séduit par le bonheur d'une écriture qui se soustrait aux conventions du genre et se défie des histoires pour se rendre d'autant mieux aux sollicitations du mot et de tout ce que, selon le caprice ou la contrainte de l'instant, il engendre.

C'est un bateau encore, sur un lac estival que les initiés reconnaîtront comme étant celui de Bienne, qui recueille les principaux protagonistes. Une femme et trois hommes s'y retrouvent depuis des années, camarades déjà dans leur enfance. Ce soir-là, une autre femme les rejoint à la nage, par hasard. Tous quadragénaires, ils ont une profession, une carrière, mais ce monde de la routine importe peu. Seules comptent ici la distance gagnée à l'endroit du quotidien, la connivence du groupe dans le respect de l'altérité. Libre à chacun de s'exprimer à loisir. A condition de ne pas chercher à plaire ou à distraire, de "ne pas raconter aux autres, mais seulement à soi-même".

Échapper pour quelques heures aux contraintes de la routine et d'une société qui, par une surabondance d'impératifs et de distractions de toutes sortes, tente d'éviter à tout prix que ses membres puissent connaître la solitude et dialoguer avec eux-mêmes, tel est le besoin partagé par tous les personnages. Ils aspirent à se connaître et à s'éprouver librement, hors des contraintes du temps. Le récit les dépeint sur le vif, ouverts au gré de leur présent à des pensées, impressions et sentiments immédiats, pour entrer dans un rapport à l'existence personnel et prendre conscience de la densité de leur propre temps.

De cette interrogation des états de l'âme et de l'être résulte une mélancolie, l'impression qu'avec les corps qui se fanent, les plaisirs s'affadissent et la vivacité s'atténue, tandis que s'accroissent l'impuissance et l'ignorance. Restent cependant la saveur des découvertes et le bonheur du détachement -suggéré par le titre- qui permettent avec l'âge d'entrevoir des correspondances de plus en plus subtiles et de se laisser surprendre par les modalités d'un moi dont on a su comprendre qu'à jamais il nous échappe.

Le plaisir de l'inattendu, voilà ce que, malgré ses accents désabusés, le roman prodigue à chaque phrase. Impossible de prévoir ce qui va survenir.

L’idée, le mot, la tournure, le geste, la pensée, tout à chaque instant étonne, semble improviser sur l’heure. Pour exemple, la définition ironique, en quelques phrase, des différents genres romanesques romanesques du Moyen Âge a nos jours; ou les propos finement allusifs d'un passage dédié à l’Amphitryon de Kleist, ceux non moins insidieux dédiés ailleurs à Melville ou encore la citation énigmatique d'un poème tardif de Hölderlin. Car il est question aussi de littérature. Parmi les personnages figure un écrivain idéaliste qui dit sa joie de voir après des heures d'attente "un mot sortir prudemment la tête de son trou" et n'hésite pas à évoquer face à son époque entr'aperçue "la mer scintillante des mots authentiques" et la "prairie rutilante de la vérité"...

Peu importe ici l'histoire, dont le narrateur se raille en la résumant en quelques lignes au dernier chapitre. Le livre vit du jaillissement d'une imagination intarissable, qui inspire une composition transparente et une écriture d'une légèreté et d'une justesse sans failles. A l'ennui du quotidien et à la mort, dont un coup de théâtre soudain rappelle l'échéance, elle oppose les richesses de l'instant et l'invention féconde du moi, qui suspendent le temps et peuvent à chaque instant le rendre délectable. Le roman ne se berce pas d'illusions sur le cours du monde, mais ne renonce pas à dire l'attrait de vivre, qu'il convie à découvrir à chaque page. C'est bien assez pour se laisser tenter par les voltes insidieuses d'un art aussi suggestif que délectable.

Matthias Zschokke, Das lose Glück Ammann, 286 p.

Wilfred Schiltknecht

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Larguez les amarres !

Das lose Glück, le titre du dernier livre de Matthias Zschokke, résume à lui seul l’idée phare de l’ouvrage: au diable les attaches et les contraintes, le bonheur se cache dans chaque bribe de vie, pas la peine de les relier entre elles. Après tout, lien n’est-il pas synonyme de chaîne?

Pour se libérer des attentes qui pèsent sur eux, quatre amis d’enfance quittent parfois la terre ferme pour se laisser flotter sur un yacht et se raconter des histoires. Ou plutôt des petits bouts d’histoires, des impressions, des observations... Mais attention, l’artifice a été banni de ce bateau: inutile donc de servir des récits bien ficelés, ceux-ci ne font que déformer la réalité. De plus, ils détournent l’attention de ce que l’on est en train de vivre.

Tout aussi touchants dans leur intégrité que l’étaient jadis Max, Prinz Hans ou ErSieEs, d’autres grands personnages de Zschokke, les membres de ce drôle d’équipage sont cependant nettement moins insouciants. Ils ont passé le cap de la quarantaine, ont largué pas mal d’espoirs, ils mesurent le temps qui passe et voudraient le retenir. La solitude et la résignation les guettent.

Et pourtant, jamais Das lose Glück ne sombre dans la lourdeur ou l’ennui. On rit, on sourit, on s’attendrit, alors que l’action est absente et que les personnages n’en sont pas vraiment. C’est le regard de l’auteur sur les petits riens de l’existence, un regard si drôle et si faussement naïf, qui nous entraîne le pied léger dans les recoins de l’existence. Présenté ainsi, hors de son contexte et sans préparation aucune, tout redevient visible et digne d’intérêt pour un lecteur à qui l’on a rendu, le temps d’un livre, sa curiosité d’enfant.

Patricia Zurcher

 

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