Lila, Lila

Lorsque David Kern, serveur dans un bistrot branché d’une grande ville, fait l’acquisition chez un brocanteur d’une vieille table de chevet écornée, rien ne lui annonce que sa vie va basculer. Tel va pourtant être le cas : la table de nuit contient, dans son tiroir coincé, le manuscrit d’un roman qu’un mystérieux auteur semble avoir oublié là avant de se suicider.

L’amour d’une jeune cliente du bar pousse alors David vers la plus folle des aventures, qui le comblera de bonheur. Jusqu’à l’apparition d’un mystérieux personnage, clochard respectueux, alcoolique retenu, qui prend rapidement le contrôle du jeune homme…

Martin Suter prolonge avec Lila, Lila la lignée des diaboliques romans à suspens, subtils et tendrement sardoniques, qu’il a ouverte avec ses trois premier succès, Small World, La face cachée de la lune et Un ami parfait

Lila, Lila, traduit de l'allemand par Olivier Mannoni, Bourgois, 2004

Revue de presse

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Quatrième du nom, Lila, Lila s'inscrit d'ailleurs dans la droite ligne de ses prédécesseurs. Martin Suter y a certes abandonné les aspects neurologiques – «quoique, tomber amoureux pareillement, cela ne relève-t-il pas de la neurologie?» – pour s'intéresser au monde impitoyable de l'édition. Mais il s'en dégage ce même fossé entre l'être et le paraître, ce même suspense intense, issu d'une narrativité aux points de vue multiples.

D'ailleurs, si Suter n'éprouve pas le besoin de renouveler son style, c'est simplement que, pour lui, le roman n'est pas le lieu de nouvelles expérimentations langagières. «Je prône une écriture au service de l'histoire, belle mais discrète, qui n'altère en rien le récit.» Point de gymnastique cervicale inutile à la lecture, donc.
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Raphaële Bouchet
Le Courrier
15 Mai 2004

- Que vous apporte la lecture à haute voix de vos propres livres ?

- J'aime beaucoup rencontrer mes lecteurs, voir et sentir leurs réactions. De plus, lire mes propres textes me rend sensible à des fautes que je n'avais pas remarquées, parfois aussi à des problèmes de rythme. J'apprends donc pendant mes voyages de lectures, où je n'ai encore jamais souffert (contrairement à mon héros). Mais il est vrai que je ne voyage pas avec des manuscrits volés.

- En refermant Lila, Lila, je me suis dit que vous aviez dû vous amuser en écrivant ce roman, je pense surtout à la satire éditoriale...

- Toujours quand j'écris, je m'amuse ou je me sens triste ou j'ai peur ou je me fâche ou je suis surpris. Quand j'écris, je suis en même temps auteur et mon premier lecteur. Quant au milieu éditorial, il est tel que je le décris. SI c'est drôle, c'est que ce milieu l'est parfois.

- La compagne de votre héros lui prête une vie intérieure incroyable. Pensez-vous qu'on prête en général trop de pensées "intelligentes" aux auteurs ?

- Psst, c'est un des secrets les mieux gardés du monde.

- Est-il vexant de dire que vos fiction ont un côté conventionnel (déroulement du récit, recours aux clichés) ?

- Pas du tout. J'aime raconter des histoires et le faire selon les règles classiques. Comme lecteur, je n'apprécie pas tellement les livres expérimentaux. Et j'écris ce que j'aimerais lire. Quant au clichés, je n'y recours pas : ce n'est pas parce qu'on reconnaît dans mes romans des personnages et des situations de sa propre vie, qu'ils relèvent du cliché. Mais l'originalité forcée m'ennuie, en tant que lecteur et auteur.

- Y a-t-il une vie pour les héros hors de la fiction ? Le vôtre va-t-il devenir un "vrai" écrivain ?

- Selon notre dernier contact, je peux vous dire qu'il fait des progrès.

Elisabeth Vust

18 Mai 2004

 

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