retour à la rubrique
retour page d'accueil


Bulletin décembre 2008

 

www.culturactif.ch
Site Internet du Service de Presse Suisse en faveur de la création, de la diffusion et des échanges littéraires

Editorial (fr)

Le 8 décembre 1938, à Nervi, en Ligurie, Friedrich Glauser, l'un des plus grands auteurs que la Suisse ait porté, quittait une vie tourmentée à un point presque inimaginable – entre vagabondages, arrestations, cinq tentatives de suicide, petits boulots, drogue, Légion étrangère, hospitalisation dans des institutions psychiatriques. L'oeuvre qu'il laisse voyage sur deux rails qui communiquent entre eux: l'autobiographie et le roman policier. Il ne laisse qu'une trace, unique, sans pareil, d'un seul tenant: un style calme, respectueux, conscient, et une humilité sincère qu'on ne saurait peut-ê tre trouver aujourd'hui. Du pathos – au sens le plus noble – de Gourrama et des récits où il raconte ses expériences vécues, souvent douloureuses et catastrophiques, jusqu'aux romans policiers où évolue le personnage désormais célèbre de l'inspecteur Studer, Glauser ne se départit jamais de sa lucidité ni de sa confiance en l'homme. À Stefan Brockhoff, qui venait de publier ses « dix commandements du roman policier », Glauser écrit : « Ce devrait être pour nous un devoir que de stimuler la réflexion et la méditation pendant la lecture, même avec nos très modestes moyens et nos très modestes forces. Croyez-moi, il vaut la peine de décevoir ceux qui après les dix premières pages ne feuillètent le livre jusqu'au bout que pour savoir le plus rapidement possible qui est l'assassin... » . Et l'homme, pour Glauser, est digne d'intérêt dans chacune de ses facettes, et indépendamment de sa condition : le besoin qui pousse l'auteur à représenter les humains en fait l'un des écrivains les plus sincères – et les plus profonds, les plus honnêtes – de notre histoire littéraire. Toujours dans sa réponse à Brockhoff, Glauser écrit : « Humaniser ! Faire de cette petite machine automatique un être humain. Et surtout ne pas idéaliser la machine pensante, le vieux renard, qui porte comme une fleur à sa boutonnière la solution de l'énigme. […] Il n'y a pas besoin qu'il soit habile et ingénieux. Il suffit qu'il fasse preuve de bon sens et sache se mettre dans la peau d'autrui. Mais surtout, il doit être proche de nous, et non pas flotter sur les cimes lointaines où après la pluie tout est sec et où tous les rasoirs coupent à la perfection. Il faut qu'il descende de son piédestal, le vieux renard ! Il doit réagir comme vous et moi. […] Pourquoi est-il toujours si bien vêtu ? Pourquoi a-t-il toujours assez d'argent ? Pourquoi ne se gratte-t-il pas quand ça lui démange, et pourquoi n'a-t-il pas l'air un peu bête, comme moi, quand il ne comprend pas quelque chose ? » . Souvenons-nous de Glauser 70 ans après sa mort. Sur les pages de ce mois, nous l'évoquons à travers un entretien avec sa traductrice italienne Gabriella de'Grandi , notre Invitée du mois; avec l'article de Beat Mazenauer sur les poèmes de Glauser, un volet de son oeuvre encore méconnu; et par un extrait de la dernière traduction italienne parue, Outsider . Pour nous, cela signifie aussi défendre les valeurs que ses textes ont exprimé, et expriment encore. Ce sont des valeurs qui peinent à rester en vie, mais auxquelles nous voulons continuer à croire avec force. Au fond, c'est notre époque qui a consacré Glauser – comme aussi Robert Walser. Voilà qui nous redonne du courage.

***

Editoriale (it)

