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André Durussel

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Poème : Parmi les buissons d’iris
- In memoriam Gustave Roud (1897-1976) - La Maison invisible

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  Notice biographique

André Durussel

Photo Alain Wicht, La Liberté, 2.09.1999


André Durussel est né le 24 septembre 1938, d’origine vaudoise et alsacienne par sa grand-mère maternelle. Première enfance à la Vallée de Joux, puis La Rippe-sur-Nyon et Le Mont-sur-Lausanne.

CFC comme mécanicien-électricien à Lausanne, trois années à Lucerne, formation complémentaire d’opérateur de réacteur nucléaire à l’Institut Paul Scherrer à Würenlingen, puis Lucens.

Diplômé en 1968 du Séminaire de culture théologique (SCTR) de Lausanne, puis dessinateur-constructeur à Gland, Lausanne et Moudon (Fonderie Gisling) et enfin documentaliste-archiviste auprès de Energie Ouest Suisse à Lausanne de 1983 à octobre 2000.

Journaliste membre de l’UPF (Paris).

Fondateur et animateur de la revue culturelle ESPACES de 1975 à décembre 2000. A quitté le Jorat pour le Jura de juin 2004 à juin 2007.

Membre de la Fondation C.F. Ramuz à Pully et des Amis de Ramuz à Tours, membre de l’Association vaudoise des écrivains (AVE), de l’Association de soutien des Archives littéraires suisses (ALS/SLA) à Berne et de l'Ads (Autrices et Auteurs de Suisse).

Marié, une fille, vit à Chêne-Pâquier VD depuis le 1er juin 2007.

 

  Bibliographie


Poèmes

Le poids léger des jours, Editions Perret-Gentil, Genève, 1967
 
L’épine noire, Collection Arc-en-ciel, Regenbogen Verlag, Zürich, 1972
 
Prières et autres poèmes, Editions Robert SA, Moutier, 1974, préface d’Edmond Jeanneret
 
Job éprouvé, Editions Robert SA, Moutier, 1977
 
Jonas retranché, Editions Eliane Vernay, Genève, 1987, préface de Daniel Marguerat
 
Chemins de vers. Illust. d'Ami Durussel. Edit. du Madrier, sept. 2008
 
La Maison invisible, Editions Samizdat, 2009.


Essais

Georges Borgeaud, Editions Universitaires Fribourg, Coll. Cristal, 1990
 
Journal d’Héli, Editions du Moulin, Poliez-le-Grand, 1992
 
L'Or du naufrage, exposé Etienne Chevalley, Editions du Madrier, Pailly, 2004
 
Denis de Rougemont et l'école. Impr. Montandon, Fleurier déc. 2006


Nouvelles

Notre Marienbad, Editions de l’Age d’Homme, Lausanne, 1998


Oeuvres musicales

Livret pour " L’alouette des hauts-jardins " sur des poèmes de Gustave Roud, musique de Bernard Schulé, op. 162, 1989
 
Livret pour " Le Signe de Sarepta ", cantate pour chœurs, quatuor de cuivres et solistes,
musique de Dominique Gesseney-Rappo, 1995


Articles divers

Faire du neuf avec du vieux. Lire et dire, No 74, oct. 2007, ISSN 1016-1198
 
Correspondant au Journal de Sainte-Croix et environs.

 

  Poème : Parmi les buissons d’iris


Parmi les buissons d'iris

Parmi les buissons d'iris
En cet après-midi
D'un dimanche de juin,
L'aïeul est assis, lisant
Sous le pavillon de vigne vierge.

Sa canne est à ses côtés
Comme une servante docile
Non loin de l'étui ouvert
De ses lunettes
Et rien désormais n'entrave
Le mystérieux transfert
De la connaissance.

Une page se tourne
Puis une autre.
A peine laissent-elles sur son visage
Un léger reflet
Que sa respiration disperse
Vers les coquelicots immobiles
Qui agrandissent ainsi
Le silence des blés verts.

***

Ce poème, dans une version différente, a été publié initialement sous le titre. « L'Epine noire » dans la petite collection de l'Arc-en-Ciel en 1972 à Zürich, p.24

 A.S., le grand-père de l'auteur, est décédé il y a cinquante ans, en automne 1959


  In memoriam Gustave Roud (1897-1976)


In memoriam Gustave Roud (1897-1976)

Une mort bruyante

A la lisière du Bois de Bioley, celui qui ferme l’horizon en direction de Vucherens par sa large et sombre épaule, des bûcherons sont au travail. Je ne les vois pas, mais, à plus d’un kilomètre de leur chantier, j’entends le bruit infernal de leurs tronçonneuses. Ils sont là, casqués de jaune, affairés à ébrancher, puis à débiter en segments ces longs sapins frémissants une dernière fois dans leur odeur de résine.
Ah, cher Gustave Roud ! Combien grande est la distance supplémentaire qui nous sépare encore plus de votre temps, de vos écrits, de vos lettres, de cette « Campagne perdue » éditée par la Bibliothèque des Arts, à Lausanne en avril 1972, et de ce village d’Hermenches en particulier, là où il y a du muguet sauvage aux pentes du ravin ¹.
Ces lieux que vous avez connus, aimés et traversés tant de fois dans le silence, sont certes toujours là, comme s’ils étaient encore imprégnés de votre discrète présence. Or, en même temps, ils sont maintenant débusqués, jetés dans la modernité par ces exploitations forestières où le critère de rentabilité semble désormais le seul dont on doit tenir compte.

