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et des échanges littéraires
Un ange
Une fois n'est pas coutume, c'est
à la première personne du singulier que je
voudrais ouvrir ces pages de juin. Une expérience
singulière m'a en effet été donnée
à vivre il y a quelques semaines. C'était
lors d'une répétition d'un ensemble vocal
avec lequel je chantais des motets de Tomas Luis de Victoria,
jeune espagnol qui composait à Rome à la fin
du XVIè siècle. Pendant que d'autres chanteurs
répétaient des pièces auxquelles je
ne participais pas, je lisais sur un banc de la chapelle
où nous répétions Le noir est une
couleur, roman autobiographique saisissant de Grisélidis
Réal. Je traversais les pages les plus sombres, ces
pages de violence, de solitude, de lutte, de maltraitance,
de coups et d'humiliations quotidiens - si tant est que
l'on puisse infliger l'humiliation à un coeur aussi
ardent que celui de Grisélidis Réal. Soudain,
la voici qui aperçoit dans un bar Roy Blaine Miller,
cet amant différent des autres, noir, alcoolique,
d'une tendresse immense, enveloppante, perdu subitement
quelques dizaines de pages plus tôt. C'est un instant
où tout redevient possible, où l'amour le
plus terrestre efface les violences les plus grandes. Je
lisais le paragraphe-même des retrouvailles, quand
mes camarades de l'ensemble vocal ont commencé dans
des figures descendantes de la plus grande pureté
le motet "Descendit Angelus", "L'ange descendit".
Deux mondes se rencontraient, les plus opposés possibles
en apparence, et se fondaient contre toute attente dans
un éclat et une douceur unique: l'univers des figures
rhétoriques et des formes polyphoniques abstraites
de Victoria, dont les textes se réfèrent presque
exclusivement à la transcendance, et l'univers de
Grisélidis Réal, de son écriture violente,
de chair et de sang, de sarcasme, d'espoir, de désir,
dont la transcendance est absolument exclue.
Francesco Biamonte
***
Sommaire
Grisélidis Réal est
au centre de nos pages de juin. La personnalité exceptionnelle
de cette prostituée et écrivain, sa vie impressionnante,
son écriture poignante, se révèlent
dans Les Sphinx, son dernier livre, posthume. Nous
sommes particulièrement reconnaissants envers les
enfants de Grisélidis Réal, qui nous ont confié
une série de poèmes magnifiques, à
lire en rubrique L'Inédit. Une autre femme de lettre
a disparu: Colette Kowalski, excellente et attachante, à
laquelle nous rendons hommage dans ces pages.
L'inédit
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De Grisélidis
Réal, nous partageons ce mois avec vous la série
de poèmes De
profundis, et les poèmes A
l'absent et Mort
d'une putain. A l'absent est en outre commenté
par l'auteur elle-même, dans une lettre à son
fils ainé. Le poème Mort d'une putain,
enfin, qui clôt le volume Les Sphinx (voir
ci-dessous, Livres du mois), est également proposé
ici, bien qu'il ne soit pas inédit. Tous ces textes
sont également mis à disposition en version
fac-simile.
Les invitées
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Claire
Krähenbühl et Denise Mützenberg évoquent
ici leur séjour
au Château de Lavigny, campant un portrait de
la résidence d'écrivain qui y a vu le jour
il y a juste dix ans, grâce à la Fondation
Ledig-Rowohlt.
Hommage
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Colette
Kowalski nous a quittés ce printemps. Traductrice
littéraire de haut vol, elle a donné une voix
française à de nombreux auteurs de langue
allemande. Elle était aussi une personnalité
très attachante. Iso Camartin l'évoque dans
un beau texte pour lequel nous le remercions. Marlyse Pietri
a également pris la plume pour rappeler le rôle
qu'elle a joué auprès des éditions
Zoé. Son discours de remerciement à l'occasion
de la réception du Prix lémanique de traduction
en 2000 et un large extrait du dossier que lui avait consacré
Feuxcroisés en 2002 permettent de s'approcher de
l'état d'esprit de Colette Kowalski dans son travail
littéraire.
Les Livres du mois
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Elsbeth
Pulver, Tagebuch mit Büchern. Un choix d'articles
écrits au fil des vingt dernières années
par Elsbeth Pulver, grande figure de la critique littéraire
en Suisse alémanique, présenté par
Beat Mazenauer.
(Page en allemand / Seite
auf deutsch)
Alexandre
Loye et Yves Berger, L'araignée jaune.
Une correpondance entre deux peintres en quête de
sens devient pensée commune. Avec un compte-rendu
signé Elisabeth Vust.
Thierry
Luterbacher, Quidam. Un roman de l'enfance perdue
et de la désillusion, présenté par
Guillaume Favre.
Valère
Novarina, Lumières du corps. Carole Wälti
commente pour le Culturactif le dernier livre d'une plume
à part dans l'univers du théâtre.
Pierre-Yves
Lador, Nénuphars. Quatre récits
d'eau dans une écriture déjantée. Pierre-Yves
Lador a répondu pour le Culturactif aux questions
de Janine Massard.
Grisélidis
Réal, Les Sphinx. Le magnifique dernier
volume de correspondance de la "putain révolutionnaire".
Avec un compte-rendu par Francesco Biamonte.
Et encore...
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... les rubriques habituelles mises à jour: Manifestations,
Editeurs, Auteurs, ... sur http://www.culturactif.ch
Page créée
le 16.06.06
Dernière mise à jour le 16.06.06
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