Orelli pour francophones

L’Année de l’avalanche (trad. En 1985 par Christian Viredaz et repris en Poche suisse) et Le train des Italiennes (même traducteur paru aux Ed. D’En Bas en février 1998) ont tous deux pour cadre la haute vallée de l’enfance menacée par les forces naturelles ou le miracle économique de l’après-guerre.

Le premier est un roman d’apprentissage au terme duquel le jeune narrateur affronte une nouvelle vie et préfère le combat politique à l’élégie ou au silence farouche ; le second, sorte de memento mori voilé par une ironie amère, a pour narrateur un contrôleur des chemins de fer sur la ligne Chiasso-Bâle qui recueille les fragments éclatés de la vie des immigrés italiens : constructeurs de pylônes ou simples servantes, ils sont exploités parfois jusqu'à ce que mort s’en suive.

Plus délibérément satiriques et ludiques apparaissent Le Jeu du Monopoly et Le Rêve de Walacek, qui constituent le versant citadin et polyphonique de l’œuvre. Traduit par Claude Haenggli et paru en catimini en Poche suisse début 1997, le premier promène son lecteur dans toute la Suisse, transformée en terrain de jeu d’une partie où tous les coups sont permis pour ruiner ou supprimer l’adversaire, et dont l’enjeu est le pouvoir suprême : l’argent.

Quant au Rêve de Walacek (trad. D’Adrien Pasquali), il met en scène un autre jeu de vie et de mort en partant d’un tableau de Klee conservé au Kunstmuseum de Berne : les destins individuels mêlés du footballeur du Servette Génia Walacek et du peintre Paul Klee se détachent sur le fond des tragiques événements de 1938 annonciateurs de la guerre : les hommes sont-ils voués au mal, se demande l’écrivain au terme de ce récit d’une virtuosité stupéfiante, ou peuvent-ils espérer en triompher par le geste de l’artiste créateur ?

Isabelle Martin

9 mai 1998

 

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