L’8 dicembre del 1938 a Nervi, Liguria, dopo una vita travagliata e al limite dell’immaginabile (tra vagabondaggi, arresti, cinque tentativi di suicidio, lavori saltuari, droga, arruolamento nella Legione Straniera, ricoveri...), moriva Friedrich Glauser, uno dei più grandi scrittori che la Svizzera abbia avuto. Un’opera, quella glauseriana, che viaggia su due binari comunicanti, l’autobiografia e i romanzi polizieschi, ma che lascia un’impronta unica e inequivocabile (e inscindibile): uno stile pacato, rispettoso, consapevole e un’umiltà genuina che, forse, oggi come oggi, ci è sconosciuta. Dal pathos (nel senso più nobile) delle sue esperienze di vita spesso dolorose e catastrofiche, raccolte nei racconti e in Gourrama, ai romanzi polizieschi in cui si muove l’ormai celebre figura del Wachtmeister Studer, Glauser non abbandona mai la sua lucidità e la sua fiducia nell’uomo: «Stimolare la riflessione e la meditazione durante la lettura, anche con le nostre modestissime forze e i nostri modestissimi mezzi, dovrebbe essere per noi un dovere. Mi creda, vale la pena di deludere coloro che dopo le prime dieci pagine sfogliano il libro sino alla fine solo per sapere il più presto possibile chi è l’assassino...», suggerisce lo scrittore a Stefan Brockhoff, che aveva appena pubblicato i dieci comandamenti del romanzo poliziesco. E l’uomo, per Glauser, è degno di interesse in ogni sua sfaccettatura e indipendentemente dalla sua condizione: la necessità che lo spinge a rappresentarlo, quindi, fa di lui uno degli scrittori più sinceri - e più profondi e più onesti - della nostra storia letteraria. Ancora a Brockhoff, riguardo ai protagonisti dei romanzi polizieschi, Glauser scrive: «Umanizzare! Fare della macchinetta automatica un essere umano. E soprattutto non idealizzare più la macchina pensante, la vecchia volpe con il fiorellino della soluzione all’occhiello. [...] Non occorre che sia abile e ingegnoso. Basta che disponga di capacità d’immedesimazione e di un sano buon senso. Ma soprattutto: dobbiamo averlo vicino, e non vederlo aleggiare su quelle vette lontane dove dopo una pioggia resta asciutto e tutti i rasoi tagliano alla perfezione. Deve scendere dal suo piedistallo, la vecchia volpe! Deve reagire come lei e come me. [...] Perché è sempre vestito in modo inappuntabile? Perché ha sempre abbastanza quattrini? Perché non si gratta quando ha prurito, e perché non ha un’espressione un po’ tonta - come me - quando non capisce qualcosa?». Ricordare Glauser a 70 anni dalla sua scomparsa, dunque, e in questo aggiornamento di culturactif lo facciamo anche tramite la sua traduttrice italiana Gabriella de’Grandi (Invitée du mois), l’intervento di Beat Mazenauer e un estratto dall’ultima traduzione italiana (Livres du Mois), significa allo stesso tempo sostenere i valori che la sua letteratura ha espresso ed esprime. Valori che faticano a mantenersi vivi, ma valori in cui noi tutti vogliamo continuare a credere fortemente. In fondo, la stessa consacrazione di Glauser - come per Robert Walser - è arrivata in tempi recenti: non possiamo che esserne rincuorati.

Yari Bernasconi

***

Sommaire

L'invitée
--------------------------------------------------------------------------------

Gabriella de'Grandi a traduit plusieurs auteurs suisses. Parmi eux Friedrich Glauser, disparu il y a tout juste 70 ans prend une place particulière. Elle a parlé de cet auteur avec Yari Bernasconi.

Les Livres du mois
--------------------------------------------------------------------------------

Erika Burkart, Mouvement lent / Langsamer Satz. Françoise Delorme livre une critique attentive et vibrante de ce livre. Mouvement lent a été coédité par le Service de Presse Suisse, l'association responsable de Culturactif.ch.
(Article en français / Articolo in francese, riassunto in italiano / Seite auf frz mit deutscher Resümee)

Michaël Perruchoud, Les six rendez-vous d'Owen Saïd Markko. Anne Pitteloud dresse la critique de ce livre fantaisiste et attachant. (Article en français / Articolo in francese, riassunto in italiano / Seite auf frz mit deutscher Resümee)

Dominique de Rivaz, Douchinka. Brigitte Steudler commente ce premier livre de la réalisatrice.
(Article en français / Articolo in francese, riassunto in italiano / Seite auf frz mit deutscher Resümee)

Charles Lewinsky, Melnitz. Laurence de Coulon rend compte de ce roman de la mémoire, centré sur une famille juive de Suisse
(Article en français / Articolo in francese, riassunto in italiano / Seite auf frz mit deutscher Resümee)

Fabio Pusterla, Una goccia di splendore. Elena Jurissevich livre un compte-rendu de ce recueil d'articles sur l'école par le poète et essayiste tessinois.

Friedrich Glauser, Pfützen schrieien so laut ihr Licht. Friedrich Glauser, Man kann sehr schön mit Dir schweigen. Les poèmes de jeunesse inédits de Glauser d'une part, et ses lettres à son amie datant des mêmes années d'autre part, jettent une nouvelle lumière sur le parcours tortueux et douloureux de l'auteur. Beat Mazenauer en propose une approche nuancée.
(Seite auf deutsch mit französischer und italienischer Resümee / Article en allemand avec résumé en français et en italien / Articolo in tedesco, con riassunto in italiano e in francese)

Friedrich Glauser, Outsider. C'est le dernier titre de Glauser publié en italien. Quatre récits y sont rassemblés. Nous en présentons un extrait saisissant.
(Pagina in italiano / Page en italien / Seite auf italienisch)

 

Les inédits
--------------------------------------------------------------------------------

Mikhail Chichkine et Yves Laplace nous offrent des textes, dans le cadre de notre partenariat avec Le Courrier.

 

Et encore...
--------------------------------------------------------------------------------

... les rubriques habituelles mises à jour: Manifestations, Editeurs, Auteurs, ... sur http://www.culturactif.ch

 

Page créée le 16.12.08
Dernière mise à jour le 17.12.08

© "Le Culturactif Suisse" - "Le Service de Presse Suisse"