Dans ce vacarme qui monte comme les cris répétés d’une plainte, je suis replacé moi-même au cœur de la tragique problématique de votre vie de poète :

Chaque nuit, chaque jour j’atteins vivant cette frontière du temps que nul pourtant ne passe avant son dernier battement de cœur, nappe de neige trouée à chaque pas, toujours plus mince, sa frange extrême enfin fondue à ce banc de brume ou d’absence qui est Ailleurs.²

Je relis aujourd’hui ces lignes que vous écriviez précisément sous le titre « Bûcheron de mars » :

Je crois aujourd’hui qu’il y a deux espèces d’hommes : ceux qui meurent sur les saisons (pour reprendre la mystérieuse parole de Rimbaud), et ceux qui vont sans les voir ni les vivre. Et, pour cette première espèce d’hommes, l’hiver est vraiment une mort.³

Et j’ajoute : une mort bruyante. La pire des profanations.

¹ Roud, Gustave : Petit traité de la marche en plaine, Ed. Mermod, 1950, Ecrits 1, p.111
² Roud, Gustave : Requiem, Edit. Payot, Lausanne, 1967, p.32
³ Roud, Gustave: Bûcheron de mars, Ed. Mermod, 1950, Ecrits II, p.115 André Durussel (2010)

***

Elie, ou le vent des moissons

L’enlèvement du prophète Elie, tel que le relate le début du second livre biblique des Rois, doit avoir eu lieu à la fin de l’été. En effet, ces deux éléments possèdent d’étranges similitudes.
Un char de feu brûlant, des chevaux de feu, et, pendant qu’Elie disparaît, ces cris d’Elisée :
- Mon père, mon père !
Il y a une mystérieuse osmose entre cet homme d’autrefois qui maîtrisait le feu du ciel, et la fin de cette saison flamboyante où souffle le vent chaud des moissons, ce mourâ-biâ évoqué à deux reprises par Gustave Roud, le poète de Carrouge¹.

André Durussel

¹ Roud, Gustave : Journal (1937-1971), tome 2, le 3 août 1946. Sentier des Combes, p.129. Edit. Empreintes, CH-1510 Moudon, 2004. Ce terme en patois vaudois de mourâ-biâ (en français le Maurabia) est mentionné pour la première fois par G.R. dans un texte intitulé : D’un carnet de juin, publié dans la revue Aujourd’hui le 2 juillet 1931, p.1 : « …0n imagine aussitôt quelque fin de juillet transparente, quand le vent, qu’on appelle ici mourâ-biâ parce qu’il jaunit les froments et les seigles d’une puissante haleine infatigable, creuse le ciel et flétrit les jardins ». Le Maurabia est aussi connu des navigateurs sur le Lac Léman.

 

  La Maison invisible

André Durussel / La maison invisible

Après trente-six années d'enracinement dans le Jorat, André Durussel et sa femme, s'installent dans le Jura suisse. Ils y habiteront deux ans.
A la fois exil et retour. Exil de ces tendres campagnes où le poète avait marché sur les traces de Gustave Roud et animé durant un quart de siècle la revue culturelle Espaces. Mais en même temps, retour aux fortes impressions de la petite enfance passée à la Vallée de Joux, "aux confins du Risoud".
C'est de ce double mouvement - éloignement, rapprochement - qu'est né ce recueil. Après dix-sept années de silence, André Durussel nous livre ici une suite de poèmes sereins qui évoquent des rencontres, des moments dans le temps et hors du temps, des visages et des paysages. Des lieux - aux yeux du poète "lieux de passage" - rassemblés au seuil de cette Maison Invisible * qui est pour lui une figure de l'éternité.

Mais c'est pourtant cela
qui peut seul relier
le passé avec le présent
la vie après la mort,
cet avenir tracé dans le sable
avec nos gros souliers

Denise Mützenberg

* évoqué par Edouart Burnier dans son journal (1944)

Né en 1938, André Durussel a passé son enfance dans la campagne vaudoise avant d'obtenir son CFC de mécanicien- électricien à Lausanne.
Après des anneéées de formation en Suisse alémanique, il sera tour à tour opérateur de réacteur nucléaire, dessinateur - constructeur et documentaliste - archiviste. Avant tout poète, il a aussi écrit des nouvelles, des essais et les livrets de différentes oeuvres musicales.

André Durussel, La Maison invisible, Editions Samizdat, 2009, 64 pages

 

Page créée le 01.08.98
Dernière mise à jour le 05.03.10

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