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A propos de la présence de la littérature à Expo 02

Par Anne Lavanchy

Certains auteurs trouvaient qu’il ne fallait pas y mettre les pieds. D’autres n’imaginaient pas une Expo nationale sans littérature. Finalement Pro Helvetia a décidé qu’il valait la peine d’assurer la présence de la littérature pendant les trois derniers week-ends du mois d’août sur l’Arteplage de Morat. Cette présence était décrite comme discrète par certains journalistes. Difficile, en effet, de rendre la littérature, qui est un art intime, audible et visible dans un tel contexte. Pro Helvetia et les deux associations d’écrivains, la Société Suisse des Ecrivaines et Ecrivains et le Groupe d’Olten, ont confié cette mission difficile à l’organisation lucernoise Zusammenstoss. Il s’agissait de rendre la littérature accessible à tous, sans pour autant la brader ou la dénaturer. Une difficile quête d’équilibre ! Et qu’un choix diversifié, allant des manifestations très classiques à des events tout à fait inédits, devait assurer. Des lectures bilingues réunissaient deux auteurs de langue nationale différente ; des croisières en pédalo permettaient d’écouter un acteur lisant des textes d’anthologie liés à la mer ; une soirée de Poetry Slam où des auteurs devaient emporter l’adhésion du public en six minutes en déclamant leur texte ; un bar sonore ; un week-end dédié à la bande dessinée ; des débats tels que : La philosophie peut-elle aider à vivre ? ou Le livre en quête de lecteur.

Les débats, pas forcément très ludiques, ont été suivis avec beaucoup d’attention, par un nombre important de visiteurs. Les lectures, qui avaient lieu dans des endroits fermés, en retrait de l’arteplage, ont été bien suivies, surtout quand elles réunissaient deux grandes dames comme Hanna Johansen et Yvette Z’Graggen.

Les formes plus ludiques ont aussi trouvé leur public. Notamment les lectures sur pédalo qualifiées par la NZZ de littérature pour analphabètes. Ce qui n’a pas empêché le public d’apprécier cette manière décontractée et inspirante d’être bercé par les flots et de se glisser dans les textes.

La soirée de Poetry Slam a éveillé la curiosité de nombreux visiteurs et la salle était comble, un succès qui en a étonné plus d’un !

De toutes les manifestations, c’est la nuit de la littérature qui a été la plus controversée. Quatre-cent spectateurs étaient au rendez-vous à l’intérieur du monolithe pour entendre des auteurs lire leurs textes et pour suivre les performances verbales de poètes sonores. Rares ont été les auteurs qui ont réussi à s’imposer face à un public si nombreux. Et les poètes sonores n’ont pas réussi à faire passer l’émotion.

Alors, la question reste ouverte, fallait-il vraiment que la littérature soit présente à Expo02 ? Cette question d’ailleurs peut aussi se poser de manière plus générale : la littérature peut-elle se compromettre dans des manifestations telles que lectures, débats et autres pour exister ? La réponse est oui, pour autant qu’il y ait une adéquation entre le type de performance et le contexte, ce qui n’a pas été le cas lors de la nuit de la littérature, justement.

Il ne faut pas mépriser les events. Ces manifestions sont l’occasion pour le public de resserrer le lien avec la littérature, de mettre un visage, un voix sur un auteur. Dans la masse indifférenciée des titres proposés cette rencontre est nécessaire et peut-être même salutaire. Car la rencontre ne s’arrêtera pas là. Les « vrais » lecteurs poursuivront ce premier contact en lisant le livre de cet écrivain dont ils se sentiront plus proches pour l’avoir rencontré une fois.

 

Page créée le 01.11.02
Dernière mise à jour le 01.11.02

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