Boston Blues

"On ne prend un tout petit peu la mesure de la vie - de ce qu'est vraiment la vie - que quand on écarquille les yeux. " Nicolas Bouvier, qui fut l'un des premiers lecteurs et admirateurs de Jean-François Duval, avait reconnu en cet autre citoyen de Genève une sorte de cousin à l'âme voyageuse (" Vous êtes comme moi un petit-neveu de Conrad. ") Le " cousin " Duval persiste ici, dans un récit qui nous promène aux quatre coins du vaste monde. Avec " Boston Blues: routes de l'inattendu ", Jean-François Duval nous donne un de ces livres en liberté qui caracolent en dehors des catégories littéraires bien établies. Le narrateur, qui a beaucoup voyagé, se trouve à Boston. Il écrit des lettres à une femme, Siouxie, dont on ne saura rien. Dans un bar, il rencontre un inconnu, auquel il livre quelques confidences vagabondes et aventureuses. Car à peine a-t-il pris la parole que la scène, de Boston, se transporte au Tatarstan, en Israël, en Inde, en Alexandrie, bref aux quatre coins du monde. Ça et là surgissent quelques jeunes femmes, deux belles Tatares, une Tibétaine au nom de déesse tintinnabulante, une petite Sépharade affermie par l'air de la guerre, ou encore une inconnue rencontrée dans le Turbini Express entre le Caire et Alexandrie qui maîtrise comme aucune autre l'art délicat d'entrer pieds nus dans la mer. Toutes paraissent des anges, en ce sens qu'elles sont bien, pour le narrateur, de véritables intermédiaires. Entre quoi et quoi? Entre l'ici et l'ailleurs ? Entre lui et la Providence? Entre l'apparente banalité du quotidien et le mystère du monde? Au détour d'une page, on rencontre même inopinément Woody Allen, Naghib Mahfouz, le Dalai Lama ou Borges... Car c'est bien de cela qu'il s'agit dans " Boston Blues " : d'une célébration de l'inattendu, sous toutes ses formes, et d'une tentative de réenchantement du réel.

Boston Blues: Routes de l'inattendu, Paris, Phébus, 2000. Prix Schiller.

Extraits de presse

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Le charme du livre vient de ce clair-obscur où le monde s'offre en même temps qu'il se dérobe. Dans ces récits entrecroisés, d'un style ferme et dépouillé, tout procède par attirances magnétiques, mouvements imprévus, abandons à la polyphonie du réel. " Boston Blues " ne relève pas plus du récit autobiographique que du roman, mais d'une voie oblique qui passerait entre les deux. Jean-François Duval a ainsi inventé une forme parfaitement accordée au sentiment d'être " tissés par nos propres histoires, aussi fluctuants qu'elles, avec cependant en notre "centre" une sorte de densité qu'elles nous font prendre à chaque instant.
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Michel Audétat
L'Hebdo
11 mai 2000

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Jean-François Duval est un voyageur singulier. Ce qui l'intéresse, ce n'est pas de franchir les mers, d'avaler les steppes. Ce qu'il aime, en fait, c'est raconter. Dans cette quête de l'inattendu, que ce soit au Tatarstan, au Népal ou à Alexandrie, les rencontres sont nombreuses et plusieurs portraits de jeunes femmes viennent égayer ces pages, traités avec une délicatesse toute stendhalienne.
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Luc Weibel
Le Monde
30 juin 2000

 

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